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Un bon rendement se prépare dès le traitement des semences

Pour Olivier Hoste, gérant de la société SCS basée à Bourguébus (14), une bonne récolte en quantité et en qualité se prépare dès le traitement des semences. Dans un contexte législatif de plus en plus drastique autour de la chimie, de nouveaux produits et de nouvelles approches techniques se font jour. Explication de texte.

>> La moisson 2019 s'achève, un premier bilan ?
Nous avons bénéficié d'une météo clémente qui nous a facilité la récolte. Les rendements en orges d'hiver et de printemps sont très bons avec de très bonnes qualités en terme de PS (Poids Spécifique) et protéines.
En blé, c'est tout à fait correct aussi.
Par contre, les colzas sont très hétérogènes : du très bon au très mauvais selon les situations.

>> Avec de très bonnes surprises vous concernant ?
Nous sommes au sud de Caen avec un potentiel rendement qui n'est pas extraordinaire mais « oui », nous avons battu certains records sur quelques parcelles : 105 quintaux en orge jusqu'à 115 quintaux en blé.

>> On doit ce bon cru 2019 à Madame Météo, mais pas que. Techniquement, il ne faut surtout pas baisser la garde ?
Ce qui est très important, déjà, c'est l'implantation de la céréale. Il faut semer, dans de très bonnes conditions, une semence de qualité avec un traitement adapté.
Ensuite, tout au long du cycle de développement, il faut ajuster la fertilisation et la protection sanitaire en fonction du contexte et des objectifs fixés.
Alors et enfin et seulement si la météo nous donne un coup de main, on peut atteindre de très bons rendements malgré l'interdiction de certaines molécules.

>>  Vous êtes spécialisés dans le traitement des semences. Les évolutions législatives vous ont obligé à revoir votre copie ?
L'interdiction de l'utilisation de l'imidaclopride en 2018, le Gaucho® sous son nom commercial, nous a fait poser quelques questions.
Premièrement, il ne faut pas oublier que l'imidaclopride faisait le puceron mais combattait aussi le taupin. Conséquence de cette interdiction, nous assistons depuis l'an dernier à une recrudescence inquiétante du taupin dans la plaine. Nous préconisons donc le traitement des semences contre le taupin avec un produit homologué, comme le Signal® à base de cyperméthrine, qui donne de très bons résultats.
Second élément, avec l'arrêt de l'utilisation de l'imidaclopride, les agriculteurs ont tendance à décaler leurs dates de semis. A savoir des semis plus tardifs pour éviter une présence trop importante de pucerons. Dans ce contexte, nous préconisons l'application sur la semence d'un biostimulant qui va favoriser un meilleur développement racinaire et donc une meilleure couverture sortie hiver.
Dernier élément, et plus particulièrement si la betterave sucrière venait à disparaitre de l'assolement ce qui aurait pour conséquence de multiplier les secondes pailles (blé sur blé, orge sur orge, orge sur blé....), il faut se prémunir contre le piétin échaudage. Nous proposons dans ce cadre un traitement au Latitude®, un fongicide qui a largement fait ses preuves.

>> L'AB (agriculture biologique) est en plein essor. Vous êtes présent aussi sur ce segment ?
Cela faisait plusieurs années que l'on recevait des coups de téléphone d'agriculteurs en bio dont la problématique consistait en la séparation des espèces. Ils sèment du blé avec des pois, du triticale avec de la vesce (....) qu'il faut trier ensuite.
Après plusieurs mois de réflexion, de visites, d'échanges, nous sommes arrivés à la conclusion que seul le trieur alvéolaire était capable de séparer de façon efficace. Nous nous sommes donc équipés d'une unité mobile en 2017, année au cours de laquelle nous avons travaillé 300 tonnes en bio puis 900 tonnes en 2018. Nous prévoyons 1 500 tonnes cette année ce qui nous a amenés à investir dans une seconde unité mobile.

>> En AB, le traitement des semences est aussi possible ?
Bien sûr, on peut appliquer par exemple un biostimulant qui donne de très bons résultats. Certains fongicides sont également autorisés. Citons le Copseed®, une solution très efficace contre la carie sur blé, triticale, épeautre, seigle...
L'agriculture biologique est techniquement bien plus pointue à mener que l'agriculture conventionnelle car les solutions de rattrapage sont rares, voire inexistantes.
Il ne faut donc surtout pas se rater au démarrage. Un traitement de la semence adapté constitue donc un très bon préalable.

7 quintaux en plus en luttant contre le piétin échaudage

lll « Lutter contre le piétin échaudage en orge peut vous faire gagner 7 quintaux par hectare », assure Alexandre Thiron de la société Certis qui commercialise Latitude®, produit de traitement de semences.

>> La lutte contre le piétin échaudage concerne autant l'orge que le blé ?
Il est vrai qu'on a peut-être un peu sous-estimé l'importance de cette maladie en orge mais les pratiques évoluent. Ce champignon, qui va nécroser les racines, entraine une perte importante de rendement : 3 q/ha de perte moyenne et jusqu'à 11 q/ha en cas de forte pression en blé de maïs. 5,8 q/ha de perte moyenne et jusqu'à 8,2 q/ha en cas de forte pression en orge.

>> Que préconisez-vous ?
Le traitement des semences avec notre produit phare, Latitude®, qui existe depuis plus de 10 ans et qui a largement fait ses preuves en blé. La semence est enrobée d'une matière active qui va migrer rapidement dans le sol au plus près du champignon et donc protéger le système racinaire .

