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Le Foll au chevet des éleveurs normands

Venu à Caen à la demande de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs du Calvados, Stéphane Le Foll a consacré deux heures pour écouter la détresse des éleveurs du département et de la région.

C'est en deux temps que Stéphane Le Foll a écouté la détresse des agriculteurs du Calvados, puis de la région Basse-Normandie. La délégation du Calvados s'est appuyée sur le cas concret de Samuel Biderre, jeune installé en société à Lingèvres. Un cas d'école qui illustre les difficultés auxquelles les éleveurs bas-normands sont confrontés : le retournement des marchés du lait et de la viande bovine dans un contexte de charges élevées, aggravé par des investissements de mise aux normes imposés aux jeunes qui s'installent.

Spécificité de l'élevage
de l'ouest
La conjoncture viande bovine et l'application partielle des engagements du 17 juin ont aussi été présentés, de même que le marasme que vit a filière porcine dont la faillite d'AIM est le symbole régional. Enfin, les représentants syndicaux de la FDSEA et des JA ont expliqué qu'on ne pouvait pas demander aux agriculteurs d'être de plus en plus compétitifs et, dans le même temps, leur imposer des normes réglementaires, des obligations sociales... qui augmentent les charges. D'autant que la nouvelle PAC a des effets désastreux dans le Calvados, et dans l'Ouest en général, puisqu'elle pénalise les régions où les agriculteurs sont nombreux sur des surfaces plus faibles que la moyenne française. La PAC annoncée en faveur de l'élevage se révèle défavorable à l'élevage de l'Ouest au profit de l'élevage d'autres régions. Enfin, la structuration des filières, les rapports de force entre transformateurs et distributeurs, mais aussi entre les transformateurs et les producteurs ont également été pointés du doigt.

Des prix
pour compenser la PAC
Les responsables régionaux ont enfoncé le clou. Dans le contexte de dérégulation des marchés agricoles, les responsables ont réclamé des mesures d'urgence, en particulier pour faire appliquer les engagements pris dans les filières bovine et porcine. En ce qui concerne la production laitière, une intervention publique sur les marchés a été demandée, couplée à la prise en compte par les entreprises laitières de l'indicateur de coûts de production publié par France Agrimer. Ces mesures d'urgence pourraient redonner un peu de visibilité et enrayer la chute brutale du nombre d'installations enregistrée depuis six mois en Basse-Normandie, une chute que la mise en oeuvre du nouveau dispositif ne peut expliquer à elle seule. Enfin, les responsables régionaux ont aussi mis le doigt sur la mise en oeuvre du deuxième pilier de la PAC qui se traduit par l'exclusion de 900 éleveurs du bénéfice de la prime à l'herbe et un déficit d'abondement financier par l'Etat qui bride le lancement des mesures agri-environnementales en cette première année de programmation.

Fonds de garantie
Le ministre de l'Agriculture a écouté attentivement l'ensemble de ces constats et de ces revendications. Il a reconnu la situation dramatique que les éleveurs connaissent. Il a fait état de ses efforts pour faire partager, en vain, à ses collègues européens la nécessité de gérer l'offre de lait au niveau européen. Il souhaite donc que des décisions soient prises pour améliorer la valorisation du lait sur le marché intérieur avec une répercussion à la production. Il a convenu que les engagements pris dans les filières porcine et bovine ne sont pas à la hauteur des attentes. Il a complété l'analyse d'une préoccupation à propos de la compétitivité de la production de jeunes bovins, dont 80 % sont exportés. Il a précisé vouloir mettre en place un fonds de garantie destiné à cautionner le rééchelonnement des emprunts contractés pour les investissements structurants et l'installation. Il a aussi convenu que les mesures du Fonds
d'Allègement des Charges ne sont pas adaptées aux élevages normands qui se caractérisent par des exploitations peu spécialisées. Il faut donc cibler les éleveurs en difficulté à l'aide d'un autre critère, encore à l'étude, que le taux de spécialisation qui exclue trop d'éleveurs.

Des responsables prudents
A la sortie de la préfecture, Guillaume Larchevêque, président de JA de l'Orne notait que le ministre avait fait l'effort de se déplacer et estimait que Stéphane Le Foll avait été "sensible à nos demandes sur les aides à la trésorerie des exploitations". Pour Pascal Férey, président de la FRSEA, "il faudra attendre la réunion avec les filières et le conseil des ministres pour espérer des mesures concrètes". Le président de la section porc de la FRSEA abondait dans le même sens : "les décisions seront prises ailleurs, mais nous avons avancé pour les aides à la trésorerie". Reste un certain scepticisme assez général résumé par Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA de l'Orne : "On peut se retrouver sur les intentions. Ce qui me préoccupe c'est de savoir si le Ministre aura les moyens de faire tenir les engagements pris par les uns et les autres".

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