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FDSEA 14 : Hélène Destigny mise sur le collectif

lll Née loin du monde agricole, rien ne prédisposait Hélène Destigny à une vie à la ferme. Mais elle a rencontré Jean-Louis. Il est devenu son mari, et le père de ses deux enfants, Agathe et Quentin. Elle a alors épousé le métier, et les vaches laitières qui vont avec. Aujourd’hui, avec la FDSEA, elle défend sa profession, énergiquement et inlassablement. Rencontre avec un petit bout de femme aussi souriante que courageuse et combative.

Hélène Destigny s’investit également dans sa commune où elle est adjointe au maire.
Hélène Destigny s’investit également dans sa commune où elle est adjointe au maire.
© SL

>>  Pourquoi être syndiqué à la FDSEA du Calvados ?
Je me suis installée en 1999 en Gaec avec mon mari et ma belle-mère. Nous avions alors une soixantaine de Prim’holstein. Petit à petit, des opportunités se sont présentées et la ferme a beaucoup évolué. Ma belle-mère est partie en retraite, et nous avons dû nous restructurer. Cela n’a pas toujours été facile, et nous nous sommes heurtés à de nombreuses difficultés. Nous nous sommes aperçus que nous avions besoin d’être soutenus en cas de pépins. Je me suis donc tournée vers les syndicats. Et j’ai aimé rencontrer des personnes de la profession, connaître des gens, parler des problèmes… Nous apprenons ainsi plein de choses. Et la crise laitière m’a vraiment persuadé de l’importance de s’unir. On doit se battre, tous ensemble, dans la même direction. J’aime lorsque nous arrivons à obtenir des résultats et des avancées !

>>  Vous ne venez pas du monde agricole. Pourtant, aujourd’hui, vous êtes fortement impliqué dans de nombreuses associations agricoles.
Je ne me destinais en effet pas à devenir agricultrice, mais plutôt institutrice. Mais je ne regrette pas. C’est cependant difficile de rester dans sa ferme, un peu isolée. Et surtout de travailler tant pour si peu. Je suis sociable, j’aime le contact. M’investir en tant que présidente du service de remplacement, être élue à la chambre d’agriculture ou présidente de région Cerfrance… me permet de voir autre chose tout en défendant les intérêts des agriculteurs. C’est parfois difficile de jongler avec toutes ces casquettes, et mes journées sont trop courtes, mais c’est important !

>> À l’heure actuelle, quel est votre principal combat ?
La juste rémunération ! Je suis bien sûr davantage impliquée dans la rémunération du lait, mais je plaide également pour la viande et pour tous les agriculteurs. Les producteurs doivent vendre leurs produits à leur juste valeur. Quand nous voyons une telle différence de prix du lait entre les laiteries, c’est hallucinant et incompréhensible !
Il faudrait un prix à l’année correct sans trop de variabilité. Et, pour répondre et se défendre contre les grands groupes, je crois au collectif. Nous devons développer les groupements d’achat comme pour le fioul. Pourquoi ne pas l’étendre aux aliments, au matériel… Cela permettrait de se dégager une meilleure marge. Il faut acheter et vendre au juste prix ! Et s’unir pour pouvoir lutter.

>> Quelles sont les méthodes pour se faire entendre ?
Je ne crois pas aux actions qui nuisent à notre image. À l’heure actuelle, nous avons besoin du soutien de l’opinion publique. C’est important d’expliquer nos problématiques, par exemple, lors d’une opération dans un supermarché. Je crois que les gens prennent conscience, petit à petit, de l’importance de bien consommer et de consommer français. Je ne suis pas sûre que cela fasse bouger les politiques. Mais, c’est un début. Il faut ensuite que cela se répercute sur les prix. Il n’y a pas de miracle. C’est long et laborieux.
Il ne faut pas lâcher. Et pour se faire entendre, il faut avant tout être nombreux et solidaires. J’ai malheureusement l’impression que les agriculteurs se mobilisent de moins en moins et restent davantage avec leurs problèmes, dans leur ferme. Est-ce de l’écœurement, de la lassitude, un sentiment d’impuissance ? Je ne sais pas, mais je ne pense pas que ce soit la solution. Au contraire, l’union fait la force !

>> Comment voyez-vous l’avenir de l’agriculture ?
Quand mon fils a décidé de s’installer avec nous en décembre dernier, je me suis dit « nouvelle étape, soyons notre optimisme ! » (rires) Je suis sûre qu’il y aura toujours besoin de producteurs, mais c’est énormément de sacrifices, d’heures de labeur pour si peu de salaire ! Aujourd’hui, il faut essayer de créer des outils rentables pour réussir. Nous avons un troupeau de 195 vaches, 200 hectares et 1,870 million de lait. Comment fera-t-il quand nous partirons à notre tour en retraite ? Il faut que ces conditions de travail changent ! Qu’on puisse vivre décemment, avec un bel outil de travail et avoir une production justement rémunérer en face ! Je m’attèle à faire bouger les choses, mais je n’ai pas la recette miracle !

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