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Septoriose
Attention à l’évolution des résistances aux fongicides

Pour la première année, des souches de septoriose hautement résistantes aux triazoles ont été détectées en France.

Si leur présence en proportion des populations de cham-pignons restent généralement très faibles, leur dissémination sur la grande moitié Nord de la France doit nous interpeller. Pour l’heure, l’efficacité des triazoles est maintenue, mais jusqu’à quand ?

Des souches plus ou moins résistantes aux triazoles
Après l’extension rapide des résistances aux strobilurines, aujourd’hui généralisées sur
l’ensemble du territoire, c’est maintenant les triazoles qui inquiètent. Le phénomène est cependant différent.
La résistance de la septoriose aux strobilurines est qualifiée de qualitative. C’est noir ou blanc : une souche est soit sensible, soit résistante ; auquel cas, quelle que soit la dose de produit qu’on utilisera, le champignon sera insensible à la matière active. Du côté des triazoles, on parle de résistance quantitative, qui distingue non plus deux, mais quatre niveaux de sensibilité.
- Les champignons sensibles : ces souches étaient majoritaires encore au début des années 2000, mais elles ont aujourd’hui quasiment disparues du territoire, elles étaient sensibles à de très faibles concentrations de triazole.
- Les champignons faiblement résistants, minoritaires aujourd’hui, représentent 15 % des souches. Moins sensibles que la catégorie précédente, dès lors qu’on augmente légèrement la concentration de produit en laboratoire, on parvient toutefois à les détruire.
- Les champignons moyennement résistants, majoritaires aujourd’hui, représentent 85 % des souches. Pour les détruire, la concentration de produit doit être encore un peu supérieure.
Aux doses employées pour traiter les parcelles de blé en France, la concentration est suffisante pour agir efficacement sur les souches faiblement et moyennement résistantes. Ces niveaux de résistance modérés n’entraînent pas ou peu de dégradation de l’efficacité des triazoles au champ, à l’inverse de ce qui est observé avec les strobilurines.
- Les champignons hautement résistants, en revanche, inquiètent davantage. Soupçonnée dans un échantillon analysé par l’INRA en 2008, la présence de souches hautement résistantes est confirmée en 2009. En laboratoire, les concentrations de produits nécessaires pour les détruire sont très élevées. En proportion infime dans les parcelles de blé analysées, aucune dégradation d’efficacité des triazoles n’a pour l’heure été constatée. Mais que se passera-t-il si la proportion de ces souches venait à augmenter ? L’efficacité des triazoles pourrait sans doute être affectée. Les années à venir nous le diront.

Essayer de limiter le développement des souches hautement résistantes
Depuis 6 ans, Arvalis-Institut du végétal, en collaboration avec de nombreux partenaires* et l’INRA, conduit un réseau de plus de cent essais en France, pour suivre l’évolution des résistances de la septoriose. En début de campagne 2009, avant les premières interventions fongicides, les souches hautement résistantes n’étaient détectées que dans 6 % des essais. En fin de campagne, après les dernières applications de fongicides qui ont exercé une pression de sélection sur les champignons, la fréquence d’échantillons concernés par la détection de ces souches est passée à 11 %. Hormis dans un essai où la proportion de ces souches est de 40 %, leur présence reste souvent marginale (< 5 %). Plus que leur fréquence, c’est leur détection diffuse sur toute la moitié Nord de la France qui interpelle (voir carte). La colonisation du territoire semble rapide.
Dans les essais du réseau (voir graphique), on s’aperçoit que l’utilisation de produits comme le Joao (prothioconazole) ou le Bell (epoxiconazole + boscalid) exercent aujourd’hui une pression de sélection faible sur les souches de septoriose : les proportions de souches faiblement et moyennement résistantes aux triazoles sont comparables après deux applications de ces produits, à celles du témoin non traité. Après la double application d’Opus + prochloraze, on s’aperçoit que le pourcentage de souches moyennement résistantes est réduit, au profit des souches faiblement résistantes qui augmentent en proportion par rapport au témoin. Cet effet est lié à l’utilisation du prochloraze, particulièrement efficace sur certaines souches moyennement sensibles, comme nous pouvons le constater depuis quelques années. Malheureusement, on s’aperçoit aussi que les souches hautement résistantes semblent en tendance plus importantes après l’application de ce programmme. Il semblerait que le prochloraze exerce une pression de sélection sur les souches hautement résistantes, mais il faudra le vérifier dans les années à venir. Dans quelques essais où nous avons testés des programmes contenant une seule et non deux applications de prochloraze, on ne retrouve pas cette fois-ci cet effet de sélection. Aussi, en vue de limiter le développement de ces souches, il est vivement recommandé de réaliser une seule application maximum de prochloraze par campagne, et ce sur toutes les exploitations de France, pour que ce soit efficace ! (les spores de septoriose peuvent voler à plus de 100 km d’où l’importance d’une stratégie collective).

Diversifier les matières actives
En dehors des triazoles, deux autres familles chimiques sont efficaces contre la septoriose. On peut citer le chlorotalonil, produit de contact multi-sites, pour lequel le risque d’apparition de résistance est très faible et les produits de la famille des carboxamides, dont le seul représentant homologué pour l’instant sur céréales est le boscalid, contenu dans le Bell (associé à l’époxiconazole). De nouveaux produits contenant des matières actives de ce type font actuellement l’objet de recherche dans les firmes phytosanitaires. Ces deux types de produits, associés à des triazoles pour une meilleure efficacité, permettent de diversifier les modes d’action au sein d’un programme et de prévenir ainsi l’évolution des résistances.

* Liste des partenaires de Normandie participant au réseau de suivi des résistances de la septoriose aux fongicides, animé par Arvalis - Institut du végétal. Qu’ils en soient remerciés : Agrial, Cap Seine, les 5 Chambres d’agriculture départementales, Lepicard Agriculture, Noriap.

Pour en savoir plus
Commandez le document régional : Choisir - Traitements et interventions de printemps des céréales.
Edition Basse-Normandie 2009.
Contact : Virginie Langlois, Arvalis - Institut du végétal. 02 31 71 13 91.

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