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Itinéraire technique des céréales : où sont les vraies économies ?

Suite à la mauvaise récolte 2016, et à ses impacts économiques sur la trésorerie des exploitations, certains producteurs vont chercher à limiter au maximum leurs dépenses d’intrants. Mais attention à ne pas compromettre le potentiel de production ! Quelles sont les postes d’économies possibles et les erreurs à ne pas faire ?

La probabilité que 2017 connaisse le même scénario climatique extrême est faible. Il pourrait être dangereux de changer subitement de fond en comble ses pratiques. Pour autant, cet épisode mémorable révèle l’intérêt que présentent certaines stratégies.

Diversifier les conditions de culture pour amortir les effets des aléas climatiques
C’est une affaire de bon sens et une forme d’assurance en soi que de répartir les risques en diversifiant ses cultures et ses pratiques. Certes, cela n’aurait pas permis de sortir indemne de la campagne 2015-2016 mais cela aurait atténué quelques impacts, essentiellement par effet d’évitement partiel.
En 2017, et dans les campagnes suivantes, il est possible que des aléas climatiques de nature totalement différente interviennent. Les analyses sur le passé climatique récent montrent, en lien avec le réchauffement climatique, que la fréquence d’évènements extrêmes augmente. De fait, la diversité des conditions de culture semble donc de plus en plus pertinente et peut se traduire par:
- la conduite d’un « bouquet » de variétés aux profils différents tout en restant dans une gamme de précocité compatible avec les caractéristiques pédoclimatiques de la région ;
- des dates de semis échelonnées autant que faire se peut. Il est toujours difficile de choisir la date de semis car cela dépend avant tout des conditions climatiques du moment et de l’humidité du sol dont le statut est difficilement prévisible. Il faut éviter cependant de semer une variété précoce trop tôt. En cas d’hiver particulièrement doux cette pratique pourrait entrainer une montaison précoce et, par la suite, des risques de gel d’épis dont le préjudice est un des plus importants.
A l’inverse, il faut éviter de semer une variété tardive trop tard. Dans ce cas, c’est l’exposition à des stress hydriques et thermiques de fin de cycle qui pourrait devenir le principal facteur limitant.
Des tables de dates de semis optimum par type de précocité et par région, sont diffusées dans les publications « Choisir et Décider », téléchargeables sur la page d'accueil du site Arvalis-Infos.

Attention aux fausses économies
Pas d’impasse sur le désherbage
Les adventices sont des compétiteurs redoutables pour les cultures dont la nuisibilité peut s’exercer pendant plusieurs années si elles ont le temps de grainer dans la parcelle. Or, depuis quelques années, le salissement des parcelles, en lien avec le développement de résistances aux herbicides, est en augmentation. Il est donc primordial de réussir le désherbage des cultures pour préserver leur potentiel de production et la fertilité à long terme de la parcelle.
En présence d’adventices et notamment de graminées dans les parcelles en 2016, privilégiez les faux-semis en interculture pour épuiser le stock grainier. Si la pression était très forte et que vous envisagez une autre culture d’hiver, il est possible de retarder le semis d’une dizaine de jours pour limiter la pression l’année suivante.
En semis précoce à intermédiaire, penser au désherbage précoce dès 3 feuilles pour lever tot la concurrence des adventices. Ce sont des économies sur le désherbage en sortie d’hiver et des quintaux gagnés à la récolte.

Analyser le reliquat d’azote dans le sol en sortie d’hiver
Dans une première approche, on serait tenté de faire des économies sur les analyses de sol, mais en ce qui concerne l’azote, des économies substantielles peuvent être faites si le reliquat à la sortie de l’hiver est plus élevé que d’habitude. Cet azote dans le sol, sous forme minérale est disponible pour la plante dès que les besoins augmentent. Il est donc à soustraire de la dose d’azote à apporter. Parfois, le niveau de reliquat est tel que le premier apport peut être supprimé.

Des économies temporaires possibles
Certains intrants ont un impact sur le long terme mais pas forcément sur les résultats de la campagne en cours. C’est le cas des amendements et de la fumure de fond mais dans certaines conditions uniquement.

Différer le chaulage d’entretien
Dans les sols légèrement acides ou proches de la neutralité, Le chaulage a pour objectif d’entretenir le pH. Il est possible de différer cette opération l’année suivante sans conséquence majeure sur le rendement. S’il n’est pas différé, le choix d’un amendement calcaire cru est en général satisfaisant sur le plan agronomique et aussi moins cher que celui de produits à base de chaux.
En revanche sur des sols très acides, le chaulage de redressement garde tout son sens pour préserver le potentiel de production.

