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Désherbage du lin
De sa réussite dépend la qualité des matières premières

L’objectif du liniculteur est d’éliminer toutes les adventices à longue tige qui pourraient être récoltées avec les pailles de lin.

Deux à quatre passages sont souvent nécessaires avec des herbicides choisis en fonction des adventices, du stade du lin et des conditions d’application. Mais la maîtrise des adventices doit également être pensée au niveau de la rotation.

Les adventices à grande tige indésirables
Le lin, peu couvrant durant les premières semaines de son cycle, est très sensible à la concurrence des adventices qui vont avoir un impact sur la production de paille en limitant la lumière, l’eau et les éléments fertilisants. La présence de mauvaises herbes augmente également l’humidité des balles lors de récoltes difficiles. Mais la conséquence la plus grave est la dépréciation des qualités des matières premières qui peut entraîner un déclassement et donc une perte de revenu. En effet, si des adventices (elles aussi porteuses de fibres) sont récoltées en même temps que les pailles de lin, elles subissent, comme le lin, le teillage (opération qui consiste à extraire les
fibres). Or, les turbines de teillage ne peuvent pas toujours les éliminer, au même titre que les ficelles en polypropylène et autres matières plastiques. Les fibres d’adventices se retrouvent alors dans les fibres de lin ; leur composition étant différente de celle des fibres de lin, elles ne fixent pas les couleurs de la même manière et le fil puis le tissu sont pollués irrémédiablement. Aucun blanchiment ni coloration ne permet de “gommer” ces impuretés. La solution la plus parfaite et la plus économique réside donc dans la réussite du désherbage au champ. Deux adventices sont particulièrement redoutées : la renouée liseron et le liseron des haies car elles s’enroulent autour des tiges de lin. Il est alors quasiment impossible de les extraire au moment de la transformation. D’autres adventices également très hautes ou rampantes sont problématiques : chénopode, renouée des oiseaux, renouée persicaire, crucifères, repousse de colza et de blé, chiendent... Les graminées peuvent en effet aussi polluer les petits brins. En revanche, les adventices à faible développement telle la véronique ne sont pas gênantes, sauf au moment de la levée où elles concurrencent la culture.

Deux à quatre passages
La stratégie de désherbage du lin peut s’apparenter à celle de la betterave avec plusieurs passages. Le nombre moyen de traitements est de trois, mais peut aller jusqu’à quatre selon les situations. Le liniculteur doit à la fois tenir compte de la flore adventice, du stade du lin et des conditions de pulvérisation pour élaborer son programme. Celui-ci peut également dépendre de l’organisation de l’exploitation.
Ainsi, les producteurs qui ont peu de temps pour surveiller leur linière régulièrement partiront sur un prélevée complété par une postlevée si nécessaire (un ou deux traitements selon les adventices présentes), notamment en présence de renouée liseron et de liserons car les produits de prélevée ne sont pas efficaces contre ces deux adventices. 40 à 50 % des liniculteurs ne reviennent pas après la prélevée. Les producteurs, qui disposent de plus de temps et qui connaissent les adventices qui vont lever, peuvent appliquer un programme composé de un à quatre traitements, avec ou sans prélevée. Miser uniquement sur la postlevée peut cependant être risqué car les conditions météo peuvent empêcher les interventions au bon stade des mauvaises herbes. La prélevée permet d’assurer le désherbage. On note d’ailleurs le nombre élevé de liniculteurs qui la pratiquent. Au final, le coût du désherbage du lin est compris entre 40 et 100 euros selon qu’il y a application ou non d’un prélevée. Ce coût ne doit pas être considéré comme important au regard de la préservation des qualités des fibres.

Une large gamme
En présemis avec incorporation, les deux antigraminées Avadex 480 et Parnass C sont peu employés. En prélevée, Mikado et Callisto sont utilisés majoritairement. En post-levée, les herbicides anti-dicotylédones les plus utilisés sont Chekker, Spéléo, Basagran SG et Emblem. Les autres produits sont plus spécifiques de certaines mauvaises herbes comme Lontrel 100 contre le chardon ou le chrysanthème des moissons, Gratil contre la capselle et le gaillet gratteron. Il convient d’intervenir sur des adventices les plus jeunes possibles mais, pour des raisons de sélectivité, il est parfois nécessaire d’attendre un certain stade du lin, notamment pour certains antidicotylédones tel Spéléo (produit racinaire). Les conditions d’application des anti-graminées sont beaucoup moins restrictives. Toujours pour des raisons de sélectivité, un intervalle minimum de dix jours doit être respecté entre un antidicotylédone et un antigraminées, surtout avec les sulfonylurées.

Agir tout au long de la rotation
Il y a quelques années, les liserons pouvaient être éliminés facilement. Aujourd’hui avec la disparition de matières actives, cette adventice pose de plus en plus de problèmes. Pour le lin, le désherbage mécanique n’étant pas une solution aujourd’hui au point, il est indispensable pour maîtriser cette adventice d’agir tout au long de la rotation. Comme il est déconseillé de travailler la terre dans le mois qui précède le semis, la technique du faux-semis ne peut pas être mise en œuvre.
En revanche, le lin étant généralement implanté derrière un blé, le déchaumage permet d’éliminer les repousses ainsi que certaines adventices. Seule une approche agronomique, notamment la succession d’un plus grand nombre de cultures dans la rotation, permettra de diminuer la pression des mauvaises herbes dans le lin. Il est un autre moyen souvent oublié pour maîtriser le stock semencier : le nettoyage des matériels pour éviter le transport de graines de parcelle à parcelle.

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