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François Hollande s'appuie sur l'exemple coopératif

François Hollande a visité l'usine en construction des Maîtres Laitiers du Cotentin, à Méautis (50). Le Président de la République veut mettre en avant des réussites. La coopérative manchoise lui permet d'illustrer ses propos. Il y a également défendu l'Europe et le marché mondial.

© VM

Pour aller mieux, il faut du temps et de la stratégie. En déplacement dans la Manche, François Hollande s'est servi des Maîtres Laitiers du Cotentin comme d'une illustration. Le déplacement présidentiel semble ainsi rempli de sous-entendus.

L'éloge du temps long
A l'aube des élections de 2017, le Président de la République a fait le parallèle entre la stratégie de la coopérative et  son action. Les deux s'inscrivent dans la durée. Même si pour montrer des réussites, il faut accélerer avec les échéances électorales. François Hollande s'est donc montré rapide en visitant une usine pas encore achevée. « La coopérative n'est pas soumise à la pression des rentabilités à court terme. Votre réussite s'inscrit dans le temps long », souligne le Président de la République.
Dans la Manche, le chef de l'État souhaite mettre en valeur les effets positifs des mesures engagées depuis le début de son quinquennat. Pour l'Élysée, les Maitres Laitiers du Cotentin reflètent ainsi la compétitivité du tissu économique français. La coopérative investit 116 millions d'euros, à Méautis. 200 emplois devraient être créés d'ici août 2017. A partir de 2018, le site de 35 000 m2 devrait produire 150 millions de lait UHT et environ 17 900 tonnes de beurre, de crème et autres produits frais.

« Quel avenir sans Europe et sans marché mondial ? »
Pour se lancer, la coopérative a signé un contrat de 11 ans avec le chinois Synutra. Le défi est technique. L'outil industriel doit donc répondre aux exigences d'un marché lointain, à travers l'allongement des dates limites de consommation (DLC). François Hollande a donc qualifié le site « d'usine du futur ». « Nous avons l'exemple d'une économie traditionnelle, avec la production laitière, qui a su s'adapter dans sa transformation et sa commercialisation (...). Il y en a qui ont peur du marché mondial. Mais quel serait l'avenir sans marché mondial, sans Europe ? », interroge le chef de l'État.
François Hollande a aussi rappelé l'impact concret de Bruxelles dans l'économie locale. La Banque Européenne d'Investissement (BEI) a ainsi financé la moitié de la somme nécessaire au projet. « Sans le plan Juncker, il n'y aurait pas eu d'investissements (...). Le rôle de l'État est aussi de fournir des outils pour faciliter les investissements », insiste François Hollande.Chtistophe Levavasseur, président de la coopérative, confirme. « Nous étions déterminés à maintenir notre indépendance. Les 50 % apportés par la BEI ont permis de booster et de motiver les autres partenaires financiers. La BEI permet également de décaler de deux ans le début du remboursement ».

Capter la valeur ajoutée en aval
Aux yeux du Président de la République, les Maîtres Laitiers du Cotentin symbolisent également un modèle français « productif, économique, social et redistributif ». Dans sa présentation de l'entreprise, Jean-François Fortin a, en effet, retracé la stratégie du groupe. « Quand je suis arrivé, la coopérative n'avait plus de capitaux propres. Nous nous sommes lancés dans les fromages frais, mais nous n'avions pas un rond ! J'ai donc sauté sur les marques distributeurs qui ne nécessitaient pas d'investissement marketing. Et j'étais également convaincu du développement de la restauration hors foyer (RHF). C'était il y a 35 ans », explique le directeur général de la coopérative. Pour développer l'entreprise, il a dû s'adapter à une logique économique propre à la coopération. « La logique veut que vous achetiez votre matière première la moins chère possible. Mon patron me demande le contraire. Comme je ne pouvais pas aller chercher la valeur en amont, je suis allé la chercher en aval ». La coopérative s'est donc orientée vers la distribution et compte aujourd'hui une centaine de filiales. Les Maîtres Laitiers du Cotentin sont désormais les premiers distributeurs de produits laitiers frais en France. « Ces résultats ont permis d'investir et d'atteindre un prix moyen de 352 EUR/1 000 litres. Bien sûr, les producteurs préféreraient 400 EUR. Mais lorsqu'ils comparent, les concurrents sont à 40 EUR de moins », se réjouit Jean-François Fortin.

« Nous faisons en sorte de réintroduire de la régulation »
Si ces choix ont permis de rémunérer les producteurs au meilleur prix, François Hollande ne pouvait pas omettre la crise laitière. « Dans cette période éprouvante, vous avez maintenu un niveau de prix. Si des producteurs ont tenu, ils vous le doivent ». Pour les autres, le président de la République explique vouloir réintroduire de la régulation. « Nous commençons à en voir les effets. Nous n'abandonnons pas les agriculteurs. Mais, nous savons qu'il compliqué de dire à un producteur de renoncer à l'essentiel de son métier : produire ». La détresse de nombreux producteurs laitiers est sans doute la limite de l'optimisme prôné par François Hollande : ça ne va pas mieux partout...

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