>>  Vous proposez également une nouveauté pour lutter contre la carie ?   
Il s'agit du Copseed®, produit utilisable également en AB (agriculture biologique). La carie est une maladie qui se développe en blé avec une nuisibilité qui peut atteindre 20 q/ha et peut rendre la récolte impropre à la consommation. Le mode de contamination se fait notamment par le sol où les spores de la carie peuvent se conserver pendant 15 ans.
Le seigle et le triticale peuvent également être concernés.

Pour en savoir plus : www.certiseurope.fr

Sécuriser la levée avec un biostimulant

lll Avec l’interdiction des néonicotinoïdes, les dates de semis ont tendance à être décalées. Pour assurer une bonne levée, de nouveaux produits ont fait leur apparition sur le marché comme les biostimulants. Rencontre avec Edouard Corniquet, ingénieur chez Compo Expert, société spécialisée dans le traitement des semences.

>>  Dans la gamme de produits que vous commercialisez, vous proposez le NutriSeed Premium®. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un produit de traitement de semences pour cultures d’hiver (blé, orge, avoine, seigle, triticale...) conventionnelles ou biologiques. Son principe actif associe des oligoéléments et des biostimulants uniques d’origine végétale issus notamment d’algues cultivées en Afrique du Sud qui présentent la particularité de grandir jusqu’à 30 cm par jour en eau froide.

>>  Quels sont les objectifs recherchés ?
Tout d’abord une sécurisation, voire une amélioration, de la germination. Ensuite, une couverture plus rapide du sol minimisant les risques de concurrence. Enfin, un système racinaire plus fort pour une meilleure résistance aux stress climatiques. En résumé, il s’agit de dynamiser la physiologie de la plante et l’absorption des éléments nutritifs pour sécuriser la levée des cultures en conditions difficiles.

>>  Vous avez chiffré ce gain ?
La synthèse des résultats d’essais que nous avons menés sur blé ont mis en exergue, au stade 3 feuilles, une amélioration de 19 % de la couverture foliaire et de 13 % le nombre de pieds levés par rapport à la modalité sans Nutriseed Premium®. Ce qui signifie donc, potentiellement si les conditions sont bonnes, plus d’épis et plus de rendement à la récolte.

La mouche grise sans oublier le taupin

lll L’interdiction du Gaucho®, il y a deux ans, change la donne en terme de traitement des semences. De nouvelles habitudes sont à prendre. Analyse avec Pascal Gaultier, responsable application traitement de semences chez UPL France.

>>  Quelles ont été les conséquences de l’interdiction du Gaucho® ?
L’imidaclopride, matière active du Gaucho® présentait une vraie valeur technique dans les programmes de protection contre les pucerons vecteurs de JNO à l’automne mais aussi contre les taupins. Par un traitement des semences avec l’imidaclopride, l’agriculteur arrivait à contrôler deux ravageurs majeurs des céréales. Aujourd’hui pour assurer une protection équivalente, il faut d’abord assurer la lutte contre les taupins et autres insectes du sol avec une protection des semences et ensuite intervenir avec une solution foliaire contre les pucerons quand les seuils d’interventions sont atteints. Depuis le retrait des traitements de semences à base d’imidaclopride, nous assistons à une réelle recrudescence des attaques de taupin tout particulièrement dans la grande région ouest de la France. Je pense que les agriculteurs devront donc intégrer une protection des semences contre les taupins dans leur itinéraire technique.  

>>  Quelle est votre solution ?
Pour régler la problématique du taupin en traitement des semences, nous avons deux spécialités Langis® et Signal® composées de 300 g de cyperméthrine. Il s’agit de deux produits qui sont sur ce marché depuis 10 ans et qui ont fait la preuve de leur efficacité non seulement sur les taupins, mais également sur la mouche grises des céréales (Delia coactata).

>>  Avec la même efficacité ?
Nos deux spécialités Langis® et Signal® présentent l’avantage de protéger les jeunes céréales contre les attaques précoces des taupins mais aussi contre les attaques plus tardives jusqu’en fin d’hiver (février-mars), ce que faisaient très mal les solutions à base d’imidaclopride.

>>  Efficacité sous conditions ?
Pour assurer la meilleure protection contre les taupins, il est nécessaire d’accorder une importance à la qualité du semis. Nous avons mis en évidence dans nos expérimentations que les semis profonds favorisaient les attaques de taupins, quel que soit le traitement de semences insecticides. Pour cette raisons nous recommandons de semer à la bonne profondeur entre 1,5 et 2 cm pour éviter d’exposer inutilement les céréales aux attaques de taupins.

>>  Et en terme de fongicide, que proposez-vous au catalogue ?
Nous avons deux spécialités, Rancona® 15ME et Oxana® à base d’ipconazole 15g/L, molécule qui fait partie des triazoles de dernière génération. Ces deux spécialités bénéficient d’une formulation Micro-émulsion (ME) unique sur le marché. Grâce à cette formulation ME il se constitue un film très homogène sur toute la surface du grain y compris dans le sillon central. Rancona® 15ME et Oxana® sont efficaces sur les principales maladies des semences des céréales à paille (blé, triticale, épeautre, orge, avoine,seigle). Rancona® 15ME et Oxana® présentent l’avantage d’être parmi les plus efficaces pour lutter contre les charbons des épis des céréales. Cette bonne efficacité s’explique par un mode d’action double (systémique et contact) qui permet de protéger les semences contre les champignons qui sont logés dans l’embryon du grain et aussi contre les champignons qui sont sur le grain et dans le sol.

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