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Aurélie Mournaud : « le bio, c’est un état d’esprit »

Après treize années passées en tant que conjointe d’exploitant auprès de son mari Jean-Philippe, Aurélie Mournaud s’est officiellement installée le 1er avril 2017. À Brucourt, dans le marais, le couple élève 220 brebis Suffolks et 56 vaches Limousines, en production biologique.

© DB

lll Dans cette ancienne ferme de laitières située dans le marais, Aurélie Mournaud ne cache pas son bonheur. « J’ai eu ma première chèvre à 12 ans, se souvient-elle, de là est née une vraie passion. En faisant mes études, c’était clair, il fallait que je sois dans le milieu agricole et que j’aie ma ferme ! » Le projet d’installation se fait très tôt avec Jean-Philippe, rencontré en BTSA production animale spécialité ovin. Ensemble, ils reprennent l’activité du père de ce dernier, qui était uniquement en viande ovine bio.

Naturel et sain
« Le bio, c’est un état d’esprit, souligne Aurélie Mournaud, c’est une façon de voir la vie ». Sa priorité est le respect des animaux, « avant tout ». Que leur alimentation soit « naturelle et saine ». Le bio, c’est aussi « l’anticipation des problèmes ». Pour éviter les médicaments, l’éleveuse utilise la phytothérapie. Des seaux de pierre à lécher contenant un mélange à base de plantes pour aider à la digestion ou lutter contre le parasitisme des moutons. « La nature nous offre des moyens, pourquoi ne pas les mettre à profit ? » Les superficies dans les bâtiments sont également plus grandes que ce que préconise le cahier des charges du bio. « Je ne me vois pas vivre différemment, poursuit Aurélie Mournaud, si nos animaux sont bien, nous sommes bien ».

Le marais
« C’est aussi le respect de l’environnement, poursuit l’éleveuse, il y a eu assez de dégâts. On a davantage à gagner en s’adaptant à la nature. » Sur les 94 hectares de prairies naturelles permanentes, 95% sont dans le marais, une situation qui laisse peu de place à la chimie, comme l’explique Jean-Philippe : « tout est lessivé très vite, c’est plus une erreur de surfertiliser ». Certaines parcelles sont inondées plusieurs mois par an. Les Mournaud reçoivent l’aide spécifique MAEC SPM3 et une MAEC spécifique marais pour la sauvegarde des zones humides. Une série d’obligations y est assortie : la période de fauche et la taille des haies sont retardées, le nettoyage des terres après chaque inondation est obligatoire. Mais ce n’est pas un effort de « respecter la biodiversité », le couple a même remporté le concours 2018 des prairies fleuries du Comité Régional d’Étude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature en Normandie (CREPANT).

Une fin en douceur
Dès l’installation en 2005, Jean-Philippe et Aurélie voulaient commercialiser leur viande en direct. « On est un des seuls métiers où l’on ne maîtrise pas la vente », s’agace l’éleveur en pensant à son père qui vendait ses bêtes aux marchands de bestiaux. La commercialisation auprès des particuliers « n’a pas été facile à mettre en place au départ », du fait de l’irrégularité des commandes et de l’insécurité des paiements. Depuis 2006, le système du regroupement des achats en Amap* a permis « plus de confiance ». Le couple livre jusqu’à Marne-la-Vallée. 60% du chiffre d’affaires est réalisé en direct, le reste, dans le réseau Biocoop depuis 2018. La maîtrise des ventes permet également aux éleveurs de contrôler la destination et la fin de vie de leurs animaux.
« Nous faisons tout pour que nos bêtes aient une belle vie, insiste Aurélie Mournaud, c’est important que ça se passe le mieux possible du début à la fin. » Jean-Philippe les emmène lui-même à l’abattoir, « en douceur » et « au bon moment, pour que les bêtes n’attendent pas. »

*Association pour le maintien d’une agriculture paysanne

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