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Diversification
Agriculture biologique : y avez-vous pensé ?

La demande est supérieure à l’offre : il n’y a pas assez de produits biologiques pour répondre aux besoins des consommateurs.

Les laiteries cherchent du lait bio. Les maraîchers bio ne peuvent pas fournir les nouveaux clients. Normandie Viande Bio recherche de nouveaux élevages bio dans la région, les salaisons des Roches Blanches sont à la recherche de porcs bio, la coopérative Biocer est en recherche constante de céréales, Lactalis offre une prime à la conversion…

1,4 % de la surface normande : c’est très peu !
La Normandie compte 540 exploitations bio fin 2007, chiffre qui a connu un fort développement dans les années 1997 à 2002, pour ensuite stagner. Peu de surfaces sont consacrées à l’agriculture biologique : 1,4 % de la SAU régionale (tableau 1). Pourtant, les fermes de notre région disposent d’atouts pour s’orienter vers l’agriculture biologique : fermes d’élevage (elles facilitent l’organisa-tion des rotations culturales avec des prairies, génèrent des engrais de ferme), niveau d’intensification fourragère modéré (permettant l’autono-mie fourragère même sans intrant) et forte présence de prairies dans les assolements (culture facile à conduire en AB).
La Normandie se place au 8e rang des régions françaises pour ses surfaces en bio et en conversion. Il faut noter que la dynamique de développement en bio est très différente entre la Haute et la Basse-Normandie.
La France est en retard dans le développement de l’agriculture biologique, ses surfaces consacrées à l’agriculture biologique ne la classent qu’au 5e rang européen, malgré l’étendue de son territoire agricole !

Un marché porteur mais pas de producteurs
La consommation de produits biologiques connaît une forte croissance en France et en Europe. Les magasins spécialisés bio déclarent connaître des croissances annuelles de chiffre d’affaires supérieures à 10 %, situation rare dans le paysage agroalimentaire. Selon Elizabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio, il manque aujourd’hui toute sorte de produits bio en France, et le défi lancé aux agriculteurs est de satisfaire la demande.
Après 4 années de surproduction affichée en lait et céréales, le revirement est là, même si quelques producteurs ne valorisent pas encore leur production en bio, non pour des raisons liées au marché mais, par exemple, à cause de leur situation géographique.
Jean-Marc Vincent, producteur de viande dans l'Orne et président de l’association Normandie Viande Bio, annonce de nouvelles demandes en viande bio pour des clients comme Carrefour, demandes impossibles à satisfaire aujourd’hui. “Il faudrait 20 à 30 nouveaux producteurs par an et par département pour répondre à cette demande” lance-t-il.
Dans le Calvados, une vingtaine de collectifs d’achat de produits bio, on parle de “paniers bio” ou d’AMAP, a vu le jour ces dernières années. La production locale de légumes et de fruits est insuffisante pour à répondre à cette demande : on manque en particulier de maraîchers bio.
Les laiteries de Normandie manquent de production en bio. Danone au Molay-Littry (14) invite à la conversion parmi ses producteurs. Lactalis encourage à nouveau ses producteurs conventionnels à se lancer en bio. L’entreprise Triballat, la Laiterie de la Motte cherchent également des producteurs bio.

Grenelle de l'Environnement et Plan Barnier de développement de l’AB
Le Grenelle de l’Environne-ment vise dans un premier temps à atteindre 6 % de la SAU en bio en 2012 et dans un second 20 % en 2020, contre 2 % actuellement. Par ailleurs, l’arrêté portant obligation pour la restauration collective publique d’utiliser 20 % de produits bio, soit 1 repas bio par semaine, a été publié au printemps 2008.
Pour atteindre ces objectifs, un plan de développement a été annoncé à l'automne 2007. Il prévoit entre autres des fonds pour la structuration des filières bio, le doublement du crédit d’impôt pour les producteurs, un financement accru de l’agriculture biologique via la prochaine révision de la PAC, la mobilisation de l’enseignement agricole avec conversion de certaines fermes de lycées…

Des aides pour accompagner les producteurs
- L’aide à la conversion : un montant par ha cultivé, versé pendant 5 ans. Le plafond de 7 600 €/an/exploi-tation n’existera plus en 2009, dans la limite des enveloppes régionales (annonce du Ministre le 16/09/08). Les montants sont de 100 €/ha de prairie permanente, 200 €/ha de culture annuelle (y compris prairie temporaire), 350 €/ha pour arboriculture et légumes de plein champ, 600 €/ha de maraîchage.
- Le crédit d’impôt qui, sous prochaine validation du budget 2009, se montera à 4 000 € maxi/an/exploitation. Le principe d’un crédit d’impôt est acquis même si l'exploitant n'est pas imposable sur le revenu.
- Les aides à la certification : le contrôle annuel de l’exploita-tion par un organisme certificateur est obligatoire et à la charge du producteur (environ 500 €/an). L’aide de la région Basse-Normandie est de 50 % de la dépense HT de certification.
- Les aides à l’investissement de la région Basse-Normandie : de 10 à 30 % du montant HT sur divers matériels spécifiques à l’exploitation biologique et sur certains bâtiments.
- L'aide à la certification des Conseils généraux de l'Eure et de Seine-Maritime à hauteur de 150 €/an.
Des adaptations vont entrer en application au 1er janvier 2009 et seront communes à tous les états de l’Union européenne.

