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INTERVIEW
Coopérative de Creully (14) : " Nos choix stratégiques sont confortés "

Malgré la crise sanitaire et autre perturbateur conjoncturel et structurel, la coopérative de Creully (14), qui tient son assemblée générale jeudi 26 novembre prochain à 9 h 30, reste droite sur ses fondamentaux. « Pérenniser nos métiers de base sur notre territoire de base », insistent à l’unisson Pascal Desvages et Stéphane Carel, président et directeur général.« Nos choix stratégiques d’hier sont confortés aujourd’hui ».

Pascal Desvages et Stéphane Carel Président et directeur de la coopérative de Creully (14).
Pascal Desvages et Stéphane Carel Président et directeur de la coopérative de Creully (14).
© DR

>> Comment va se dérouler votre assemblée générale ?
Pascal Desvages-Stéphane Carel. En raison de l’épidémie de Covid 19, les débats seront filmés et visibles en direct sur le site de la coopérative. Le conseil d’administration, ainsi que deux autres agriculteurs et le directeur, seront en présentiels au siège pour répondre à toutes les questions. Comme d’habitude, les rapports d’activité et financier seront présentés en toute transparence. Ce qui va changer, c’est principalement le vote par procuration et une assemblée générale qui ne sera que statutaire et suivie d’une AGE pour se mettre en conformité avec quelques points règlementaires. Il n’y aura par contre pas de grand invité.

>> Au-delà de ce rendez-vous annuel, la crise sanitaire a-t-elle fortement impacté votre activité 2020 ?
P.D-S.C. Nous n’avons pas eu recours au chômage partiel mais pour partie au télétravail. Nous nous sommes soumis au protocole sanitaire avec par exemple du gel hydroalcoolique à disposition, des protections en plexiglas, des masques et un seul agriculteur à chaque fois dans les bureaux... A la moisson, nous avons par ailleurs mis en place des cadrans lumineux et des micros pour faciliter la communication. On peut considérer que notre activité s’est déroulée presque normalement.  

>> Vous n’avez pas enregistré de chute de CA dans vos magasins  ?
P.D-S.C. En magasin, nos clients sont avant tout des agriculteurs. Alors "oui, bien sûr", nous avons subit quelque incidence, par exemple au niveau des céréales en sac, mais notre modèle de fonctionnement est avant tout tourné vers l'agriculture. Une agriculture qui avait pris du retard à l'automne et qui a mis les bouchées doubles au moment des cultures de printemps.


>> Quel bilan dressez-vous de la moisson 2020 ?
P.D-S.C. A l'image de la récolte 2016 : moins 25 % et après une année 2019 qui a constitué le meilleur cru de la coopérative. Néanmoins, la qualité est au rendez-vous. Depuis que nous avons mis en place notre plan protéine, nous ne sommes jamais descendus au-dessous de 11. On maîtrise donc désormais la qualité avec ou sans rendement grâce à la technique et aux choix variétaux.

>> Votre territoire était une terre à betterave à sucre. Par quoi a-t-elle été remplacée ?
P.D-S.C. Du colza, du lin, de l'orge de printemps, de la fèverole mais surtout du maïs. C'est notre plus grosse récolte depuis 10 ans. Nous mesurons là tout l'intérêt de nos investissements passés dans une meilleure répartition géographique de nos séchoirs. Cela nous permet d'économiser des coûts logistiques.
 

>> En bio, même constat qu’en conventionnel ?
P.D-S.C. L'impact est peut-être même plus important. Cependant, depuis 3 ans, nous assistons à une accélération significative des surfaces grâce à de nouveaux apporteurs ou de nouveaux adhérents. Une montée en puissance qui s'est soldée, fin octobre, par l'embauche d'un technicien dédié en la personne d'Adrien Bloux. Soulignons au passage que sur l'ensemble des dossiers bio de la coopérative, nous bénéficions d'un accompagnement de l'Agence de l’Eau.

>> Garder la vente ou le conseil en phytos, les distributeurs ont jusqu’au 15 décembre pour trancher conformément à la loi Egalim. Où en êtes-vous dans la réflexion ?
P.D-S.C. Nous statuerons officiellement sur ce dossier juste après notre assemblée générale mais il semble acquis que le conseil stratégique, voulu par les pouvoirs publics, n'ira pas jusqu'au champ. Il pourrait revêtir la forme d'un audit à réaliser deux fois tous les 5 ans même si c'est encore flou. Ce qui représente une couche administrative et un coût supplémentaires pour les agriculteurs, ce qui n'est pas véritablement dans notre philosophie. Alors vendrons-nous ou pas des phytos l’an prochain ? Bien sûr mais nous continuerons à faire de l’appui technique. C’est un de nos métiers de base.  

