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Des hauts, des bas et Teba

Manuel Pringault a connu des hauts et des bas. Apprenti boucher dès 16 ans, il devient, quelques années plus tard, patron d’une PME de découpe de viande de plus de 300 salariés. Le passage aux 35 heures lui mine cependant son quotidien. «Trop compliqué à gérer ! » Il revend son affaire. Mais entrepreneur dans l’âme, il fonde TEBA autour de concepts novateurs. Débuts difficiles et premières années déficitaires pour enfin décrocher un trophée de l’Espoir de l’Economie puis un trophée de l’Agroalimentaire. Saga d’une entreprise qui compte aujourd’hui non loin d’une centaine de salariés.

Aux fourneaux de la cantine de l’entreprise, Manuel Pringault cuisine lui-même sa viande. Il s’agit ce jour-là de séduire les papilles gustatives d’une délégation japonaise venue mesurer le savoir-faire de Teba en matière équine. Du développement en perspective pour la Ferme régionale...
Aux fourneaux de la cantine de l’entreprise, Manuel Pringault cuisine lui-même sa viande. Il s’agit ce jour-là de séduire les papilles gustatives d’une délégation japonaise venue mesurer le savoir-faire de Teba en matière équine. Du développement en perspective pour la Ferme régionale...
© TG

Décembre 2002, Manuel Pringault ouvre au grand public les portes de son entreprise. «Je veux réduire les intermédiaires et surtout que les éleveurs puissent trouver un débouché local pour leurs animaux. Je rétablis une filière de proximité telle qu’elle existait auparavant avec une différence,  la préparation de produits comme le steak haché», clame-t-il à qui veut bien l’entendre. «Mon objectif est d’apporter encore plus de valeur ajoutée au travail des éleveurs en allant le plus loin possible dans le produit fini.»

Du statut d’apprenti à celui de chef d’entreprise
Fils de boucher et apprenti dès l’âge de 16 ans dans l’entreprise familiale, Manuel va explorer tous les métiers de la viande, de l’abattage à la découpe, en passant par la transformation et la préparation de plats cuisinés.  Gros travailleur et entrepreneur dans l’âme, il va très vite grimper les échelons et développer ses affaires au point de devenir patron d’une PME,Techni Desoss, basée dans l’Orne. 10 M€ de chiffre d’affaires et plus de 300 salariés... Tout allait dans le meilleur des mondes jusqu’au passage aux 35 heures qui casse sa «dynamique. La gestion du temps de travail est alors devenue un vrai casse-tête». Manuel Pringault décide alors de vendre son entreprise pour souffler un peu. Mais on ne se refait pas. Epaulé par un éleveur vendéen, il crée en 2002 TEBA (Tradition Et Bio Associés) qu’il adosse à l’abattoir de Parigny (50). «Je suis un constructeur d’idées. Mon concept était d’assurer pour le compte des éleveurs le transfert d’animaux vivants, l’abattage, la découpe, le conditionnement et la livraison». Bœufs, veaux, porcs et agneaux sont concernés mais tous les défis sont relevés. Des bisons vont passer entre ses mains expertes.

Des débuts difficiles
L’entreprise ouvre ses portes avec 5 employés, 18 sont prévus en 2003. Mais les débuts sont difficiles. Teba transforme 150 bovins par mois pour 60 tonnes de viande. «Il nous en faudrait 80 T pour équilibrer les comptes». Alors Manuel Pringault va multiplier la communication et les innovations. Saucisse pur bœuf, humide ou sèche, cheveux d’ange, merguez, saucisson... Il anoblit le quartier avant. «Tout est bon dans le cochon mais il y a du neuf dans le bœuf», tente-t-il de convaincre à l’époque. «Nous apportons une plus-value de 30 à 50 % à l’éleveur tout en réduisant le prix payé par le consommateur de 20 %.»
L’aventure se poursuit mais les objectifs ne sont toujours pas atteints en 2004. «Nous comptabilisons 350 clients alors qu’il nous en faudrait 600. Les éleveurs avec lesquels nous travaillons et qui se situent dans un rayon de 30 km autour de l’entreprise ne représentent que 10 % de notre chiffre d’affaires. Les 90 % restants se font hors zone», regrette notre entrepreneur. En fait, l’activité de Teba dépend fortement aussi des cours de la viande. Ils montent, Teba trinque. Ils baissent, Teba s’active.

