Aller au contenu principal

Agroforesterie : dix ans d’expérience à prolonger

L’agroforesterie pourrait constituer le symbole d’une agriculture résiliente, mais, après dix ans de recul dans l’Eure, le chemin reste encore à débroussailler. D’individuel au départ, le dossier est désormais partagé, ce qui facilite l’accumulation de références. Porté par l’ADAN (Association pour une Dynamique Agroforestière en Normandie), il bénéficie de l’appui des Chambres d’agriculture.

AGROFORESTERIE PIERRE GEGU
A Villiers-en-Desœuvre (27). L’introduction de l’arbre en milieu agricole induit une diversification de l’habitat et donc des habitants. Il va héberger une biodiversité nouvelle composée certes de ravageurs potentiels, mais également, d’auxiliaires des cultures qui vont participer à la limitation des populations de ravageurs.
© TG

L’aventure a démarré il y a treize ans. Pierre Gégu, agriculteur à Villiers-en-Desœuvre (27), a entamé la réflexion (deux années avant de se lancer) avec son voisin. « Mon idée était de retrouver un équilibre faunistique et paysager », se souvient le président de l’ADAN. Plus d’une décennie plus tard, une cinquantaine de chercheurs, techniciens, agriculteurs, élus de collectivités locales et territoriales (...) s’est retrouvée sur sa parcelle, le 30 septembre 2021, pour mesurer le chemin parcouru. Quelques réponses, mais encore beaucoup de questions « sur un sujet qu’il a fallu débroussailler. L’agroforesterie n’est pas un dogme. Chaque parcelle doit être expertisée, car il n’existe pas de solution unique », a insisté en préambule Gilles Lievens (président de la Chambre d’agriculture de l’Eure), histoire de planter le décor.  

En agroforesterie, on part pour 50 ans

Se lancer dans l’agroforesterie intraparcellaire constitue un engagement à long terme. « On part pour 50 ans, alors il faut penser d’emblée à la transmission », a souligné Yann Pivain. Le conseiller agroforesterie et biodiversité à la Chambre d’agriculture de l’Eure a retracé les grandes étapes de l’aventure à laquelle il collabore depuis le début. « Initiation en 2009 avec une dynamique qui se met aussitôt en place. 2010 : premières plantations à Villiers-en-Desœuvre. 2012 : premières réunions d’information. 2015 : année charnière avec un voyage en Charente-Maritime et dans le Gers pour aller voir une plantation 40 ans après. 2016 : création du GIEE agroforesterie en Normandie qui court jusqu’en 2030... »  L’heure n’est pas au bilan, mais, dans ce pas de temps d’un demi-siècle, quelques enseignements sont déjà à retenir. « La conception doit passer par une analyse fine des conditions pédoclimatiques pour planter la bonne essence au bon endroit. Privilégier des plants jeunes. Protéger avec filet et paillage (+ 150 % de pousse) avec vérification annuelle. Tailler régulièrement pour des questions d’ergonomie et d’agronomie (...) », au chapitre des incontournables. « Du temps de travail supplémentaire, reconnaît Pierre Gégu, mais c’est une satisfaction que de réentendre les oiseaux et observer tous les colonisateurs ».  

Des bénéfices sur les rendements

Et côté rendement ? « Les arbres tamponnent les excès climatiques : -3 à -6°C en période caniculaire. La valeur alimentaire des prairies est meilleure avec plus de MAT (Matière Azotée Totale) et une plus grande digestibilité », a dévoilé Camille Béral, chargée de recherche agroforesterie chez Agroof. En céréales, on constate « un effet brise-vent. Les quelques références obtenues donnent matière à réflexion, mais ces résultats sont peu ou pas généralisables ». Mais s’il ne s’agissait là que de l’arbre qui cache la forêt ? Si l’on considère la valeur patrimoniale du bois d’œuvre combinée à la captation carbone potentiellement valorisable, la rentabilité économique de l’agroforesterie est à envisager sous un autre angle. On pourrait même y ajouter le capital sympathie que pourrait générer cette pratique auprès du grand public. Mais sur ce point, il y a encore un gros travail de sensibilisation et d’information à réaliser en amont. Personne n’est encore venu féliciter Marc Gégu pour son initiative... En attendant la suite : investiguer un peu plus le secteur de l’élevage avec l’arbre fourrager qui se déguste 3 fois par an.

En savoir plus : contactez
Yann Pivain au 02 32 35 95 32.
yann.pivain@normandie.chambagri.fr

 

Pierre Gégu et Yann Pivain. L’agroforesterie ne conduit pas à la perte des aides PAC. Elle peut même au contraire les accroître. Les surfaces d’emprise des haies, des bosquets et des arbres fruitiers sont également éligibles. Sous certaines conditions, les arbres peuvent même être comptabilisés comme SIE.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

À 50 ans, Cyril Moitié a mis fin à ses jours.
Le Père Cyril Moitié disparu à 50 ans 
Le 21 mai 2025, le père Cyril Moitié, âgé de 50 ans, a mis fin à ses jours. Pus de 2 000 personnes lui ont rendu hommage, lui qui…
Le festival se déroulera sur deux jours les 31 mai et 1er juin prochains.
Tracto-rétro et moteurs en fête dans le Perche
Le Perche s'apprête à vibrer au son des moteurs et des amplis les 31 mai et 1er juin prochains, à l'occasion du tout…
Guillaume Marie, gérant de la Ferme de la vieille abbaye à Barbery, a accueilli Clotilde Eudier et les équipes de la Région Normandie pour une visite de la nouvelle ligne de production de la teurgoule.
L'engouement grandit autour de la teurgoule à Barbery
Teurgoule individuelle restauration, installée à Barbery, connaît un essor nouveau concernant la fabrication de la fameuse…
Quarante élèves de l'école de Gacé se sont rendus sur la ferme de Christophe Cougé au Merlerault.
Des enfants en immersion pédagogique à la ferme
Depuis le 19 mai, ce sont 19 exploitations ornaises, qui, dans le cadre du dispositif " Fermes ouvertes ", ont reçu des…
Vendredi 16 mai, le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, a remis la médaille du Mérite agricole à neuf récipiendaires.
Des agris distingués de la médaille du Mérite agricole
Vendredi 16 mai 2025, le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, a remis, au nom de la ministre de l'Agriculture et de la…
Tout au long de l'après-midi, pas moins d'une centaine de chevaux vont fouler le sable de Jullouville, seul hippodrome marin de Normandie et un des quatre de l'Hexagone.
Sur les hippodromes ou dans les champs, Claude Legrand garde la passion de l'élevage
Un coefficient de marée de 92/89, une basse mer à 16 h 45, voilà les ingrédients principaux pour organiser un…
Publicité