24 heures au son des motos
Emmanuel Bloyet et Sébastien Allais, agriculteurs installés dans la région d’Argentan, ont pris la direction du Mans cette semaine pour participer aux 24 h du Mans moto avec l’équipe MAS 14 (Moto Active Sport). Une épreuve prestigieuse qui leur laisse des souvenirs inoubliables.

llll Le programme de cette semaine est inhabituel pour les deux JA de l’Orne. Emmanuel Bloyet et Sébastien Allais vont quitter leur ferme le temps de quelques jours pour rejoindre la piste des 24 h du Mans moto, et plus précisément les stands, pour être prêts pour la course qui se déroule les 9 et 10 avril. La fonction de l’un et de l’autre est bien définie. Sébastien Allais fait partie de l’équipe de mécaniciens. Et il a en charge le changement de la roue avant. Quant à Emmanuel Bloyet, il fait le pompiste. Il remplit ainsi la machine toutes les 50 mn, au passage au stand. Une expérience unique que les deux compères prennent plaisir à partager.
Une chance
« A la base, ce sont des copains de mon beau-frère. Je suis allé les aider ,» se rappelle Sébastien Allais. C’est ainsi qu’en 2009, il rejoint l’équipe MAS 14 au chronométrage. Les courses se sont enchainées jusqu’à sa collaboration au Mans. Lui qui n’avait jamais posé le pied dans les tribunes a fait son entrée directement par les stands. « De nombreuses personnes rêvent de faire un tour dans les stands. Mais ce n’est pas facile. C’est une chance pour nous ». Un sentiment partagé par Manu. « Cela prend aux tripes. C’est tout simplement génial ,» raconte-t-il les yeux pétillants de souvenirs.
Une nuit blanche comme pour la moisson
Pendant une semaine, ils vivent à fond pour la course, une étape du championnat du monde d’endurance tout de même. Essais libres, vérification technique et administrative, briefing des pilotes et Team manager, qualification… Et top départ samedi 9 avril à 15 h jusqu’au lendemain, 15 h, heure levée du drapeau à damier ! Ce n’est pas simplement une course, c’est une expérience à part entière. Les deux trentenaires ornais sortent en quelque sorte de leur zone de confort, de leur quotidien. « Cela apprend le dépassement de soi » confient-ils. « Ce n’est pas une semaine de vacances parce que la pression est là. Mais c’est une véritable aventure humaine » indiquent les deux éleveurs. « C’est comme pour une moisson, on passe une nuit blanche. Mais cela nous vide la tête. On ne pense pas à la ferme, » poursuivent-ils.
Pas de mécanique paysanne
Ils n’ont pas vraiment le temps parce que leur rôle, comme celui de la quinzaine de personnes du team, est crucial. « Il faut faire vite et bien. Il faut beaucoup de concentration parce que nous avons la vie du pilote entre nos mains ». Toutes les 6 h, Sébastien Allais change la roue avant. Pourtant, la mécanique moto n’était pas dans ses cordes. Il a regardé, appris, et on lui a fait confiance. Alors il prend son rôle au sérieux. « Il n’y pas la place à de la mécanique paysanne » sourit-il. Manu Bloyet est l’un des deux pompistes de l’équipe. Les pauses sont plus courtes. A chaque passage au stand, une fois que les mécaniciens sont intervenus, il est le dernier à accéder à la moto, et remplir le réservoir. Et ce toutes les 50 mn. C’est dire si le sommeil est rare. Peu importe, il tient tout le long de la course. « Il y a un vrai état d’esprit d’équipe, de cohésion de groupe comme chez les JA, » indiquent-il.
Pas de balade
L’objectif des trois pilotes et du pilote réserve, Florentin Pigeon, Pierre-Antoine Posa, Frédéric Pigeon et Christopher Auzoux, est de terminer la course. « Même si nous sommes des amateurs, nous ne sommes pas là pour faire une balade. C’est comme quand on sème du blé, c’est pour obtenir un rendement optimal » soulignent-ils. Tout est mis en œuvre pour que la course se déroule dans les meilleures conditions.
Former des jeunes
Sébastien et Manu n’ont pas été les seuls à apprécier leur chance. Cinq jeunes du lycée de Risle-Seine de Pont-Audemer ont pu participer aux essais la semaine dernière. « Nous sommes allés au lycée pour une démonstration moto sur toute une journée pour les jeunes en formation mécanique ». Ils devaient réaliser une affiche. Et les cinq meilleurs dessinateurs ont été sélectionnés pour participer aux essais pré-Mans. Là aussi pour ces jeunes, ce fut une expérience inoubliable. « C’est comme chez les JA, nous avons la volonté de former des jeunes, de communiquer sur nos valeurs et de susciter des vocations » rappellent Sébastien et Manu.
Désormais, ils sont dans les starting-blocks. La pression monte petit à petit jusqu’à ce samedi sur la ligne de départ. « C’est vraiment un autre monde. Quand on revient le lundi, le changement est radical, » sourient les deux passionnés.
Rendez-vous sur la ligne d’arrivée ce samedi 9 avril à 15 h.