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Des agriculteurs bâtisseurs et un mur constructif devant la DDTM

Non loin de 200 manifestants, jeunes et aînés, ont monté un mur en parpaings le 19 août devant le DDTM à Alençon. Une action symbolique menée par des agriculteurs désireux de bâtir un avenir un peu plus serein à la ferme départementale et à tous les citoyens qui en dépendent.

"L'administration ne pourra pas dire que nous ne sommes pas constructifs". Et puisqu'il faut bien rendre à César ce qui lui appartient, rendons à Sylvain Delye (responsable de la section Environnement de la FDSEA) la paternité de ce bon mot. Et constructifs, les quelques 200 manifestants l'ont été dans le calme, brieffé préalablement (voir encadré), en construisant un mur dont chaque parpaing représentait un agriculteur. Un mur riche en symboles.

La symbolique du mur
La présidente de la FDSEA, Anne-Marie Denis, y a vu "le mur de l'interdit de continuer à être agriculteur. A chaque nouvelle contrainte, de nouvelles obligations en temps de travail, en stress, en argent... On subit une ligne d'interdits dans notre département en nous tirant une balle dans le pied à chaque fois pour nous empêcher d'avancer".
Derrière ce mur : des barbelés. "Un parc qui symbolise notre statut de prisonnier sur nos exploitations. Prisonnier de toutes ces normes. Et quand on parle de compétitivité dans les entreprises, il appartient bien à l'Etat français de stopper cet empilement de règlementations comme la dernière BCAE 7 décidée par le ministre de l'Agriculture", a commenté pour sa part Guillaume Larchevêque, président de JA.
D'autres y ont vu "le mur de la honte" d'une société nourrie par des agriculteurs obligés de quémander pour remplir leur assiette.
"Le mur des Lamentations", acte fort d'une contestation sans précédent dans les campagnes, "plus important qu'en 2009", de mémoire de syndicaliste.
Un mur enfin dressé devant la cité administrative requalifiée pour l'occasion "cité de la peur" illustrant un stress important dans la profession avec cette demande : "pas de revenus, pas de contrôles".

Alençon, Paris et Bruxelles
Ce énième mouvement de revendication devrait atteindre son point d'orgue à Paris le 3 septembre puis, à Bruxelles, le 7. Ce jour se tiendra un conseil européen des ministres de l'Agriculture et le syndicalisme ornais se dit prêt à organiser un bus, voire plus, pour faire entendre le son des cloches des vaches normandes, toutes races confondues.
En attendant, FDSEA et JA ne desserrent pas l'étau local et poursuivent leurs actions selon la stratégie des 7 familles qui consiste à cibler chaque semaine un acteur différent. La distribution sous toutes ses formes, c'est fait. La restauration hors foyer, c'est fait. Les élus locaux, c'est fait. L'administration, c'est fait. A qui le tour en semaine 39 ?
Les fruits de la colère
Cette politique des petits pas semble porter ses fruits. "Toutes ces actions ont abouti à une prise de conscience collective (politiques, élus, grand public...). Tout le monde reconnaît qu'il est grand temps de prendre en considération toutes les difficultés de l'agriculture et de l'élevage en particulier", insistent Anne-Marie Denis et Guillaume Larchevêque.
Bien sûr, le chemin à parcourir est encore long et semé d'embuches. "Ce que nous attendons, c'est plus que ce qui nous a été annoncé, défend le président de JA. On demande des prix certes mais on demande aussi de baisser les normes de toute nature pour baisser les charges qui pèsent sur nos exploitations. Ça, c'est du ressort de l'Etat français alors rendez-vous à Paris le 3 septembre. Mais le conseil européen des ministres de l'Agriculture a aussi sa part de responsabilité. Il doit en premier lieu reprendre des discussions par rapport à l'embargo russe pour pouvoir exporter là bas des produits européens. Alors rendez-vous le 7 septembre à Bruxelles". L'été a été chaud dans les tee-shirts et les maillots. La rentrée risque de l'être aussi à moins d'un miracle.

Maintenir la pression tout en évitant les débordements
Avant le top départ de ce 8ème épisode de mécontentement, Anne-Marie Denis et Guillaume Larchevêque ont tenu un même discours de pondération. "Nous pouvons être fiers de nous. Depuis le début de la saison, chaque action s'est passée raisonnablement ce qui nous a permis d'obtenir des avancées inédites dans les autres départements. Ça ne va pas assez vite, c'est vrai, mais nous avançons à petits pas et c'est dans cet état d'esprit qu'il faut continuer. Si à un moment on commet une erreur, si on va trop loin, on risque de se faire bouler. Nos messages ne passeront plus. La colère est mauvaise conseillère". Et de fait. Ambiance bon enfant le 19 août dernier et aucun uniforme en vue. Il y a peut-être de ça aussi...

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