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La coopérative : une entreprise propriété des agriculteurs

llll Coop de France vient d'entamer une tournée régionale. Première étape avec arrêt à Caen au stand Normandie. Michel Prugue (président de Coop de France) y a remis l'église, ou plutôt la coopérative, au coeur du village. Une expression qu'aimait placer dans ses discours Gilbert Herpe (ex-président d'Agrial aujourd'hui disparu).

© TG

>> Première étape de votre tournée des régions, aujourd'hui à Caen, en Normandie. Quel est l'objectif de ces rendez-vous ?
A intervalle régulier, nous venons faire le point avec nos adhérents sur le terrain. Même si je suis agriculteur et président de coopérative, il est toujours intéressant de recueillir l'avis de ses collègues d'autant plus que nous avons mis en place, en 2016, un nouveau projet stratégique.

>> Quels messages souhaitez-vous faire passer ?
Que les coopératives travaillent beaucoup sur la création et le partage de la valeur. Que les coopératives sont d'abord des entreprises mais des entreprises propriété des agriculteurs. Que le modèle démocratique des coopératives (un homme = une voix) est garant de l'intérêt des agriculteurs avant d'être garant de l'intérêt financier même si c'est essentiel à leur développement. Que les coopératives sont là pour apporter aux exploitations agricoles tous les éléments dont elles ont besoin pour porter leur projet individuel...

>> Pourtant, on sent poindre parfois une forme de défiance vis-à-vis de la gouvernance des coopératives, d'autant plus que la structure grossit.
Défiance dont la presse grand public se fait l'écho ?
Je ne reviendrai pas sur l'émission « Cash Investigation ». On sait comment elle est faite, qu'elle est toujours à charge. Passons là-dessus(1).
Au-delà, sur le sentiment d'une gouvernance qui ne serait pas assez proche de l'adhérent, j'y vois deux sujets.
Le premier, c'est l'investissement de l'adhérent dans sa coopérative. Il doit être présent dans les lieux de débats. Du côté des élus, ils sont dans l'obligation de garantir la pérennité de l'entreprise puisqu'elle est nécessaire au maintien des exploitations agricoles.

Second point, dans le débat sur le partage de la valeur ajoutée, on parle généralement des prix agricoles bruts payés au producteur sans tenir compte des ristournes, des compléments de prix, du système de rémunération des parts sociales qu'a mis en place la coopérative pour redistribuer du résultat...
Cependant, il y a un problème profond en France. L'agroalimentaire, coopératif ou non, ne dégage pas de marge suffisante par rapport au chiffre d'affaires. Les chiffres le montrent bien.

>> Les EGA (Etats Généraux de l'Alimentation) peuvent faire évoluer les choses dans le bon sens ?
Coop de France a été acteur des EGA en étant présent à tous les ateliers. La notion de la valeur réelle de la nourriture de nos concitoyens a été abordée et pourrait nous permettre de rebondir sur le sujet du revenu des agriculteurs de manière plus précise. Maintenant, nous attendons de voir comment le législateur va poser un certain nombre de principes. Nous avons exprimé le fait que d'avoir de bonnes intentions ne suffisait pas. Il faut donner un cadre réglementaire à tout cela sachant qu'un certain nombre de distributeurs ont indiqué qu'ils le respecteraient mais n'iraient pas au-delà. 

>> Le facteur limitant des EGA n'est-il pas que ce fut un débat franco-français alors que la coopération évolue en grande partie sur le marché mondial ?
Il est exact que le débat sur l'exportation, qui est une des forces de notre agriculture et de notre agroalimentaire, tout comme celui sur la compétitivité ont été peu présents mais cela va peut-être changer dans les semaines à venir.

>> Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux jeunes agriculteurs ?
La première question à se poser est : pour quel marché je produis ? Circuit court ? Grande distribution ? Export ? Et, ensuite, on choisit son partenaire. Quel est le plus efficace ? Le plus efficient ? Nous estimons pour notre part que la coopération est la mieux placée pour comprendre les besoins des exploitations agricoles parce que nous sommes présents sur tous les marchés, que nous apportons du volume et qu'il n'y a pas de producteur « kleenex » chez nous, que nous apportons du conseil sans oublier une dimension de solidarité avec nos caisses de péréquation et notre capacité d'intervention en cas de coup dur...
Il faut prendre en compte tous ces éléments à moyen et long terme pour faire son choix en toute connaissance de cause. Après, le jeune agriculteur est un chef d'entreprise qui dispose de sa liberté de choix.


(1) : Dans une interview publiée dans Réussir Lait de mars dernier, Damien Lacombe (président de Sodiaal Union) indique : «nous
n'avons rien à cacher. Nous sommes transparents de A à Z et présentons nos comptes dans toutes les assemblées générales. La journaliste avait eu de façon précise les réponses à toutes ses questions sur nos comptes, oralement et par écrit. L'interview avait duré 1 h 45 en juin dernier, il n'en reste que 10 mn d'extraits redécoupés dans tous les sens selon un scénario pré-établi».

>> En matière phytosanitaire, la séparation du conseil et de la vente, c'est pour demain. Une bonne ou une mauvaise idée ?
«Je ne me permettrai pas de porter un jugement de valeur. Le président de la République a fait une promesse durant la campagne qui est que l'utilisation des produits phytosanitaires diminuerait dans l'agriculture française. Dont acte mais nous disons que les phytosanitaires ne sont que des moyens de production. Si nous disposons d'alternatives efficaces techniquement et supportables économiquement, il n'y aura aucune difficulté à ce que nous évoluions. C'est d'ailleurs le sens de la discussion que j'ai eue avec le ministre de la Transition écologique. Mais attention, l'agriculture doit être traitée comme les autres secteurs d'activité, de manière équitable sur le temps de transition et avec des moyens consacrés à la mise au point de ces nouvelles techniques.
Au-delà et sur la séparation de la vente et du conseil, nous travaillons avec les services de l'Etat. Il y a une voie à explorer de manière rationnelle. On pourrait imaginer un conseil stratégique des exploitations agricoles indépendant et que le conseil au quotidien pour la protection des cultures continue à être du ressort de technicien de la coopérative puisque notre première mission, c'est de conseiller.
Par ailleurs, sur la notion de vente, nous ne vendons pas. Nous achetons, pour le compte de nos adhérents, des produits. Nous faisons office de centrale d'achat. Nous assumons la logistique, la sécurité d'utilisation... Les pouvoirs publics doivent prendre conscience de cet aspect pour ne pas casser cette dynamique. »

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