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Groupe DEPHY : nouveaux challenges avec Ecophyto 2

Après 5 ans, le groupe Dephy animé par la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime franchit une nouvelle étape et se diversifie.

Emmanuel ROCH, Polyculteur-éleveur à Sainte-Beuve-en-Rivière en Pays de Bray (76).
Emmanuel ROCH, Polyculteur-éleveur à Sainte-Beuve-en-Rivière en Pays de Bray (76).
© Vincent Courteaud

Initialement constitué de 8 agriculteurs en 2012, très orientés vers l’optimisation et le raisonnement des traitements phytosanitaires, le groupe Dephy de la Chambre d’agriculture regroupe aujourd’hui 14 agriculteurs et propose une feuille de route ambitieuse. 
Le groupe Dephy, dans ses premières années, est essentiellement composé d’exploitations de grandes cultures avec cultures industrielles.Depuis 2012, les réflexions des agriculteurs ont beaucoup porté sur le raisonnement des applications (seuils de nuisibilité, appréhension des cycles et impacts des bioagresseurs) et l’efficacité de ses applications, notamment les réductions de doses possibles en bas volume...
Les systèmes avec cultures industrielles et les engagements professionnels importants de certains membres du groupe ont rendu plus difficiles les démarches de changements. Mais les progrès de certains montrent que réduire ses consommations en phytosanitaires, c’est possible, à l’image de l’EARL Maillard. Le graphique 1 montre en effet une baisse tendancielle, concernant surtout les postes Hors Herbicides (HH),  et une adaptation à l’année, très favorable en 2013.

Jusqu’à 40 % de fongicides en moins
L’analyse de ces années montre que l’engagement et l’envie d’aller toujours de l’avant font toute la différence ! A la question « comment réduire l’usage des phytosanitaires ? », mieux raisonner ses traitements et les rendre plus efficaces représentent effectivement une partie des réponses,  en particulier pour certains systèmes très contraints avec de la pomme de terre. Mais  cela n’est pas suffisant pour construire un système robuste et moins dépendant, et surtout pour gérer durablement le désherbage.
Toutefois les formations et les séances de travail collectives ont permis de créer une émulation de groupe, de prendre du recul et d’engager des réflexions à l’échelle du système de cultures. Aujourd’hui, les agriculteurs du groupe se posent des questions plus larges et revoient leurs choix culturaux pour aller plus loin.

Pérenniser la fertilité de ses sols
Le réengagement du groupe en 2016 fut l’occasion de remobiliser les volontés, d’inclure de nouveaux agriculteurs et de nouveaux projets. Plus d’élevage, des nombreuses cultures avec des couverts multi-espèces, des mélanges plus généralisés (d’espèces et de variétés) et un travail du sol réduits. Une orientation nette vers l’agriculture de conservation s’inscrit dans le projet global du collectif. Et puisque les postes insecticides et fongicides sont souvent déjà bien réduits, le défi majeur est alors de concilier agriculture de conservation et gestion des herbicides, notamment l’utilisation du glyphosate.
La nouvelle feuille de route du groupe, co-construite en 2016 pour 5 ans, est donc résolument ambitieuse. La double performance économique et environnementale domine au travers de la préservation des sols (travail réduit, couverts, semis sous couverts), des itinéraires culturaux repensés (génétiques, semis, mélanges), de solutions alternatives (désherbage mécanique, produits naturels et biocontrôle.). Tout cela sans oublier de poursuivre et de consolider l’efficacité et la maîtrise des applications.
Le travail le plus complexe porte sur la réduction des traitements herbicides, en particulier en systèmes simplifiés. Cela représente un enjeu fort sur la qualité des eaux. Aujourd’hui, pour relever ces challenges ambitieux, avec près de 30 % de baisse moyenne et parfois 50 %, le groupe doit favoriser l’échange bienveillant et la convivialité pour profiter à plein des innovations et avancés de chacun. C’est une agréable surprise de voir de nouveaux engagés plein de projets, toujours en veille et en mouvements, investis et ayant déjà  avancé sur leurs systèmes ! L’expérience du groupe et des plus motivés qui se réengagent,  enrichie de nouveaux agriculteurs en mouvement, permet d’espérer réussir de belles choses !

Témoignage

Emmanuel ROCH, Polyculteur-éleveur à Sainte-Beuve-en-Rivière en Pays de Bray (76)

Emmanuel ROCH est installé depuis 2011 sur la ferme familiale, avec 100 ha en cultures et 70 vaches laitières.  Président de son GDA et résolument tourné vers le changement, il a souhaité rejoindre le groupe Dephy en 2017 pour enrichir ses réflexions et avancer vers une agriculture de conservation économe en phytosanitaires !

Quels sont vos objectifs d’exploitation ?
« Je cherche à diminuer au maximum mon empreinte sur l’environnement, tout en maintenant un bon niveau de production. Je peux accepter une baisse de rendement non préjudiciable à ma marge, ce qui demande de trouver un bon équilibre entre mes intrants et mon résultat. En particulier, j’espère baisser du tiers ou de moitié mes consommations herbicides, car j’ai déjà fait du chemin sur les autres postes. L’important pour moi c’est de préserver mes sols et leur biodiversité. Les fongicides et insecticides sont nocifs pour la faune du sol ; c’est l’une des raisons fortes qui me poussent à développer l’agriculture de conservation.
J’ai réduit le travail du sol et introduit des couverts pour amender mes cultures, structurer mes sols et avoir un effet moyen-long terme. Je mets aussi en place une succession culturale diversifiée en céréales, colza, légumineuses fourragères en cultures, couverts et dérobées. Je choisis toujours des variétés résistantes en céréales, je mélanges mes variétés de blés, et raisonne mes applications en bas volume avec réductions de doses de fongicides surtout.


Selon vous, quels sont les freins à la réduction  des phytosanitaires ?
Aujourd’hui, La réduction des herbicides reste le plus compliqué. Avoir des méthodes alternatives simples et rapides pour gérer sont désherbage en cas de soucis serait vraiment un plus. 
Je teste par exemple le binage régulièrement, mais cette technique reste plus complexe que l’utilisation d’un glyphosate. De plus, les aides à l’investissement de matériel son souvent très ciblées sur du matériel spécifique et pas toujours innovant. Cela nécessite de constituer un dossier de demande durant les périodes de fortes activités avec des délais de réponse souvent très courts.

Pourquoi avoir rejoint un groupe DEPHY ?
Le groupe DEPHY de la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime peut justement me permettre d’avancer en répondant aux questions que je me pose et ainsi lever certains blocages. L’un des avantages forts, c’est de pouvoir partager les expériences en groupe, bonnes comme mauvaises, et d’échanger sur des techniques en profitant des atouts de chacun. J’apprécie aussi les temps de formations, comme ceux initiés en début d’année 2017, car cela permet une prise de recul intéressante.

Quelles perspectives pour aller plus loin ?
J’ai quelques pistes de réflexion, comme la récupération des menues pailles, l’acquisition d’une écimeuse… mais cela ne règlerait pas tout car ce ne sont que des solutions partielles.

Pourquoi ne pas également  introduire une nouvelle culture ?
C’est une piste pour la gestion du désherbage, et notamment de certaines vivaces…
Pour le moment, rien n’est figé. Je compte justement sur les différentes rencontres en groupe ou au-delà pour alimenter mes réflexions et ouvrir les champs du possible.

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