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André Bonnard (FNPL): « la Normandie, c'est le lait »

lll André Bonnard, secrétaire général de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL),a participé à la section lait de la FRSEA de Normandie. Cette tournée régionale est l'occasion de dresser le bilan de l'année et d'évoquer les perspectives. Charte de valeurs, loi Sapin 2, les indicateurs technico-économiques ont marqué 2016. Les sections régionales participent également à l'élaboration des futurs projets. En Normandie, un projet d'IGP se dessine notamment.

© VM

>> Qu'attendez vous de ces visites dans les régions ?
C'est un exercice de va-et-vient entre le national et l'échelon régional. On échange, on comprend mieux la perception du terrain de nos actions, de nos choix. Le second objectif de ces rencontres est de donner des  outils d'animations pour les départements. Le syndicalisme vit grâce à son réseau. Pour l'alimenter, le mieux est de le faire travailler. 

>> L'année écoulée a été marquée par de nombreuses mobilisations. Quelques mois après, pensez-vous que ces actions ont réellement permis de changer la donne, notamment face à Lactalis?
Concrètement, nous avons 30 € de plus que nos voisins européens. Lactalis avait pourtant répété qu'elle ne voulait pas payer le lait plus cher en France qu'ailleurs. Aujourd'hui, nous voulons démontrer que cette entreprise n'a pas payé plus juste pour faire plaisir, mais parce ce que ça vaut davantage. Leurs produits ont une valeur qui revient à l'amont. Notre rôle est de le rappeler. 

>> Vos détracteurs ont regretté l'accord signé avec Lactalis sur un prix qui ne couvre pas le coût de production...
La FNPL et la FNSEA n'ont pas signé l'accord et n'ont pas vocation à le faire. C'est le rôle dévolu aux organisations de producteurs. Le syndicalisme se charge, lui, de faire du bruit autour afin de parvenir à un accord. Dans la salle, les négociateurs ont estimé qu'ils n'obtiendraient pas plus. C'est le jeu dans toutes les négociations. C'est un bon accord puisque les représentants des OP ont jugé être allés au bout. Nous devons leur faire confiance quand ils expliquent l'impossibilité d'obtenir un tarif plus haut. En Europe, aucun prix du lait n'a couvert les coûts de production.

>> La mise en place d'OP commerciales peut-elle permettre de mieux négocier ?
Le système français est construit autour d'OP non commerciales. Il faut trouver le système pour leur permettre d'avoir du poids. Nous travaillons donc aujourd'hui sur les associations d'organisations de producteurs. L'expérience des OP commerciales en France est douloureuse. Les exemples allemands nous permettent d'espérer trouver un modèle d'OP non-commerciales, associées à des organisations de producteurs territoriales.

>> Au-delà des privés, pensez-vous que les coopératives jouent suffisamment leur rôle ?
La coopération a un ancrage territorial. C'est un atout incontestable. De notre point de vue, les coopératives ne s'impliquent pas suffisamment pour valoriser l'amont dans le produit fini. Nous avons des attentes plus fortes sur ce sujet. Les chartes mises en place sont considérées comme un moyen d'accéder au marché. Nous pensons qu'elles sont une source de valeur. Aujourd'hui, le consommateur est demandeur d'informations sur les pratiques dans les fermes. Nous sommes fiers de ce qui s'y passe.
Enfin, nous avons toujours le sentiment que la performance industrielle de nos coopératives n'est pas à la hauteur de leurs concurrents privés. On ne comprend pas pourquoi.

>> Agrial a envoyé son nouveau règlement intérieur à des producteurs de lait. Quel est votre sentiment ?
On a d'abord un souci sur la forme. L'élaboration de ce document a manqué de débat autour du projet coopératif. C'est idiot de s'en priver. Nous en avons besoin pour réaffirmer les valeurs coopératives. Ensuite sur le fond, certains éléments ne nous plaisent pas. Quelques aspects donnent l'impression d'une dérive intégrative. Par exemple, l'éleveur autorise l'entreprise à accéder aux données de l'exploitation. Nous sommes également contre la préférence d'approvisionnement. Nous voulons que les éleveurs laitiers restent maîtres de leur exploitation.

>> L'INAO travaille sur un cahier des charges « lait matière première ». Selon vous qui doit porter ce projet et autour de quels critères ?
A partir du moment où l'IGP porte sur la matière première, c'est aux producteurs de s'en occuper. Leurs représentants doivent se saisir de cette opportunité. Pour y parvenir, ils doivent s'appuyer sur les structures syndicales et consulaires. Le cahier des charges doit intégrer les éléments qui donnent de la valeur au produit. « Lait de Normandie » écrit sur le pot de yaourt a une valeur.
N'oublions pas le commerce international où la valeur du lait de Normandie est également énorme. La filière ne doit pas se limiter aux seuls marchés domestique et intérieur où les AOC sont déjà bien présentes. Les paysages, la pluie, la pousse de l'herbe et les côtes font l'image de la Normandie dans le monde. Il ne faut pas nuire aux AOC mais inventer quelque chose d'autre.

>> Des critères de race et de pâturage sont-ils des critères pertinents pour une IGP de Normandie ? Y-a-t-il un risque que cette IGP soit trop fermée ?
Les critères d'une IGP diffèrent de ceux d'une AOP qui protège un savoir-faire et un produit. L'IGP symbolise davantage un territoire. La race et le pâturage caractérisent plus un savoir-faire qu'une origine.

>> Vous êtes producteur de lait dans la Loire. Quelle est votre image de la Normandie ?
La Normandie, c'est le lait. C'est une évidence. Outre les formages, la tradition du beurre et de la crème existe. Un signe officiel permet de caractériser une image floue. Les producteurs de lait normand ne devront pas se tromper lors de l'élaboration de l'IGP. La Normandie a une histoire à raconter.

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