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Céréaliers et éleveurs du Calvados affichent ensemble leurs difficultés

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Calvados occupent le terrain médiatique. Les deux syndicats ont lancé une campagne d’affichage. La semaine dernière, ils ont aussi invité les journalistes sur la ferme laitière de Xavier et Romain Leroy. Installés à Campagnolles, les deux frères sont dans le rouge. Et cette année, les céréales ne leur donneront pas la bouffée d’air escomptée.

© VM

Quand Romain et Xavier Leroy se sont installés en mai 2014, les deux frères pensaient se montrer prudents, voire pessimistes. Ils ont ainsi construit leur projet avec un prix du lait à 310 €. « À l’époque, nous étions payés 400 € avec les primes «qualité», soit 365 € en prix de base », explique Xavier. Aujourd’hui, le prix du lait est tombé aux alentours de 265-270 €  pour 1 000 litres. Les deux jeunes éleveurs estiment le manque à gagner à 50 000 € par an. La FDSEA et les JA ont choisi cette ferme pour illustrer les difficultés du monde agricole. Il ne s’agit cependant que d’un exemple parmi tant d’autres. Pour tirer la sonnette d’alarme, les deux syndicats lancent également une campagne d’affichage dans les magasins et les lieux de passage. Romain et Xavier Leroy travaillent avec leurs parents. Les deux sites d’exploitation sont distants de 500 mètres. La conjoncture freine tous les projets des agriculteurs. Faute de capacité d’investissement suffisante, le travail sur l’exploitation ne peut être optimisé. Le troupeau du GAEC est donc réparti sur deux lieux avec deux sites de traites. «Pour l’instant, nous attendons. Nos projets stagnent », résume Xavier Leroy. Le tarif des vaches de réforme n’assainit pas la tension sur la trésorerie de l’exploitation. Les cours se situent péniblement aux alentours des 2,60 €/kg. Mais, les éleveurs de vaches allaitantes ne sont guère mieux lotis. « Il n’y a pas un atelier qui marche », souffle Cédric Mette, producteur de viande à Baulieu. « On nous dit que les consommateurs ne mangent plus de viandes issues de races à vocation bouchère et préfèrent le steak haché ».


Les céréales en crise

En 2015, le monde agricole parlait de crise de l’élevage. En 2016, les difficultés économiques se sont étendues à l’ensemble des filières. Les 50 hectares de cultures de l’exploitation ne compenseront pas. Les productions céréalières rejoignent donc les filières agricoles en crise. « Nous avons eu deux ou trois années correctes en termes de prix et de rendements. Cette année, nous allons perdre en moyenne 15 à 20 quintaux par hectare. L’année dernière, la France a produit 40 MT. Pour cette campagne, nous devrions être proches des 30 MT. Couplée à l’effet prix, cette mauvaise récolte se traduit par environ 300 €/ha en moins », explique Xavier Hay, secrétaire général de la FDSEA 14 et céréalier dans la plaine de Caen. Les cours du blé sont ainsi tombés à 145 €/tonne. « Sur notre exploitation, les grandes cultures n’apporteront pas cette trésorerie qui nous faisait habituellement du bien au mois d’août », insiste Romain Leroy.Après le plan de soutien de l’élevage obtenu l’été dernier, le tandem FDSEA/JA réclame ainsi un plan de soutien pour l’ensemble de l’agriculture. Les syndicalistes tentent de faire passer le message aux responsables politiques comme au grand public. Le gouvernement a, certes, fait un geste l’an passé.


Un plan de soutien pour toute l’agriculture

Mais, il ne suffit pas à sauver les exploitations. Cédric Mette image la situation. « Le PSE a permis à certaines fermes d’obtenir 4 000 €. Si on prend mon cas, les gens doivent comprendre que ça paye la facture d’aliment d’un mois. C’est une goutte d’eau ». Ces propos sont repris prudemment par Patrice Lepainteur, président de la FDSEA 14. « Certes, il s’agit d’une goutte d’eau. Mais, nous ne crachons pas dans la soupe.  L’agriculture a besoin de soutien. Derrière, les problèmes économiques et les chiffres, il y a une grande détresse. Il y a des hommes, des paysans qui souffrent. Nous souhaitons également une régulation de nos productions. Il y a d’ailleurs un consensus avec l’ensemble des syndicats agricoles sur ce sujet. Et comme le gouvernement ne peut pas agir directement sur les cours mondiaux, nous sollicitions un allègement de nos charges. Nous subissons actuellement un coût environnemental très élevé ». De son côté, Nicolas Declomesnil, président des Jeunes Agriculteurs, met en garde contre des solutions partielles. « Nous sommes favorables aux systèmes bio ou à la vente directe. Des créneaux sont à prendre. Mais, pas pour tout le monde. N’oublions pas que 85 % des fermes sont aujourd’hui conventionnelles ».

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