>> Vos prochains projets ?
P.D-S.C. Nous venons de mettre en place un service de distribution de carburant (GNR et fioul) au bénéfice de nos adhérents et entendons bien poursuivre nos investissements dans des projets d'avenir. Malgré un contexte perturbé, nous restons droits sur nos fondamentaux.

 

En 2021, le bon plant
La coopérative de Creully vient de nouer un partenariat de production de plants de pommes de terre avec la société Wecxsteen-le Comptoir du Plant, entreprise basée à Méricourt-sous-Lens (62) et qui exploite par ailleurs 150 ha de pommes de terres industrielles (frites et chips). Dès la prochaine saison, une dizaine de producteurs calvadosiens pour une sole d’une cinquantaine d’hectares devrait être concernée. « Une suite logique après avoir investi dans le frais et la pomme de terre industrielle », considèrent Pascal Desvages et Stéphane Carel. « Rappelons que la coopérative a mis en culture 150 ha de pommes de terre à destination de la production de frites et de chips, dont 1 ha en bio, en partenariat avec Wecxsteen Industrie Potatoes dirigée par Christophe Paques ». C’est aussi une réponse partielle à l’arrêt de la production de betteraves sucrières puisque ce projet vise, à terme, 150 ha/an (avec une rotation de 5 ans) et implique différents prestataires comme certaines ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) locales plombées par le dossier « betterave ». Une fois les fondations solidifiées, la coopérative de Creully envisage la construction d’un outil de conditionnement et de stockage spécifique au plant de pommes de terre (2023? ).
A ce jour, la France cultive 23 200 ha de plant avec une croissance annuelle de 1 000 ha. « Nous travaillons avec 70 producteurs répartis dans les grandes régions de production et le territoire de Creully, pour des raisons sanitaires et avec sa bordure maritime, présente un réel potentiel de développement », assure Mathieu Bertrand (Comptoir du Plant, filiale de Wecxsteen créée en 1999 et spécialisée dans la commercialisation de plant). « Chaque année, nous testons plus de 200 variétés en microparcelles afin d’anticiper les mutations perpétuelles de notre environnement ». Entreprise de proximité et à taille humaine, Wecxsteen partage les mêmes valeurs que la coopérative de Creully et d’insister de part et d’autre sur « un partenariat fiable afin de pérenniser les relations ». Pour être complet, ce projet est un billard à 3 bandes puisque sur le terrain, ce sont les techniciens et inspecteurs du Comité Nord Plants de Pommes de Terre, une des 3 OP (Organisation de Producteurs) françaises, qui sera à la manœuvre et au suivi technique sans oublier pour autant Martin Allard, Monsieur « patate » de la coopérative de Creully.
Dans le retro : il y a 40 ans
« Un moral de gagneur » selon son président Gérard Durocher. C’était il y a un peu plus de 40 ans, le 10 janvier 1980, devant une salle bien remplie que le président de la coopérative de Creully insiste sur la formation de ses adhérents tant sur l’exploitation que sur la recherche de nouveaux responsables. L’occasion également de faire le point sur la moisson abondante : + 19 % en blé, + 16 % en orge et + 26 % en maïs. Soit un total de 300 000 qt pour une capacité de stockage de 186 000 qt. Et encore, c’est sans compter sur le colza (+ 217 %) et la fèverole (+ 157 %).  La commercialisation s’avère délicate et Aldéric Picard, alors président de Coop Can, d’inviter à la prudence : « cette année les emblavements en blé fourrager ont pris plus d’importance, 60 % de nos blés va à l’alimentation animale, il faudrait que cette proportion diminue en faveur de la meunerie ». Malgré cette conjoncture délicate, l’assemblée générale votera un complément de prix de 1 F/qt (franc) en blé, 5 F pour le colza, 1,50 F pour la fèverole, et 0,30 F pour l’orge et le maïs. Une époque où le blé de meunerie, départ Ile-de-France, était à 98-99 F. Le mot de la fin à Mr Rothé (directeur de la DDA) : « il faut viser à produire le quintal au meilleur prix plus qu’un maximum de quintaux à l’hectare ».

 

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