Agrial et Savencia misent sur une filière laitière décarbonée

Installé depuis 2012 sur l'exploitation familiale à La Colombe (Manche), Baptiste Bourdon pilote désormais seul la structure suite au départ en retraite de ses parents en 2020 pour Colette et 2024 pour Marcel et en ayant recruté un salarié. À 38 ans, il pense à l'avenir de son système (125 vaches laitières, 160 ha dont 55 ha de prairies, 1,2 million de litres de lait par an). Son organisation doit lui permettre de se dégager du temps pour trouver un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle. Très rapidement, il a pris l'option de réduire les effectifs et augmenter la production par vache. Une nouvelle ration lui a permis de passer de 27 à 34 kg de lait en deux mois seulement. " J'ai ajouté un aliment à base de lin ", explique-t-il. Ce n'est pas le seul levier qu'il a activé.

Élever moins mais mieux

Déjà engagé dans un Cap2ER en 2021, il a mis l'accent sur une réduction de l'âge au premier vêlage. " L'objectif est d'atteindre 24 mois. Je suis à 26 mois. C'est déjà deux mois de mieux qu'auparavant ", précise l'éleveur. Il veut aussi " élever moins pour élever mieux ", faire un vide sanitaire entre deux périodes de vêlages dans la nurserie, mettre de la paille en quantité, des brosses dans la stabulation, faire des couverts végétaux à base d'avoine, tournesol et radis chinois pour " la biodiversité et le stockage de carbone dans le sol ", et tendre vers une mortalité proche de zéro. " Nous avons eu un veau mort depuis un an, c'est un de trop ", avance l'agriculteur. Et la liste est loin d'être exhaustive. Mais le but principal consiste à favoriser le bien-être animal et par conséquent celui de l'éleveur. " Des animaux qui vont bien, produisent bien et c'est un éleveur qui va bien ", concède son papa, Marcel, en retraite depuis quelques mois.

Des pistes d'amélioration

Tous ces axes de travail rentrent pleinement dans la démarche d'Agrial, coopérative qui a lié un partenariat avec Savencia depuis un an dans le but de réduire son empreinte carbone, " et d'avoir ainsi une filière laitière décarbonée ", confient Sophie Maroulier, directrice RSE d'Agrial et Sophie Godet-Morisseau, directrice générale des approvisionnements laitiers de Savencia. " C'est une démarche qui m'intéresse parce qu'il est important de savoir là où on se situe, d'évaluer la situation et voir les pistes d'amélioration ", note Baptiste Bourdon, " sans faire de grands bouleversements de l'exploitation ". Aujourd'hui, les émissions brutes de CO₂ sont de l'ordre de 0,87 kg eq/l de lait quand la moyenne est de 0,95. L'éleveur recherche son point d'équilibre entre l'économique, l'environnement et le bien-être animal.

Être encore là demain

En venant dans le berceau culturel d'Agrial de la Manche, la coopérative et l'industriel laitier confirment leur volonté " d'être encore là demain ". En effet, réduire l'empreinte carbone est un véritable challenge pour les entreprises. " Et cela ne peut se faire qu'avec les agriculteurs ", confie Sophie Godet-Morisseau. Aujourd'hui, 655 exploitations se sont engagées. " C'est plus de 50 % des exploitations en un an ", poursuit-elle. Pour fin 2026, " 100 % des producteurs Agrial livrant aux laiteries Savencia seront engagés dans cette démarche ", précise Sophie Maroulier. Ce qui correspondra à 1 300 producteurs et une production d'un milliard de litres de lait collectés. Actuellement, l'approvisionnement des producteurs d'Agrial correspond à 30 % des volumes traités par Savencia. " Nous avons une vision commune pour un lait plus durable, durable et compétitif. Ce n'est pas une approche d'écolo bobo ", note la directrice générale de Savencia. " Notre partenariat fonctionne parce que nous sommes sur la même longueur d'onde ", assurent les deux femmes.

L'accompagnement dans le diagnostic et le plan d'action se traduit par une prime climat liée à la réduction de l'empreinte environnementale.