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Les céréaliers de la plaine de Caen étudient la biodiversité

Agrial, le syndicat Abeille Normande du Calvados et le lycée du Robillard travaillent ensemble au sein d’un groupement d’intérêt économique et environnemental depuis 2016. Jeudi 7 février, ils présentaient leur bilan. Si l’expérience n’est pas poursuivie, date faute de disponibilité des agriculteurs, les résultats obtenus trouvent une continuité dans l’édition d’un guide technique.

Audrey Hulmel est animatrice Ecophyto au sein d’Agrial et coordinatrice du GIEE Biodiversité DR
Audrey Hulmel est animatrice Ecophyto au sein d’Agrial et coordinatrice du GIEE Biodiversité DR
© JP

lll Dès 2013, Bruno Soenen, agriculteur à Potigny (14), souhaite créer un collectif autour de la biodiversité. Intéressé par l’abeille, il veut l’ouvrir aux prédateurs de limaces et de pucerons. Membre d’un groupe Ecophyto au sein d’Agrial, il sollicite l’animatrice pour la création du Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE), auquel se joignent l’association Abeille normande du Calvados (ANC) et le lycée agricole du Robillard. Un groupe de huit adhérents à la coopérative se forme pour mener des expérimentations de bandes et de jachères mellifères : surface, choix des espèces, dates de semis et résultats sont analysés durant trois ans. Pour l’évaluation, les agriculteurs accueillent régulièrement des élèves de BTS Agronomie productions végétales (APV) et d’autres acteurs du monde agricole qui comptent les carabes dans leurs exploitations.
Présentés au lycée le 7 février, les résultats de cette « démarche de recherche », telle que la nomme Audrey Hulmel, animatrice Ecophyto d’Agrial et coordinatrice du GIEE Biodiversité, constituent le point final de l’expérimentation qui a duré trois ans. Durant l’après-midi, des spécialistes de la biodiversité et des agriculteurs participants se sont succédé devant un parterre d’étudiants, d’agriculteurs, d’apiculteurs, de semenciers, de collectivités environnementales et de techniciens venus du quart Nord-Ouest de la France. Si le GIEE a également pris fin à cette date, ses travaux trouvent un prolongement dans le guide technique « Favoriser et utiliser la biodiversité en milieu agricole ». Destiné à tous les agriculteurs et également au grand public*, il sera proposé aux adhérents et au personnel technique de la coopérative.

Modifier le paysage
Ce guide révèle la meilleure façon de favoriser la présence d’auxiliaires et de pollinisateurs en milieu agricole. Dès 2016, les agriculteurs choisissent la plantation de bandes fleuries sur lesquelles des relevés de biodiversité sont réalisés par les étudiants en BTS au Robillard. Un diagnostic est ensuite établi puis mis en lien avec les pratiques agronomiques. Par exemple, il a été observé que la technique du système sans labour est la plus favorable aux carabes, à la fois en nombre et en espèces. Ce sont ces deux critères qui permettent d’observer une prédation des ravageurs tout au long de l’année.
La bande mellifère a été l’un des outils privilégiés par le groupe dans l’étude des aménagements paysager.s Estimée plutôt simple d’utilisation, elle attire les pollinisateurs grâce aux fleurs et les auxiliaires de culture qui y trouvent refuge. Rodolphe Lormelet, à Versainville, a planté trois bandes enherbées de 6 m de large au milieu de sa parcelle. Il a préféré ce système de beetle bank, ou réservoir à carabes, aux bandes mellifères destructibles chaque année. « Je le sème pour 7 à 10 ans, explique-t-il, et je le broie une fois par an en février. » Composées de fétuque et de trèfle blanc, les bandes ennherbées et fleuries favorisent les pollinisateurs et servent d’abri d’hiver aux carabes.

Bilan terrain
Des résultats très concrets ont été observés : Frédéric Lecerf, installé à Moult, n’utilise plus d’anti-limace systématiquement grâce aux bandes mellifères plantées en bord de champ. Il subit également moins de dégâts de gibier. Toutefois, établir un bilan chiffré des apports de ce travail est vain. « Il faudrait l’étudier sur un pas de temps plus long que 3 ans, explique la conseillère d’Agrial, et leurs bénéfices ne sont pas mesurables économiquement. » Rodolphe Lormelet se dit « incapable d’affirmer que c’est mieux qu’avant », car il effectue trois déchaumages l’été. Il a toutefois mis les beetle bank en place pour favoriser les carabes : « j’ai le projet de passer au semis sous couvert. J’ai anticipé pour avoir des carabes. »
Un des aspects positifs du groupe est l’implication des huit professionnels  qu ont eux-mêmes émis le souhait de travailler sur les carabes. « Ils ont trouvé des informations dans la presse scientifique. Ça fait la force du GIEE : la volonté et la dynamique impulsée par les agriculteurs eux-mêmes. », conclut Audrey Hulmel.
*consultable sur www.giee.fr

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