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Un système classique mais économe et robuste

A Bricquebosq, dans une exploitation de polyculture-élevage laitière, Philippe Mahieu associé du GAEC du Fonteni, conduit une rotation maïs/blé complétée d’un peu d’orge d’hiver.

Diverses raisons ont amené Philippe Mahieu vers des stratégies de réduction des produits phytosanitaires sur ses cultures : une météo capricieuse avec laquelle il faut composer, ainsi que la volonté de limiter les charges et de préserver sa santé. Pour cela, il combine différents leviers agronomiques comme l’alternance labour/non-labour, le semis de couverts d’interculture étouffants, un suivi rigoureux de ses parcelles et l’optimisation des doses de produits.A son entrée dans le réseau DEPHY en 2010, Philippe Mahieu cherchait surtout à conforter sa faible utilisation de produits phytosanitaires (autour de 70% de la référence régionale selon les années) sans pour autant “se laisser dépasser”, et toujours dans un objectif de simplicité de conduite des cultures et de gain de temps.

Un choix de variétés de céréales résistantes aux maladies

En blé tendre, il a progressivement retenu des variétés “rustiques”, c’est-à-dire plutôt tolérantes à la verse, à la septoriose et à la fusariose. Puis il a fallu ajouter le critère de résistance à la rouille jaune, très présente ces dernières années. Conjugué à des observations fréquentes, ce choix permet de limiter l’application de fongicides sans risque.En orge, toujours grâce à des variétés bien choisies, le risque de maladies est devenu plus facile à gérer.

De la moutarde en interculture avec des résultats toujours satisfaisants

La phacélie a été remplacée par la moutarde en 2007 (avec l’arrêt du colza, le risque de “hernie du choux” a disparu). Son implantation a permis d’atteindre l’objectif d’étouffement des adventices, constat également réalisé par tous les associés. Autre intérêt de la moutarde : sa simplicité d’implantation. Historiquement implantée avec un simple passage de canadien, le semis est désormais combiné à un déchaumeur à disques et passage de rouleau (matériel en CUMA). Le climat doux du Nord-Cotentin permet fréquemment l’obtention de biomasses très satisfaisantes, même en semant au 10 septembre. La destruction avec le déchaumeur est précédée d’un broyage si elle est trop développée. Le maïs suivant est implanté sans labour si les conditions de sol le permettent. Ainsi, en 2015, 7 ha de maïs ont été semés sans labour.

22 % de phytos en moins

Déjà économe, le GAEC a réussi à diminuer de nouveau l’utilisation de produits phytosanitaires de quasiment un quart en moyenne sur 4 ans. Selon les années, la consommation varie de 50 % à 65 % de la moyenne régionale des systèmes de polyculture-élevage.

Témoignage de Philippe Mahieu

- Pourquoi avoir modifié vos pratiques ?

Le blé est conduit, sur l’essentiel de la surface, selon les principes de la protection intégrée. Cette stratégie a été initiée avec le GVA il y a 10 ans. Avec l’économie d’intrants, on atteint tout de même des rendements moyens en années très humides alors que cela n’a pas toujours été le cas avec des variétés classiques. Finalement, en moyenne la marge est équivalente à celle d’un blé en conduite classique. L’année 2012 fut exceptionnellement pluvieuse entre avril et juin avec 500 mm dans le ce secteur : les rendements en blé ont été limités très probablement par des asphyxies racinaires. Mais les parcelles ayant reçu plus de fongicides sur feuilles n’ont pas eu de meilleurs résultats.

Quelles sont les conséquences sur votre travail ?

J’observe beaucoup plus les cultures et je suis particulièrement attentif à certaines maladies comme la rouille jaune du blé. Je passe moins de temps à traiter. Je suis également plus vigilant par rapport aux vivaces dans le maïs, sur lesquelles j’ajuste la lutte chimique au strict nécessaire.

Si c’était à refaire ?

Je trouve de nombreux intérêts au travail en réseau : la confrontation avec d’autres agriculteurs sur les pratiques alternatives (mise en œuvre, résultats,…), la “pêche aux idées” de techniques innovantes et l’échange lors des visites de parcelles avec l’ingénieur réseau.Reste que je ne trouve pas simple, en général, d’appliquer chez soi des idées trouvées ailleurs.

Le regard de l’ingénieur réseau DEPHY

Philippe, dans son système de culture, maitrise bien les adventices, certes avec peu de cultures mais toujours en assurant une alternance printemps/hiver. Les non-labours d’opportunité créent une succession labour/non-labour globalement favorable. Les semis peu précoces, classiques dans le secteur, ne favorisent pas de forts salissements.Son système de culture est également robuste sur le plan de la gestion des maladies, avec un équilibre trouvé entre rendement et réduction des charges grâce à l’utilisation de variétés peu sensibles à la septoriose et des densités de semis pas excessives.Des améliorations récentes ont été apportées : la recherche de variétés triple-résistantes septoriose, fusariose et rouille jaune et la recherche du meilleur équilibre fertilisation azotée/risque de verse.

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