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Aubert Lechat : les écoles ne mettent pas assez en avant l’élevage de porcs

Naisseur engraisseur, il a participé à l’enquête menée par l’Arip et la Cran, sur les ressources humaines dans les élevages de porcins normands. Il témoigne.

© JP

>> L’enquête révèle que 91 % des producteurs porcins normands le sont exclusivement. C’est votre cas. Est-ce que cela l’a toujours été ?
Non. Nous avons repris la ferme familiale avec mon frère. L’exploitation était en système classique lait cultures. Quand je suis arrivé en 1994, il n’y avait pas de quota laitier à reprendre. Alors nous avons réfléchi à un nouvel atelier animal. Nos terres, dans le sud-Manche, ne sont pas propices à de bons rendements de maïs ensilage. On a donc écarté l’option taurillons. Nous avions le choix entre les volailles et les porcs. Nous avons misé sur les porcs car l’atelier nous semblait demander davantage d’implication technique. Nous sommes naisseurs engraisseurs. Si la première partie est plus délicate, la seconde est rémunératrice. Nous avons arrêté le lait en 2016. Mon frère arrivant bientôt en fin de carrière, je ne pourrai pas garder les deux ateliers, gourmands en suivi quotidien et en responsabilités. Le bâtiment des laitières sert désormais à l’engraissement post-sevrage des porcs sur paille Label Rouge.

>> Autre point soulevé par l’enquête, la main-d’œuvre et les difficultés de recrutement. Est-ce quelque chose que vous avez dû appréhender aussi ?
Le salarié de l’atelier lait s’est installé à son compte. La porchère, après sa deuxième grossesse, s’est réorientée avec son mari dans les travaux publics, après deux ans de congé parental. Nous avons embauché une jeune fille en stage qui sortait de l’école.
Elle est restée neuf mois puis a repris une formation porcine. C’était quelqu’un de très animalier, observateur et méticuleux. Nous avons ensuite trouvé une personne en CDI, qui venait du monde porcin et qui souhaitait changer de cadre de travail. Mais les éleveurs de porcs ont du mal à trouver de la main-d’œuvre spécialisée et disponible. Les départs à la retraite sont remplacés par des salariés. Cela créé une tension supplémentaire. Quand on a un bon salarié, on fait tout pour le garder.

>> Le travail en atelier porcin semble pourtant présenter des avantages ?
Le rythme est journalier est acceptable, chez nous de 8 h à 17 h. Notre salarié travaille un week-end sur quatre, quatre jours par semaine, à 35 heures. Le salaire est bon, supérieur au reste de l’élevage, avec une prime en fin d’année liée aux bons résultats économiques de l’entreprise. L’ambiance de travail est bonne. Mais, ce qui freine le plus, c’est le travail en intérieur toute la journée. Les écoles ne mettent pas assez en avant l’élevage de porcs.

>> Les écoles justement, le rapport souligne l’importance d’accueillir les jeunes en stage, en alternance…
Certaines formations ont un module « autre production obligatoire à découvrir ». Souvent, les stagiaires ou les classes qui viennent en élevage porcin apprécient le rythme de travail. J’essaie d’intervenir dans les lycées agricoles ou les MFR pour motiver les jeunes. Les éleveurs ne doivent pas hésiter à prendre des stagiaires ou des alternants. Le souci, pour les éleveurs, peut être le logement des jeunes stagiaires : contrairement aux ateliers lait, le travail se termine tôt, il faut les occuper le soir.

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