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Autonomie alimentaire : passez à l’action en toute sérénité

Dans un contexte de fluctuation des prix du lait et des intrants, la question de la réduction des coûts de production n’a jamais été autant d’actualité...

La prairie, une incontournable en Normandie à reconsidérer.
La prairie, une incontournable en Normandie à reconsidérer.
© CA 50

Augmenter l’autonomie alimentaire de son exploitation permet de réduire la dépendance aux intrants. Mais qu’entend-on vraiment par autonomie alimentaire et comment l’améliorer ? Douze éleveurs se sont penchés sur la question dans le cadre d’une formation “Améliorez l’autonomie alimentaire de votre exploitation”.L’autonomie alimentaire se définit comme la proportion d’aliments (fourrages et concentrés) produite et consommée sur l’exploitation par les animaux. Lorsque l’on parle d’autonomie alimentaire il s’agit d’augmenter l’autonomie protéique et énergétique tout en maintenant l’autonomie fourragère. L’élevage bovin moyen français est autonome en protéines à hauteur de 77 %, alors qu’il l’est à 87 % pour l’énergie et 98 % pour la masse de fourrages. Il y a donc encore une marge de progrès même si améliorer l’autonomie alimentaire c’est limiter et non pas forcément interdire le recours aux aliments extérieurs à l’exploitation.


Un diagnostic pour évaluer la cohérence de votre système !

Des outils simples existent pour mettre en évidence objectivement les leviers d’amélioration de votre système fourrager. En une demi-journée, chaque membre du groupe a pu clairement identifier les incohérences de son système : sous-valorisation des prairies, surface de maïs excessive ou quantités de concentrés trop importantes ont été souvent repérées dans le groupe. Pour un des stagiaires, c’est la sous-valorisation des prairies qui prédominait. Avec une meilleure valorisation des prairies, c’est 3 ha de maïs qui pouvaient être libérés.Ce premier travail est indispensable pour élaborer un plan d’action concret et serein vers plus d’autonomie.

La prairie, une incontournable en Normandie à reconsidérer

Quel que soit le type de système fourrager la prairie reste incontournable pour améliorer l’autonomie alimentaire. Idéalement pâturée elle peut également être récoltée en cas de manque de surfaces accessibles aux vaches laitières. Par exemple, en prévoyant son pâturage en paddocks adaptés un des éleveurs pourra valoriser raisonnablement 1 tms/ha de prairie supplémentaire soit environ 25 tonnes de matière sèche d’herbe ce qui équivaut environ à 2 ha de maïs en quantité de fourrages. En Normandie il n’est pas normal d’observer des rendements valorisés inférieurs à 5 tonnes de matière sèche par hectare !

Adapter un système durable

Quand le système est cohérent et autonome en fourrages, la deuxième étape vise à augmenter l’autonomie protéique sans que cela ne se fasse au détriment de l’autonomie énergétique. D’abord, il faut veiller à ce que les prairies soient riches en légumineuses. Ensuite, des stocks peuvent être constitués par de nouveaux fourrages, c’est le choix qu’ont fait certains stagiaires avec l’implantation de dérobées de trèfles annuels ou de prairies multi espèces pour la fauche avec trèfle violet ou luzerne, ou encore l’association céréales protéagineux du type méteil à ensiler. En introduisant de nouveaux fourrages, le lien entre système fourrager et système de culture est étroit. Il faut donc avoir simultanément un raisonnement sur l’assolement et sur la succession des cultures. Un travail est donc réalisé pour construire une rotation de culture prenant en compte les exigences de chacune (temps de retour, fertilisation, famille botanique) qui permet de produire assez de fourrages qui se complémentent bien dans une ration alimentaire. Les résultats sont très hétérogènes et dépendent des surfaces “labourables”. Certains éleveurs se voient limités à des rotations maïs/dérobée/maïs et d’autres avec plus de surface parviennent à des rotations plus abouties du type prairie (3 ans)/maïs/blé/ dérobée/maïs.

Est-ce que ça marche ?

La dernière étape consiste à transposer le nouveau système fourrager prévu dans le système d’alimentation. Même si on connaît la complémentarité des fourrages produits, il s’agit de composer précisément une ration et définir les performances techniques et économiques attendues. Pour cela, comparer sa ration à des modèles qui fonctionnent permet d’engager le changement sereinement. L’approche économique permet de vérifier la rentabilité du changement par un budget partiel. Dans le groupe, un des stagiaires souhaite augmenter la surface de luzerne pour en apporter près de 40 % dans la ration et compléter avec du maïs grain pour combler le déficit en énergie. Dans son cas, c’est 6 000 euros de charges en plus (ensilage de luzerne principalement) et 13 500 euros de charges en moins (- 4 ha de maïs, 30 tonnes d’aliments en moins). Au final, c’est 7 500 euros d’économies envisageables. Pour finaliser la démarche il est essentiel de refaire un point un an après pour s’assurer que les économies prévues sont effectives pour éventuellement réagir.

Agenda

Améliorez l’autonomie alimentaire de votre exploitation en formation c’est à partir du 24 février avec la Chambre d’agriculture de la Manche. Plus d’infos sur  www.manche.chambagri.fr


Témoignages

Stéphane Giard en GAEC à Laulne - 150 vaches laitières

En m’inscrivant à cette formation, ma première motivation était d’augmenter l’autonomie alimentaire pour réduire les coûts de production. Nous avions déjà engagé des modifications avec la laiterie concernant le pâturage. Ici j’ai pu mesurer le potentiel de production de nouveaux fourrages sur nos surfaces et avec mon associé nous avons aussitôt implanté des dérobées et des prairies de trois ans à base de trèfle. L’avantage de cette formation est qu’elle est complète puisque l’on aborde tout, du système fourrager à la ration en passant par la conduite de cultures et les résultats économiques. Venir dans un groupe permet enfin de se comparer aux autres et de se rassurer dans ses choix.


Philippe Germain exploitant individuel à Saint-Martin le Gréard - 50 vaches laitières

Au départ je souhaitais voir comment diversifier mes cultures pour de meilleures rotations, ainsi que modifier la ration alimentaire hivernale des VL en diminuant la part de maïs et faire face au prix des protéines. J’ai choisi la formation pour pouvoir discuter avec d’autres éleveurs en toute transparence ce que le conseil individuel ne permet pas. Grâce à la formation, j’ai amélioré mon circuit de pâturage en diminuant encore la surface de mes paddocks pour limiter le temps de séjour par parcelle. De plus j’ai remplacé le blé par de l’orge, plus intéressante dans la ration et surtout plus précoce ce qui permet de ressemer une prairie assez tôt. J’ai donc fait le choix d’implanter des prairies de fauche et des dérobées de 6 mois riches en légumineuses. La diversification de la ration permettra d’apporter plus de fibres et donc limiter les problèmes d’acidose liés au maïs. Cette formation m’a permis d’apprécier les différents choix possibles et retenir les plus cohérents avec mes sols et mon temps de travail disponible.

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