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Agricultrice
Jennifer Morin, « mieux vaut avoir le caractère bien trempé »

À Larchamp, commune nouvelle de Tinchebray-Bocage (61), Jennifer Morin est installée avec son mari en lait. Non issue du milieu agricole, elle revendique son statut de cheffe d’exploitation dans un milieu d’hommes.

Jennifer Morin, agricultrice
Jennifer Morin est agricultrice dans le bocage. « À 35 ans, je peux encore beaucoup apprendre. »
© DR

Jennifer Morin n’est pas de celles qu’on laisse dans un coin de champ. Cheveux à la garçonne aux reflets rouges, regard volontaire et franc, la souriante cheffe d’exploitation assume son franc-parler. La femme à la maison, l’homme dehors, ce n’est pas vraiment son style de vie. Elle ne rentre pas dans le catalogue « traite, veau, compta, enfants, cuisine ».

Fille d’ouvriers

« Je ne suis pas du milieu agricole. Mon père était routier, ma mère ouvrière d’usine puis aide à domicile », explique l’exploitante de 35 ans. Elle approche le monde agricole lors de son stage découverte en 3e. « Je suis venue ici, à Larchamp, dans la ferme du cousin de mon beau-frère. Je suis quelqu’un de manuel, j’aime le matériel. Dans la ferme, on a bien voulu m’apprendre. » L’expérience est concluante, le père de Jennifer demande que sa fille vienne travailler pendant les week-ends et les vacances. Jennifer Morin enchaîne avec un BPREA à Vire en deux ans, en alternance dans la même ferme du bocage. « J’étais la seule fille de ma classe, pas du milieu agricole, j’ai dû faire mes preuves. Surtout auprès des enseignants. Un jour, un prof m’a assurée qu’une Prim’Holstein ne pouvait pas peser plus de 400 kg. Je lui ai affirmé le contraire. Je suis venue en cours avec le ticket de l’abattoir. » Pendant la première année de formation, elle se met en couple avec son maître de stage, aujourd’hui son mari et père de leurs deux enfants. « J’avais 16 ans, il en a treize de plus que moi. Ça forge le caractère. » Elle ajoute : « j’en suis fière ! » Après son BPREA, Jennifer Morin s’associe au sein du Gaec des Bunelières en avril 2007, quelques mois après le départ à la retraite de sa belle-mère.

Polyvalente

« Quand je suis arrivée, j’ai bousculé pas mal de choses, j’ai pris la place de l’ancienne génération. On a eu des problèmes sur les veaux. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ma belle-mère les nourrissait derrière moi. Elle n’avait pas confiance. Je me suis fâchée. » Jennifer Morin s’impose auprès de son entourage plus ou moins proche comme « cheffe d’exploitation. Moi aussi, je suis patronne. Je suis quelqu’un de droit, je n’aime pas l’injustice. Les gens ont appris à me connaître ». À la ferme, Jennifer Morin est « polyvalente. Je trais, je fais les vidanges, j’ai soudé toutes les portes du bâtiment, je fais de la maçonnerie et du bardage », liste-t-elle de façon non exhaustive. Ses connaissances en mécanique, elle les doit à son père routier et « bricolo » et « à mon mari ». « Une fois, en allant chercher une pièce dans un garage, le gars m’a rigolé au nez et a appelé mon mari, qui lui a dit la même chose que moi. » Jennifer Morin ne se laisse pas faire, elle essuie les remarques et balaie les clichés. « Maintenant, je bottelle notre paille pour les veaux. Je ne laisserais ma place à personne. Et on ne vient pas m’embêter. »

Entraîneuse de foot

Même si parfois il faut « encore montrer les dents », Jennifer Morin constate que « les mentalités changent. Comme chez les routiers, on voit des femmes au volant d’un 38 tonnes. Les hommes n’ont plus le même œil, ils se sont adaptés ». Son mari Jean-François reconnaît : « elle en a voulu. Ce n’est pas simple de se faire une place quand on est une femme et encore moins quand on n’est pas du milieu ».  Jennifer Morin est aussi entraîneuse d’une équipe de foot féminine à La Selle La Forge et membre de l’association des parents d’élèves. « Je n’aime pas la routine, il me faut du challenge », sourit celle qui lance un appel : « on cherche des hommes pour l’association de parents d’élèves ».

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