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Le travail est vivable dans les systèmes de polyculture élevage

ENQUÊTE - Il est communément admis que le travail dans les exploitations de polyculture élevage est complexe en raison de la présence de plusieurs ateliers. Qu’en est-il vraiment ? Une enquête a été réalisée auprès de 57 agriculteurs dont 12 en Normandie, pour leur demander comment ils vivaient leur travail et leur métier.

Les exploitants, qui gèrent tous des animaux et des cultures,ont reporté les différents travaux qu’ils réalisent sur un calendrier annuel. Ils ont ensuite attribué une note d’intensité de leur travail de 1 à 4, 4 étant la note la plus intense, par période de 15 jours. Les exploitations ont été classées en fonction de leur note d’intensité moyenne et de la durée des périodes intenses. 5 groupes ont été identifiés en fonction de cette note : les groupes A, B, C, D et E et le lien avec le niveau de couplage (intensité des échanges d’aliments ; fourrages et effluents entre ateliers animaux et végétaux) a été recherché.
Le travail est ressenti comme moins intense dans le groupe « Tranquille toute l’année » avec seulement un peu plus de 40 jours considérés comme intenses dans l’année. Le travail est perçu le plus intense dans le groupe « Transition difficile » avec près de 250 jours qualifiés d’intense (Tableau 1).

Un travail en polyculture élevage vivable…
L’intensité du travail est, de l’avis des exploitants, générée par les cultures (ou par le cumul des différents ateliers). Peu d’agriculteurs évaluent la période hivernale comme tendue et mettent alors plutôt en avant «l’astreinte aux bêtes».
Les systèmes rencontrés dans le groupe «Tranquille toute l’année» sont très contrastés mais présentent deux traits communs : la conduite des troupeaux et des surfaces est simplifiée (monotraite, beaucoup de pâturage ou à l’inverse bâtiment intégral) et la productivité apparente du travail (UGB ou SAU par unité de main-d’œuvre) est la plus faible des 57 fermes.
Le groupe «Printemps intense» rassemble des exploitations à dominante herbagère avec une part limitée en cultures. Les travaux sur les surfaces et notamment les récoltes fourragères (chantiers d’enrubannage, d’ensilage et fenaison) sont concentrés au printemps. 7 exploitations sur les 15 sont en fort «couplage» culture-élevage.
Les agriculteurs du groupe «Deux périodes délicates», plutôt à dominante cultures, déclarent un travail intense à l’automne en plus du printemps pour l’implantation des cultures d’hiver. 15 exploitations sur les 19 de ce groupe présentent un niveau de «couplage» faible ou moyen entre cultures et élevage.
Au final les deux tiers des fermes associant culture et élevage s’épanouissent dans leur métier.
… Même si certains connaissent des difficultés
Les problèmes rencontrés dépendent davantage des situations individuelles, des trajectoires d’exploitation et de l’adéquation entre le besoin en travail et la main-d’œuvre disponible que du type de système ou du niveau de couplage entre cultures et atelier animal.
Le groupe «Du travail en continu» affiche un travail intense du printemps jusqu’à l’automne dû notamment à des tailles d’exploitations les plus importantes de l’échantillon : 179 ha de SAU et 142 UGB en moyenne qui saturent le volume de main-d’œuvre.
Dans le groupe «Transition difficile», les exploitations sont pour la plupart en évolution (départ d’un associé, achat de terres, agrandissement du troupeau…) et perdent la cohérence du système d’exploitation. C’est le cas par exemple, avec trop d’animaux par rapport à la capacité des bâtiments ou trop de surfaces en regard du matériel présent. Le travail devient alors chaotique et moins bien maîtrisé.

Des agriculteurs normands inventifs
Les 12 exploitations normandes enquêtées, à dominante cultures; se retrouvent essentiellement dans les groupes «Tranquille toute l’année» et «Deux périodes délicates». L’intensité moyenne du travail ressentie y est de seulement 1.85 alors que la moyenne de l’échantillon s’établit à 2.26… Et ce, en dépit d’une productivité apparente parmi les plus élevées de l’échantillon avec 83 ha de SAU/UMO (vs 71 pour le groupe) et 75 UGB/UMO (vs 57).
Cependant, la vigilance doit s’imposer dès lors que le système évolue : un élevage qui s’agrandit ou plus de cultures en regard de la main-d’œuvre insuffisante SAU, peuvent vite devenir difficile à gérer, alors qu’une approche globale du système réalisée préalablement aurait pu ajuster la quantité de travail aux ressources humaines disponibles. Dans ce contexte, le niveau de couplage entre les ateliers cultures et élevage n’a aucun effet négatif. Très attentifs à leur organisation, les polyculteurs éleveurs enquêtés, ont accepté de se remettre en question et de simplifier leurs pratiques, de réorganiser leur main-d’œuvre ou de s’équiper… sans oublier pour autant les contreparties financières !

Le projet RedSpyce, piloté par l’Institut de l’Elevage, vise à améliorer les performances des exploitations de polyculture élevage en tenant compte des conditions de travail des agriculteurs. Les exploitations les plus efficaces d’un point de vue environnemental et économique sont celles qui maximisent les complémentarités entre les cultures et l’élevage. Des enquêtes qualitatives ont été menées auprès d’exploitants répartis dans 5 régions françaises en Normandie, Hauts-de-France, Pays-de-la-Loire, Occitanie et Grand-Est. Elles avaient pour objet de comprendre comment les agriculteurs vivent la polyculture élevage et le niveau d’interactions (couplage) entre ateliers végétal et animal.

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