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Atteindre 5% de SIE en favorisant la biodiversité

Pour toucher 100% du paiement vert annuel, il faut maintenir des Surfaces d’Intérêt Ecologiques dans les terres arables, sous différentes formes.

lll Certains exploitants ont du mal à atteindre les 5% attendus, pour différentes raisons :
- des successions de cultures d’hiver défavorables au semis d’une inter-culture,
- une période unique départementale de présence obligatoire des dérobées SIE, incompatible avec les diverses possibilités d’assolement à l’échelle d’une petite région,
- l’interdiction (depuis 2018) d’utiliser des produits phytosanitaires sur les cultures déclarées en SIE (plantes fixatrices d’azote), ainsi que sur les dérobées SIE pendant leur période de présence obligatoire,
- le fait que seules les haies entourant les surfaces de parcelles arables soient comptabilisables en SIE (et non celles sur prairies permanentes).

Transformer des contraintes règlementaires en atout pour son exploitation
On l’a constaté sur les couverts en inter-cultures : perçus en 2015 comme imposés et sans intérêt, ils font maintenant l’objet d’une réelle réflexion d’exploitants sur le choix des mélanges déclarés, dans le but de les valoriser en fourrage ou en préparation du sol pour la culture suivante. Un assolement se prépare longtemps à l’avance, l’occasion d’explorer des pistes pour de nouvelles pratiques éventuelles. Quelques exemples : les jachères dites mellifères sont éligibles à hauteur de 1,5 ha de SIE par ha si elles sont implantées avant le 15 avril et conservées au moins jusqu’au 15 octobre. Elles doivent se composer d’au moins 5 espèces d’une liste déterminée (dernière page de la notice explicative SIE, téléchargeable sur Télépac). Par exemple, 5 trèfles différents sont possibles, mais inéligibles en présence de ray-grass (les factures de semences seront à conserver). L’entretien est possible par fauche ou broyage, sans récolte du couvert, pendant la période du 15/04 au 15/10 (sauf la période de 40 jours définie par arrêté préfectoral). Le reste de l’année, la jachère est utilisable (pâturage ou fourrage).
Rémi Marc, situé en zone de plaine, témoigne : « De par ma rotation de cultures d’hiver, il m’était difficile d’implanter des couverts tout en respectant  la période de présence obligatoire. Depuis quelques années je réalise des jachères mellifères : pour mes 170 ha de terres arables, je n’ai besoin de consacrer que 6 ha à cette culture pour valider les SIE de toute mon exploitation.  J’ai facilement trouvé cette surface en bandes auprès de la route ou en séparation de cultures. J’ai implanté un mélange dont je rafraîchis une partie tous les ans. En plus, ce geste écologique améliore le rendement de mes cultures grâce aux auxiliaires (pollinisation, réduction des pucerons par les carabes…) et les passants sont contents de la vue sur mes parcelles ! » Les semis sous couverts (0,30 ha de SIE pour 1 ha) sont généralement des implantations d’herbe ou de légumineuses (trèfle/luzerne) sous le couvert d’une céréale. Une seule espèce suffit au semis  contrairement au couvert semé post récolte principale. Le couvert doit rester présent au moins 8 semaines après la récolte de la céréale, ou jusqu’au semis de la culture suivante. Ainsi, l’exploitant n’est pas soumis à la période unique obligatoire de présence du couvert semé post récolte (non adaptée à toutes les situations des exploitants). Le couvert est valorisable rapidement après récolte de la céréale et sera moins sensible à la sécheresse, il économise aussi un déchaumage.


Le semis peut être concomitant à la céréale, à la volée ou au semoir, perpendiculairement au sens de la céréale pour une meilleure couverture. Le semis peut être réalisé ultérieurement en cas d’implantation d’espèces sensibles au gel. Mais attention de combiner les bonnes doses et date de semis avec le stade d’évolution de la céréale, et attention à la rémanence des produits phytos déjà appliqués sur la parcelle. Aussi, ce mélange ne doit pas devenir la culture principale de l’année suivante. Il doit être détruit avant l’implantation de la culture suivante, faute de quoi, la valeur SIE serait remise en cause pour le paiement vert de la PAC.


Des haies contre la sécheresse
L’implantation et la gestion des haies (1 km valant 1 ha de SIE), concerne plus particulièrement les zones bocagères, mais peut être réhabilitée en zone de plaine. D’un point de vue agronomique, un maillage adéquat de haies permet de limiter à terme les risques d’inondation et de sécheresse, grâce au captage et la restitution d’eau par les racines. Aussi, leur effet brise vent et l’ombrage permettent une régulation des températures. Une biodiversité se met ainsi en place et peut favoriser la pollinisation des cultures.
Puisqu’il faut conserver ses haies (voir encadré), il est possible même d’en implanter de nouvelles, autour des parcelles de cultures si l’on veut les valoriser en SIE. La Région et le Département proposent des subventions pour une prise en charge de 80 à 100 % des coûts d’implantation, voire l’entretien les 2 premières années (l’aide régionale se combine avec les subventions de modernisation des exploitations). Pour l’entretien du linéaire de haies, il faut juste faire attention à la période d’interdiction de taille qui s’impose entre le 1er avril et le 31 juillet, sauf en cas de demande préalable pour des raisons de sécurité (branche cassée menaçant de tomber). Les linéaires de haie peuvent être une solution intéressante pour valider au moins une partie de la surface de SIE nécessaire.

Suppression/déplacement des haies : Attention

L’administration a référencé les haies inférieures à 10 m de large depuis 2015, dans le cadre de la PAC, afin de suivre leur évolution. Leur maintien obligatoire est contrôlé dans le cadre de la mesure BCAE7 de la Conditionnalité des aides. Les services de la Direction Départementale des Territoires doivent être informés avant suppression ou déplacement d’une (petite) partie du linéaire de l’exploitation. En effet, certaines haies peuvent également être soumises à d’autres classifications (Espaces boisés à conserver, sites classés ou inscrits, sites Natura 2000, périmètres de protection de captages d’eau potable). Avant toute intervention, il convient de vous informer et/ou demander une autorisation auprès de la mairie ou de la préfecture.

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