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Affouragement en vert

La dimension des élevages augmente. Les surfaces accessibles aux pâturages ne suivent souvent pas cette évolution. Pour permettre aux vaches laitières de tout de même consommer de l’herbe, certains éleveurs remettent au goût du jour une technique qui était très en vogue il y a une trentaine d’année : l’affouragement en vert journalier.

Ces éleveurs sont soucieux de diversifier l’alimentation de leurs vaches laitières et valoriser l’herbe de l’exploitation pour réduire leur coût alimentaire. Cette solution parait d’autant plus adaptée aux élevages dont la surface des pâtures est limitée. Les éleveurs contraints de réduire le pâturage suite à l’arrivée d’un robot de traite, peuvent aussi trouver un intérêt à cette technique.Mais la technique est exigeante en temps de travail (20 mn à 2 h par jour) et parfois en investissement (coût d’une faucheuse auto-chargeuse : 25 000 €). L’opportunité du choix de cette technique doit être mûrement réfléchie (tableau 1).Les moyens utilisés pour apporter du fourrage aux laitières étant importants avec cette technique, il parait nécessaire de veiller à la qualité du fourrage. Une enquête réalisée en Bretagne auprès de 30 exploitations utilisateurs de la technique montre que très peu de prairies naturelles sont affouragées. Un grand nombre de couverts végétaux peuvent être valorisés. Il peut s’agir de cultures dérobées entre blé et maïs permettant de valoriser des couverts hivernaux obligatoires et d’apporter du vert aux vaches à une période où elles ne peuvent pas ou peu sortir (RGI- trèfle incarnat, avoine-vesce, …). Des cultures annuelles sont aussi utilisées pour apporter une ressource fourragère en été (choux, ou colza fourrager). Il peut enfin s’agir de cultures plus pérennes et l’on rencontre surtout des couverts de RGA-TB mais aussi de luzerne, TV, et associations avec des RGA ou des RGH (figure 1).Un essai à la ferme expérimentale de Trévarez pendant l’hiver 2009 a permis de mesurer l’effet de l’introduction de 5 kg de matière sèche de RGI en zéro pâturage sur les performances des vaches laitières, en comparaison à une ration tout maïs. Peu de variation sur les résultats zootechniques sont observés (tableau 2). L’économie de correcteur azoté est de 30 %. Le temps de travail augmente, ainsi que la consommation énergétique.L’intérêt économique de l’affouragement en vert doit se raisonner en tenant compte des conditions propres de chaque exploitation. Un exemple de budget partiel peut permettre de simuler l’effet de cette technique sur son exploitation.L’exemple de budget partiel présenté (tableau 3) est calculé avec une ensileuse d’occasion et une remorque amortie. La même simulation avec une auto-chargeuse sans couteaux de 25 m3 achetée 17 000 € précédée d’une faucheuse rotative de 5 000 € aboutit à un budget négatif de 1 000 €. L’intérêt de la technique réside donc fortement dans le choix de l’équipement et dans l’organisation de son utilisation. Les types de matériel possibles sont les ensileuses à fléaux avec une benne et les remorques auto-chargeuses. Deux solutions s’offrent à l’éleveur pour ce matériel. Soit il s’équipe d’une machine spécifiquement dédiée, intégrant une barre de coupe à tambours et un attelage déporté, soit il utilise une remorque auto-chargeuse “classique” en combinaison avec une faucheuse frontale à l’avant du tracteur pour éviter deux passages du tracteur. Le montant de l’investissement et la polyvalence des matériels sont les principales différences entre les deux systèmes. Le coût d’une auto-chargeuse de 20-25 m3 avec coupe intégrée se situe aux alentours de 30 000 euros. Elle ne peut servir qu’à l’affouragement en vert et l’usure rapide de la barre de coupe limite sa durée d’amortissement. 10 à 15 000 euros sont nécessaires pour acquérir une auto-chargeuse à ameneur à fourches de même volume, à laquelle s’ajoute une faucheuse frontale et d’un tracteur équipé d’un relevage et d’une prise de force avant. Ces différents matériels peuvent utilisés séparément, la faucheuse frontale pour les récoltes d’herbe, l’auto-chargeuse pour les chantiers d’ensilage d’herbe et de foin. La durée de vie de l’auto-chargeuse seule est assez longue (20 ans). Elle permet un amortissement sur une longue période. Il existe aussi des auto-chargeuses avec des volumes plus importants.L’investissement doit être adapté à l’utilisation. Si l’utilisation est limitée à quelques mois dans l’année il faut privilégier l’acquisition de matériels polyvalents dont la valorisation sera possible grâce à d’autres chantiers (ensilage d’herbe, foin, ….) ou des matériels d’occasion (témoignage page suivante). Certains éleveurs du département ont aussi exploré l’investissement en CUMA. Le matériel n’est utilisé qu’une demi-heure à une heure par jour dans chaque exploitation. Le partage d’un tel équipement peut s’avérer très avantageux.

