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300 collaborateurs du Crédit Agricole Normandie sur le terrain

300 collaborateurs du Crédit Agricole Normandie, dont les membres du conseil de direction, se sont rendus jeudi dernier sur le terrain. Quelque 1 200 exploitations du Calvados, de la Manche et de l’Orne ont été visitées. La conjoncture agricole était au cœur des entretiens.

Quoi de mieux qu’un tour de ferme pour prendre la température et échanger pour bien se comprendre ? Le Crédit Agricole Normandie et 300 de ses collaborateurs d’agences et du siège social ont simultanément chaussé les bottes pour aller à la rencontre de 1200 agricultrices et agriculteurs, jeunes et aînés, éleveurs ou céréaliers, des 3 départements normands. «Une opération communication pour répondre à certaines critiques», estimeront certains. «Une manière courageuse d’assumer ses responsabilités», rétorqueront les autres.
Jean-Luc Catherine (directeur général adjoint) contextualise l’initiative. «Le besoin de communication entre le chef d’exploitation et son financeur est permanent mais il l’est encore plus en temps de crise. Aujourd’hui et compte tenu de la conjoncture, il est essentiel de bien se comprendre et on discute plus concrètement sur le terrain», justifie-t-il.

Dans le Calvados : besoin de court terme
Dans ce cadre, Melinda Montebrun (responsable pôle multimarchés) et Aude Cardinal Ouin (conseillère agricole) de la caisse locale de Falaise/St-Pierre-sur-Dives/Bretteville-sur-Laize (14) se sont rendues chez David Lefort, céréalier et producteur de porcs à Vicques. Installé depuis 2006 et après avoir travaillé dans le terrassement, David Lefort fait face depuis plusieurs années au marasme porcin. S’y ajoutent en 2016 de mauvais rendements en céréales se traduisant par un déficit de 250 T qu’il devra acheter pour fabriquer son aliment à la ferme. Dans son cas, les cours baissiers du blé sont moins pénalisants que pour un pur céréalier. Néanmoins, si sa trésorerie passe encore aujourd’hui, «j’aurai besoin d’un court terme demain», annonce-t-il. «Une tendance qui tend a se multiplier», complètent Mélinda Montebrun et Aude Cardinal soulignant d’ailleurs que les courts termes sont souvent transformés en moyens termes à 7 ans. «Attention cependant à ne pas vouloir tout généraliser. Un cas ne fait pas l’autre. Nous avons une approche différenciée en fonction de la situation. L’important est de s’adapter et surtout d’anticiper avec des moyens d’accompagnement efficaces», précisent-elles.
Quant à cette opération terrain, Mélinda et Aude l’apprécient à sa juste valeur. Si l’une connaît bien les lieux, sa collègue y chausse les bottes pour la première fois. «Humainement, c’est très important. Nous montrons par cette proximité physique sur le siège de l’exploitation que nous sommes là dans les bons comme dans les mauvais moments». Autour de la tasse à café, David Lefort confirme. L’antériorité de sa relation avec la banque (déjà du temps de ses parents) est rassurante mais il faut nourrir et entretenir ce lien de proximité.  Cela passe notamment par la visite de l’atelier d’engraissement accompagnée les explications techniques de David. 

