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Le bois raméal fragmenté (BRF) : une autre valorisation pour les petits bois issus des haies

La technique du « Bois Raméal Fragmenté » consiste à utiliser le bois de taille des haies comme un amendement et un engrais sur les sols agricoles.

Cette technique vient du Québec. L’idée était de valoriser des sous-produits forestiers en agriculture. Dès les premiers essais, dans les années 1970, les résultats étaient démonstratifs : protection des sols et résistance à la sécheresse avec amélioration de la réserve utile en eau , gain de rendement, amélioration de la résistance des plantes aux maladies et aux parasites, diminution de la concurrence des adventices. Depuis, les recherches (1) et la mise en ½uvre par des agriculteurs ont confirmé ces résultats.

Le petit bois issu de « l’entretien » des haies est peu calorifique pour l’énergie, par contre ses propriétés sont intéressantes pour une utilisation en BRF
Les rameaux issus de la taille des haies peuvent être réduits en « plaquettes » (bois-énergie) ou en rameaux courts pour être utilisés en complément du compost de l’exploitation. Les résidus de taille dont il est question sont bien des rameaux fins d’un diamètre inférieur à 7 cm. Ces rameaux sont riches en chlorophylle. Ils apportent beaucoup d’azote et des matières carbonées. L’azote provient des parties vertes et le carbone provient du bois lignifié. Les petits bois issus des haies feuillues sont excellents pour un compost avec un rapport C/N de l’ordre de 50. La composition détermine un phénomène temporaire de faim d’azote, car les microorganismes ont besoin d’utiliser de l’azote pour ramener le produit final à un C/N de 10. Compte tenu de ce phénomène nos agronomes recommandent d’utiliser un vrai BRF, (peu ligneux) ou d’épandre sur des légumineuses ou alors, bien en amont de l’implantation dans le cas d’une culture non autonome en azote. Comme pour tout compost, la réduction par broyage des résidus doit être grossière pour éviter l’asphyxie.

La mise en place d’un BRF sur les parcelles entraîne un processus d’humification de type forestier qui protège comme un paillage et améliore le sol
Le processus d’humification est identique à celui d’un « mull » forestier. Pour ce faire, en automne-hiver, le BRF « frais » composé de bois encore vivant, riche en sucres, protéines celluloses et lignine, est étalé sur le sol en couche de 2 cm. Il peut aussi être incorporé au sol, mais de façon très superficielle pour rester dans l’horizon aéré (à moins de 10 cm), car les organismes qui le transforment ont besoin d’oxygène. Des rechargements sont possibles tous les 3- 4 ans en étalant le BRF sur 1 cm d’épaisseur.

Trois étapes dans le fonctionnement d’un BRF
1re étape la décomposition progressive des plaquettes par les champignons
La décomposition des éléments non ligneux se fait en quelques mois durant la 1re année : les champignons consomment l’azote (nitrates) issus des parties chlorophylliennes. Pour l’azote, il peut y avoir une répercussion sur le rendement de la parcelle. La 2e année c’est la décomposition des ligneux. Les champignons attaquent la lignine et la transforme en cellulose. La décomposition du bois produit également une activation des bactéries. Les rendements des cultures comblent, le cas échéant, le déficit de la première année.

2e étape les plus vieux champignons sont eux même « recyclés » par la pédofaune qui brasse et digère la matière organique (lombrics). Ensuite, les déchets (organiques) de la pédofaune sont assimilés par des bactéries ce qui les rendent assimilables par les plantes.

Dernière étape : c’est la constitution d’un humus durable, source d’alimentation de la microfaune du sol et de production des minéraux assimilables par les plantes. Cet apport d’humus améliore la réserve utile en eau du sol. Il se comporte comme une éponge qui stocke l’eau de pluie et la libère ensuite au moment du ressuyage du sol. L’activité des lombrics est stimulée et la porosité du sol est améliorée avec un effet positif sur la structure, l’aération, et le transfert d’eau en profondeur.

Le BRF est utilisé pour améliorer la qualité du sol
Lorsqu’il y a un déficit de terre dite « végétale » sur un sol à cultiver ou que le taux de matière organique est faible, le BRF le remonte de la même façon qu’un fumier. Cependant selon les conseillers agronomes, par rapport à un fumier, il apporte de la matière organique stable qui contribue à améliorer la qualité du sol dans son ensemble : physique (résistante à la battance et à l’érosion), chimique (réserve de nutriments), biologique (stimule l’activité des organismes).
L’apport de matière organique n’est pas nouveau en agriculture, mais le BRF semble être une méthode qui nourrit et active les sols de manière efficace et durable. Cette technique demande à être essayée, d’autant que la ressource bois existe souvent et que de nombreux sols sont exposés à l’érosion. Attention cependant à faire un vrai BRF, pas trop ligneux sous peine d’augmenter les besoins d’azotes.


(1) Les premières expériences ont été réalisées au Canada ou le BRF est utilisé pour reconstituer des sols appauvris en matière organique. Gilles Lemieux de l’Université de Laval au Québec en a fait la promotion.



Bibliographie
- Benoît Noël (2005) Le BRF, plus de carbone pour nos sols, Direction de l’agriculture, Région Wallonne.
- Fabien Liagre (2006) « Les haies rurales » Editions France Agricole.

Organiser son chantier en BRF

2 types de machines sont utilisables : voir tableau.
Les agriculteurs choisissent l’une au l’autre des machines, en fonction du type de chantier.
Pour un chantier avec la déchiqueteuse à grappin, il est possible de faire un seul tas, de rassembler les branchages au télescopique de manière à alimenter au maximum la machine, et perdre le moins de temps possible en rendement.
Si le BRF est destiné à la parcelle du chantier, déchiqueter directement dans l’épandeur ! L’épandeur a le temps de faire l’aller et le retour dans la parcelle pendant que la déchiqueteuse se repositionne. C’est environ 1 cm de bois déchiqueté BRF qui est épandu sur le sol. Voir la vidéo disponible sur le compte Facebook de la Cuma Ecovaloris.
A noter : la plaquette obtenue peut également servir en paillage pour les animaux ou les plantations (une fois séchée, après 4 mois sous abris), mais ne peut pas être utilisé comme combustible pour les chaufferies à bois déchiqueté à contrat (critères qualité exigés, dont trop de fines).
Active sur la filière bois énergie avec le bois déchiqueté depuis 2000, la Cuma Ecovaloris propose 2 déchiqueteuses manuelles à disposition sur Manche, et de la prestation complète avec les déchiqueteuses à grappin, où il faut s’inscrire dans un planning.
Aujourd’hui, c’est plus de 100 adhérents sur l’activité déchiquetage, qui réalisent des chantiers pour le paillage, le BRF, ou pour des chaudières à plaquettes.

Contact : Valérie Letellier, Fédération des Cuma de Basse-Normandie valerie.letellier@cuma.fr
02 33 06 48 26
https://ecovaloris.wordpress.com/
http://haiecobois.hautetfort.com/

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