Chambre syndicale
Aucune production n’est épargnée !
Les élus de la FDSEA ont planché sur la situation économique des productions aujourd’hui en pleine tourmente. Etat des lieux, débats et perspectives.

La réunion de rentrée de la chambre syndicale de la FDSEA de l’Eure a été marquée par un imposant ordre du jour. Il faut dire que l’actualité professionnelle agricole n’est pas en panne. La crise laitière mais aussi celle des prix de la céréale, du porc, de la viande bovine ou encore du lin compliquent sérieusement les trésoreries des agriculteurs. Dans ce contexte de crise généralisée, normal que la FDSEA mobilise tous ses acteurs pour comprendre et agir.
Etat des lieux des sections
Dans un premier temps, Emmanuel Hyest le président de la FDSEA a demandé aux présidents des sections spécialisées de faire l’état des lieux de leur production.
Régis Chopin, pour la section céréales, a parlé “d’un marché dépressif” avec des prix toujours à la traîne. “Ce sont des marchés de matières premières où se confrontent l’offre et la demande. A partir de là, le marché obéit aux fondamentaux, sans cesse révisés, et aux besoins des pays déficitaires.” Si Régis Chopin n’a pas voulu développer (en appelant ses collègues à lire l’interview consacré au sujet dans l’Eure Agricole de la semaine), il a cependant insisté sur le volet des débouchés, en particulier sur celui de l’éthanol qui représente 1,1 MT. “Aussi humble soit-il, ce débouché ne doit pas être remis en cause et il est capital pour notre filière...”
Manuel Gavelle, pour la section lait, est revenu sur l’évolution de la crise traversée par la production laitière et sur la grève du lait alors en cours. L’administrateur de la FNPL a insisté sur le travail réalisé par la profession depuis plusieurs mois. Une profession qui travaille d’arrache-pied sur la contractualisation mais aussi sur la communication positive autour du logo “Eleveurs laitiers de France.”
Joël Blaisot, pour la section porc, s’est voulu très réaliste en faisant état de cours toujours tirés à la baisse, en soulignant “qu’il s’agit là des limites de la loi de l’offre et de la demande...” Et le responsable de la section d’insister surtout sur les enseignements très “parlants” de l’observatoire des marges “avec, des marges prises par la grande distribution sur des produits de base qui varient entre 4 et 45 %. C’est le cas notamment du jambon...”
Christian Courtemanche, pour la section ovine, a été d’un optimisme raisonné et raisonnable autour de sa production “même si l’on constate aujourd’hui des cours en légère baisse”.
De l’analyse à la décision
Après ce tour d’horizon rapide, c’est Stéphane Le Guyader, conseiller FDSEA Conseil, qui a présenté deux études économiques détaillées autour des productions lait et grandes cultures de ce département. Des études qui visaient à définir les seuils de commercialisation des productions concernées. Stéphane Le Guyader s’est appuyé sur la base des exploitations suivies à l’Afgae en déclinant tous les postes de charges de l’exploitation (charges opérationnelles, de structures, sociales et fiscales...) mais aussi les produits. Même si, dans le détail de ces chiffres moyens avancés par le conseiller, il parait évident que les seuils de commercialisation annoncés dans cette étude ne sont pas en phase avec la réalité du moment. On note, par exemple, pour le lait que le seuil de commercialisation se situe à 322 € les 1000 litres.
Mais, ce qui fit débat aussi au cours de cette chambre syndicale, c’est le grand écart qui existe aujourd’hui, d’une exploitation laitière à l’autre notamment, concernant les charges opérationnelles. Même si les professionnels agricoles regrettent la faiblesse des prix payés à la production (et donc des ressources limitées pour les exploitations), force est de constater qu’il y a “des marges de progrès importantes à trouver” autour de la conduite technique et économique des exploitations concernées.
F.Carbonell