Des changements dans les principales règles de production
La règle de base est toujours l’absence d’utilisation de produits de synthèse (engrais minéraux, phytosanitaires) conduisant à l’emploi de techniques adaptées : rotation des cultures incluant des prairies, désherbage mécanique, engrais verts, cultures associées avec des légumineuses, choix d’espèces résistantes aux agressions.
L’alimentation des animaux est biologique, elle est préférentiellement produite sur l’exploita-tion et exclut les OGM. Les ensilages ne sont plus limités et le maïs est une culture permise. En matière de santé des animaux, la prévention et les médecines douces sont la priorité, et l’emploi de traitements allopathiques (antibiotiques, vermifuges) est possible de manière limitée.
Il est possible de pratiquer l’agriculture biologique sur un atelier de son exploitation, à condition que les espèces ou variétés soumises à ces règles soient différentes de celles en conventionnel sur le reste de l’exploitation.
La conversion dure 2 ans quand la totalité de l’exploitation devient biologique. Le cahier des charges s’applique en intégralité et, pendant la période de conversion, les produits ne sont pas encore commercialisés dans le circuit bio.
Thierry METIVIER
Chambre d'Agriculture du Calvados En collaboration  avec le groupe technique bio de Normandie

Pour les Chambres d’agriculture et le réseau bio de Normandie
Un chantier prioritaire
La Chambre régionale d'agriculture de Normandie a défini pour sa nouvelle mandature le lancement d'un chantier régional stratégique sur l'agriculture biologique. Un Conseil normand de agriculture biologique (instance professionnelle), a été mis en place en collaboration avec les GRAB de Basse et Haute-Normandie. Ce Conseil est composé de représentants professionnels des Chambres d'agriculture de Normandie, des GRAB de Basse et Haute-Normandie, d'Inter Bio Normandie, et d'Irqua Normandie. L'une des missions du Conseil normand de la bio est de fixer des orientations communes et de valider les actions à mettre en œuvre conjointement pour développer l'agriculture biologique en région.

Elevage laitier bio
Quelle rentabilité ?
La question “dégage-t-on un revenu suffisant en bio ?” est souvent posée. Les 10 fermes laitières bio qui ont été suivies dans le Réseau d’Elevage Lait permettent d’y apporter une réponse. Ces 10 fermes sont spécialisées en lait et sont plutôt importantes : en moyenne 82 ha et de 300 000 litres. L’autonomie alimentaire est recherchée : le chargement de 1,3 UGB/ ha de surface fourragère permet de produire tous les fourrages (surtout de l’herbe) sur l’exploitation, les céréales sont autoconsommées. Le quota est majoritairement réalisé, et la qualité du lait (cellules, butyriques) est équivalente aux exploitations conventionnelles. 12 mois sur 12 en qualité A+ sur le critère cellules s’observe aussi sur ces fermes. Les charges opérationnelles sont très faibles (très peu d’intrants achetés) et le produit est élevé avec la perception de la plus value sur le lait. Cette combinaison permet en 2006/2007 un Excédent Brut d’Exploitation de 72 000 €, soit 43 % du produit : une efficacité économique bien supérieure à la moyenne des exploitations laitières de la région.

A lire
Les Réseaux d’Elevage publient
Les dernières publications s’illustrent au travers de :
- “Synthèse technico-économique annuelle 2006/2007” de l'ensemble des exploitations suivies : 10 groupes parmi lesquels figurent 2 groupes lait bio (190 000 l de quota avec moins de 3 500 l/ha SFP et 430 000 l de quota avec plus de 3 000 l/ha SFP) fournissent tous les indicateurs nécessaires à une appréciation complète de leurs performances techniques et économiques.
- “Vivre du lait et de la viande bovine en agriculture biologique en Basse-Normandie” : 6 cas types, dont 3 systèmes laitiers bio et 3 systèmes viande bovine bio.
- “Synthèse pluriannuelle d'un groupe d'exploitations laitières biologiques suivies sur 5 campagnes de 2001 à 2005”. Vous pourrez juger de la remarquable stabilité des résultats et leur haut niveau de performance économique.
L’accès à ces documents se fait gratuitement sur les sites internet des Chambres d’agriculture de Normandie, rubrique agriculture biologique et repères techniques et économiques.

Des formations : “comment devenir agriculteur biologique ?”
• Proposées par les Groupements d’Agriculteurs Biologiques.
Au programme : visites d’exploitations, cahier des charges,
marchés, repères techniques et économiques, les aides, les aspects techniques et administratifs de la conversion.
Calvados : contact GAB 14 au 02 31 51 66 37 : production laitière :
4 et 11 décembre 2008, vaches allaitantes : 27 novembre
et 11 décembre 2008.
Manche : contact GAB 50 au 02 33 06 45 76 : 13 novembre,
25 novembre et 16 décembre 2008.
Orne : contact GAB 61 au 02 33 31 47 82 : 23 octobre,
13 et 25 novembre 2008.
Eure et Seine-Maritime : contact GRAB HN au 02 32 78 80 46 :
24 novembre et 8 décembre 2008.
Seine-Maritime : contact CA 76 au 02 35 59 47 23 :
17 et 25 novembre 2008.

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