Trophée de l’espoir de l’économie
Mais à force de persuasion et avec une bonne dose d’abnégation, l’essai va être transformé. En 2005, Teba est primée par la Chambre de Commerce de la Manche à travers le Trophée de l’Espoir de l’Economie. «On était déjà connu, maintenant on est reconnu», sourit Manuel. Alors la saga va s’accélérer. Teba Pail, petit frère mayennais, sort de terre à Pré-en-Pail (53). ASH (Abattage Saint-Hilaire) voit le jour. Un point de distribution «Carnassier» ouvre dans l’enseigne Aldi à St-Lô. Le dernier maillon de la chaine s’installe à Domfront. Teba Traiteur cuisine 20 recettes différentes sur 400 m2.
Toutes ces initiatives ne seront pas couronnées de succès. Manuel Pringault va boire quelques bouillons mais il ressort toujours plus fort de ses échecs. Il sait rectifier un tir mais veut toujours conserver un train d’avance.
Pour se démarquer, il propose côté bœuf, des tripes, du bourguignon, de la carbonade, des rillettes, du jambon, des lardons, des pepperonis avec des DLC (Date Limite de Consommation) poussées à 35 jours et des plats micro-ondables. En 2013, il s’ouvre aux surgelés et crée quelque temps plus tard un égrainé de bœuf. «Un procédé qui repose sur  la séparation des graisses, de l’eau et des fibres lors de la cuisson».
Tout un savoir-faire reconnu par les professionnels de la viande au point que Teba accueille, en septembre 2014, le congrès annuel de la FNEAP (Fédération Nationale des Exploitants d’Abattoirs Prestataires de services). Les humoristes Guy Montagné et Sylvie Raboutet viendront clore les festivités. 

Du hamburger manchois...
Dans le back-office de l’entreprise, de nouveaux services moins ostentatoires jouent aussi un rôle majeur. C’est le cas de l’unité de chimie, qualifiée COFRAC (toutes les normes Iso) sortie de l’éprouvette en mars 2014 et qui va mettre en confiance de grandes enseignes telles Frial ou bien encore les surgelés Picard.
Côté table, c’est une grande chaine de restauration rapide «Buffalo Burger» qui adopte les hamburgers Teba. «Une pièce de viande facile à snacker comme une pièce de viande crue mais elle a déjà été cuite auparavant pendant 7 heures à 60oC».
Pour le particulier, Manuel Pringault «deale» avec Thierry Potier (gérant de Capa Diffusion) à «La table des éleveurs» pour pénétrer le e.commerce. Son objectif : «rendre la viande de qualité accessible à tous».

Au cheval nippon
L’heure n’est pas au bilan mais notre baroudeur de la viande évoque à demi-mot le futur. «Je veux que mon entreprise soit suffisamment solide pour durer lorsque je prendrai ma retraite». En attendant, Teba innove encore avec l’huile de bœuf à destination du secteur parapétrolier, avec Energy By Teba, riche en protéines, pauvre en matières grasses pour les sportifs et les «régimeux», avec une e.shop (www.groupe-teba.com) aux 400 visiteurs par jour...
Manuel Pringault est également un grand voyageur avide de cultures et de paysages nouveaux. Dans le ciel français d’abord au manche de son autogire ou de son ULM. Au-delà des mers et des océans aussi. Pendant 3 ans, il s’est dédoublé avec l’Irlande où il a noué des partenariats. En Californie, il devient «biker» pour se vider l’esprit. Il est consultant également pour le compte de consortium sur de gros projets d’unité d’abattage au Maghreb et en Afrique noire.
En test et à venir dans les prochains mois, une filière cheval (nés et élevés en France, abattus, découpés et conditionnés à Parigny) pour le marché japonnais.
Et de penser encore et toujours aux éleveurs, «il y a pour eux de la plus-value à capter», affirme-t-il en saisissant un steak haché Teba sur la cuisinière de la cantine de l’entreprise où il déjeune presque tous les midis au milieu de ses salariés. Il s’agit de séduire les papilles gustatives de la délégation nippone venue mesurer la capacité de l’outil manchois à répondre au cahier des charges drastique du pays soleil levant...

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