Une impasse PK possible mais sous condition
La gestion de la fumure de fond se raisonne généralement sur le moyen long terme et bien sûr selon la richesse des sols, le passé récent de fertilisation et l’exigence de la culture. Le blé tendre assolé est peu exigent en P et en K. Aussi dans les sols bien pourvus, régulièrement fertilisés, il est possible de réaliser une impasse raisonnée qui ne mettra pas en péril la culture tout en permettant une économie. Il faut cependant reconnaitre que les pratiques de fertilisation ont beaucoup évolué au cours des dernières années, plutôt dans le sens d’une économie de P et de K sur cultures peu exigeantes. Dans ce cas les économies supplémentaires ne sont évidemment pas nombreuses.

Semences de ferme : une vigilance accrue cette année
En France, la proportion semences de ferme/semences certifiées est à peu près 50/50 pour les céréales à paille. Bien que la semence de ferme soit la moins chère, encore faut-il disposer des bonnes variétés, être équipé pour la trier et la traiter, avoir le temps de s’occuper de ce chantier. Rappelons également que les variétés nouvellement inscrites, donc certifiées, sont « porteuses » de progrès génétique.
Si le choix de semences de ferme est fait alors il convient, particulièrement cette année, de porter attention à trois points :
- bien trier le lot de grains pour retirer un maximum d’impuretés, de grains mal remplis, potentiellement porteurs de champignons pathogènes ;
- choisir un traitement fongicide efficace contre les fontes de semis provoquées par des champignons du groupe fusarium ;
- faire un test de germination avant de régler le semoir en conséquence.

Densité de semis, la chasse au gaspillage
Les enquêtes sur les pratiques des agriculteurs montrent une tendance à surévaluer la densité de semis. En conditions optimales, 250 grains par m2, quelle que soit la variété, permet d’atteindre le potentiel. Avec un lot à 40 g de PMG cela représente 100 kg/ha de semence. Bien sûr cette quantité de base doit être adaptée en fonction des conditions propres à la parcelle : date de semis tardive, cailloux, hydromorphie, préparation motteuse… Consultez l'outil d’aide à la décision gratuit « Calcul de la densité de semis optimale ».

Risque JNO : traiter les semences ou non ?
Une protection avec un traitement de semences à base d’imidaclopride reste conseillée pour les semis précoces d’orge d’hiver et de blé d’hiver. En revanche pour les semis en période normale ou tardive, notamment pour le blé, il est possible de faire l’économie du traitement de semence insecticide en misant sur le faible risque d’attaque en année normale.
Si le choix de l’économie est fait, il faudra cependant surveiller la culture de près pendant l’automne puis l’hiver surtout si celui est doux afin d’intervenir avec des insecticides foliaires.

Fractionner les apports d’azote jusqu’à début épiaison
Le fractionnement de la fertilisation azotée a fait ses preuves et d’ailleurs les enquêtes sur les pratiques montrent que la majorité des agriculteurs fractionnent l’engrais azoté en 3 ou 4 apports pour être en phase avec les besoins de la culture. Le niveau du dernier apport peut être précisé avec un outil de pilotage et peut parfois générer des économies. En revanche on constate souvent une certaine impatience pour l’appliquer alors que l’apport jusqu’à début épiaison, voire parfois au-delà, est encore possible, entrainant une meilleure utilisation de l’engrais avec un impact positif sur la teneur en protéines.

Maladies : des outils pour intervenir au bon moment
Le Baromètre des maladies du blé, en accès libre sur le site, permet de calculer le risque lié aux maladies fongiques en intégrant les paramètres climatiques à venir et les conditions de culture.
Basé sur des informations agronomiques et climatologiques, il calcule instantanément un niveau de risque sur 7 jours pour 5 maladies : piétin verse, septoriose, rouille jaune, rouille brune et fusariose des épis. Calculés grâce à des modèles agro-climatiques, les risques indiquent le développement probable de chaque maladie pour permettre de déclencher les traitements de façon optimale.
Ce type d’OAD est d’autant plus rentable que la pression de maladie est faible car il peut faire économiser des traitements initialement prévus.
ARVALIS vous proposera une série de fiches tout au long de la campagne pour aller plus en détails sur chacun de ces points.

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