Dans l’Orne :  besoin de réactivité
« Je ne sais pas pourquoi le Crédit Agricole vient. Peut-être pour parler des assurances ?», s’interroge Hervé Durand. Cet éleveur est installé dans le secteur de Tinchebray (61) avec sa femme et sa fille. Cette ferme est l’une des exploitations visitées par Patrick Lemartinel. Le responsable du marché agricole du Crédit Agricole de Normandie n’a aujourd’hui rien à vendre. Il est simplement allé à la rencontre de plusieurs exploitants le 15 décembre dernier. Au GAEC de la Béharie, comme dans les autres fermes, le banquier a plusieurs objectifs : « depuis 18 mois, l’agriculture traverse d’importantes turbulences. Nous avons besoin de ressentir les attentes du terrain, de connaitre les motifs de satisfaction, mais aussi les points que le Crédit Agricole doit améliorer ». Patrick Lemartinel est donc surtout là pour écouter.
Juste avant la crise, le GAEC de la Beharie a investi 700 000 € dans un bâtiment neuf et un roto de traite de 30 places. A l’époque, le prix du lait atteignait 410 €/1000 litres. Cette année, il dépasse péniblement les 335 €. A la sortie de terre du projet, l’exploitation produisait 600 000 litres de lait. « Nous avons finalement pu racheter un contrat de 350 000 litres. Nous aurions été en grandes difficultés sans cette reprise. Nous avons compensé le manque à gagner par le volume, même si c’est malheureux de raisonner ainsi », explique Hervé Dumond.
Ces agriculteurs ont peu de griefs à reprocher à leur banquier. Ils se qualifient de « fidèles du Crédit Agricole ». D’ailleurs, à la question posée par Patrick Lemartinel, « quelle note sur 10 nous attribueriez-vous ?», ils répondent «9». Tout juste revendiquent-ils encore plus de réactivité. « Pour gérer une exploitation agricole, des réponses rapides sont aujourd’hui nécessaires», souligne Pauline Dumond. Pour mettre en place des lots de dindes dans le poulailler de 2 000 m2, la ferme a régulièrement besoin de financement. Dans cette production, la paye n’intervient qu’au bout de 120 jours.
En conclusion; l’agriculteur n’oublie pas d’où il vient. « Quand je me suis installé en 1982, j’avais l’équivalent de 150 € en poche. On partait de rien et j’ai monté un projet avec 40 vaches laitières. Puis en 1986, la banque nous a prêté l’argent pour monter un premier poulailler. Il ne faut pas l’oublier ».

Dans la Manche : besoin de voir
Anne Langlois (chargée de clientèle agricole à Carentan-50) a fait partie du personnel de l’établissement bancaire à se déplacer sur les exploitations agricoles avec Agnès Hardy (responsable de l’animation et du pilotage des risques au siège du Crédit Agricole). « On aime bien voir. On a besoin de voir, » indique le binôme qui reconnaît ne pas avoir toujours le temps. Face aux deux femmes, Jean-François et Christophe Duruel, deux frères installés pour l’un en 1999 et le second en 2005 à Fresville au Gaec de Marcanville, ont expliqué leur quotidien et leurs préoccupations. Cela tombe bien parce qu’on « cherche à avoir un peu plus de connaissances» confient les deux femmes. Aujourd’hui, équipés de deux robots, ils produisent un peu plus d’un million de litres de lait avec 125 vaches, une trentaine de taurillons et une vingtaine de bœufs. Certes, ils ont investi, mais ils ont aussi réalisé des travaux  eux-mêmes « parce que le prix de notre production n’est pas rémunérateur » insiste Jean-François Duruel. Si le prix du lait était meilleur, les deux frères auraient certainement fait appel davantage aux artisans. Pour autant, ces trentenaires continuent de se projeter. « On a toujours besoin d’investir, » souligne Christophe Duruel, et notamment dans les terres. « Sur les 176 ha que l’on exploite, on est propriétaire de 120 ha. C’est lourd en investissement. Mais parfois, on n’a pas le choix parce que l’agriculteur voisin veut vendre et non louer. Une annuité, c’est deux fermages » explique l’un des deux frères. Alors la démarche du Crédit Agricole est «importante, indispensable même, surtout en période de crise où la baisse des revenus en deux ans a dépassé 70 000 €. On se doit de travailler ensemble. »
« C’est à nous d’apporter une réponse, de comprendre leurs besoins, de trouver une solution avec eux pour mieux les accompagner,» rebondit Agnès Hardy.
A quelques kilomètres, démarche  identique. Brigitte Barat (directrice de l’agence centrale de Valognes) est aussi sur le terrain. « L’exploitant s’est interrogé sur notre venue mais on est dans une dynamique professionnelle, avec une volonté forte de maintenir ce lien surtout en période de crise ».

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