Témoignage : Valéry Jacqueline, éleveur au Reculey (14)

Pourquoi avez-vous choisi l’affouragement en vert ?

J’utilise cette technique de façon temporaire au printemps et à l’automne. Au printemps, c’est  pour faire la transition et utiliser de l’herbe issue de parcelles portantes alors que les prairies autour de la stabulation sont encore humides. En automne c’est pour augmenter la disponibilité en fourrage.


Quelles sont les types de prairies  que vous utilisez ?

En premier lieu il s’agit de dérobées en RGI mais aussi des parcelles en RGA-TB dont la première exploitation est affouragée et les suivantes pâturées. L’hiver 2009-10 j’ai aussi fait du colza fourrager en dérobé. Cela a très bien fonctionné. J’ai disposé de fourrages du 2 décembre à la fin mars.


Comment adaptez-vous la ration des vaches à la distribution de fourrages verts ?

C’est surtout pour économiser du fourrage conservé et toujours apporter une part d’herbe dans la ration que j’emploi cette technique. En automne, lorsqu’on est dans une période trop humide, j’arrête l’affouragement et je le remplace par de l’ensilage d’herbe. Les vaches ont ainsi toujours une part d’herbe dans leur ration, je ne modifie pas les apports azotés. C’est en automne que je visualise le plus un effet positif sur la production parce qu’avant je manquais d’herbe à cette période.


Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Selon la météo, plus ou moins pluvieuse, le poids contenu dans le volume d’une auto-chargeuse varie du simple au double. Pas facile de doser ce qu’on apporte dans ces conditions. Notre distributrice pèse, je choisis de distribuer 20 à 25 kg brut d’herbe par vache. Mais comme je ne connais pas le taux de matière sèche, il y a sans doute des variations journalières.Une autre difficulté réside sur l’hétérogénité du stade des parcelles. Il y a parfois 2 ou 3 semaines d’écart entre le début et la fin de l’exploitation d’une parcelle. Lorsqu’au cycle suivant, il faut pâturer ce n’est pas évident.


Quel a été l’investissement ?

J’ai trouvé une auto-chargeuse avec barre de coupe d’occasion en Bretagne à  10 000 €. Je l’ai depuis 2 ans. Comme je l’utilise peu, elle vieillit bien et je n’ai pour l’instant pas trop de frais.


Quels est le bilan sur le temps de travail ?

C’est le point faible de cette technique. Normalement je compte 20 mn pour remplir et vider une distributrice. Mais comme je ne dispose pas d’un tracteur dédié à cette tâche, il faut que j’ajoute le temps d’attelage et de dételage, ce qui double le temps. Chez moi je ne distribue pas l’herbe, puisque j’adhère à une Cuma distributrice. L’herbe est reprise, mélangée au reste de la ration avant d’être distribuée.A mon avis, il faut aussi prendre en compte la consommation de carburant dans le raisonnement. Lorsque les parcelles sont éloignées, le coût peut finir par devenir dissuasif.

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