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Bâtiments d’élevage bovins : comment faire des économies ?

L’investissement dans un bâtiment d’élevage impacte sensiblement et durablement sur le coût de production.

Sa maîtrise est déterminante pour maintenir un revenu suffisant dans les exploitations. Les possibilités d’économies sont multiples. On les retrouve à tous les stades du projet bâtiment, de la conception à la construction. Encore faut-il les connaître et pouvoir prendre le temps de les mettre en œuvre sans précipitation et de manière la plus rationnelle possible.La première étape de conception du projet ne doit pas être sous-estimée. Le projet bâtiment doit être bien pensé avant toute concrétisation. Une part importante des économies qui seront réalisées tout au long du projet s’obtient dés cette étape de réflexion et de planification. Il est essentiel à ce stade de confronter ses idées à un œil extérieur, neutre, qui mettra en évidence, point par point, les idées à retravailler. Il ne faudra pas, notamment, se limiter à un seul scénario. C’est de cette confrontation et de cette analyse que prendra forme progressivement le projet bâtiment.Pour affiner cette approche, notamment d’un point de vue financier, il est alors nécessaire de prendre contact avec les entreprises de chaque corps de métier et faire faire les devis. Cette phase de sélection des entreprises et de négociation des prix, bien que fastidieuse et synonyme de perte de temps pour certain, est pourtant une étape essentielle dans la recherche des possibilités d’économie. Une attention particulière devra être portée à la planification des différentes étapes du projet, de la conception à la réalisation des travaux. Une bonne organisation est un gage d’efficacité et de qualité. L’anticipation rendue ainsi possible permettra d’éviter les précipitations toujours néfastes à l’optimisation des coûts. Ne pas se donner un temps suffisant pour réfléchir son projet se solde souvent par de mauvais choix techniques. La phase essentielle de négociation des prix peut également être bâclée. Enfin certains travaux, faute d’anticipation devront se faire à des périodes inappropriées, ce qui se soldera toujours par des surcoûts.


Terrassement : des possibilités d’économies sous estimés

Les choix techniques du projet de construction ont également une conséquence directe et forte sur l’économie globale obtenue. La part du poste terrassement ne déroge pas à cette règle mais est pourtant souvent sous-estimée. Les nombreux facteurs ayant une part dans la note terrassement sont autant de voies d’économie qu’il est utile d’explorer. Et le choix de l’’implantation du bâtiment en est le premier élément.On veillera notamment à s’adapter au mieux à la topographie du terrain en place pour limiter les surcoûts de pelleteuse : parallèle aux courbes de niveaux, avec un niveau d’encaissement réfléchi pour travailler le plus possible en déblai/remblai. L’apport de remblai extérieur sera du coup limité et les surcoûts de fondation évités. Les puits d’ancrage sont en effet d’autant plus profonds et coûteux que l’épaisseur de remblai à traverser est importante. Pour les mêmes raisons, la disposition des différents espaces intérieurs situés à des niveaux de hauteur différents (alimentation à + 20 cm par rapport à l’aire d’exercice ou couchage à - 40 cm du niveau du quai ...) doit s’adapter au mieux aux différences de niveau du terrain naturel. On évitera par exemple d’orienter une litière intégrale avec quai à contre pente (alimentation côté pente) ou de placer une laiterie de plein pied du côté du talus. Le choix de l’emplacement du bâtiment vis-à-vis du réseau routier en place et la possibilité de réutiliser la voirie existante pour limiter les coûts devront également être étudiés. On veillera à adapter le type de voirie (profil, épaisseur, type de matériaux) à l’utilisation qu’il en est fait, sans pour autant lésiner sur sa qualité et donc sa durabilité. Des économies faites au détriment de la qualité s’avèrent finalement souvent très coûteuses et toujours préjudiciables.


Le béton n’est pas toujours nécessaire

Les choix constructifs, tant au niveau du poste maçonnerie que celui de la charpente impactent également fortement sur le coût global du projet. Et la tendance actuelle est à l’optimisation.Le béton est omniprésent dans nos bâtiments agricoles mais n’est pourtant pas nécessaire partout et en si grande quantité. Pour réduire les coûts il ne faut pas avoir peur d’adapter la classe de béton utilisée et l’épaisseur de l’ouvrage à l’usage souhaité. Pour les sols par exemple, nul n’est besoin de surpayer le béton destiné à la fondation des murs en utilisant un béton plutôt destiné aux situations plus exposées et agressives comme celui utilisé pour les fumières ou les silos ! On limitera également les dalles bétonnées aux situations où elles sont strictement nécessaires : zones de circulation des animaux, auges... D’ailleurs certains éleveurs ont déjà fait le choix de limiter la partie bétonnée du couloir de distribution à la simple largeur de l’auge (1.5 à 2 m) et d’empierrer correctement le restant pour le passage du tracteur. Les aires d’exercice habituellement bétonnées sur 4.5 m à 5 m de large peuvent également être limitées à 4 m sans inconvénient pour la circulation du troupeau ou le maintien de la propreté des animaux. Il faudra toutefois bien respecter la surface d’aire de vie totale par animal (couchage plus profond).

Des matériaux moins chers

Une autre voie d’économie consiste à remplacer le béton par des matériaux moins chers et aussi adaptés., les silos ou même le couloir d’alimentation peuvent être remplacés par des matériaux à base de bitume comme certains enrobés coulés à chaud.Le terrassement devra toutefois être impeccable et la mise en œuvre se faire exclusivement par entreprise. A 15 €/m², le gain financier est de l’ordre de 45 % par rapport à un béton classique.


Parois : la bonne hauteur au bon endroit

Limiter les hauteurs de parois au strict nécessaire est une source évidente d’économie. Prenons par exemple le mur extérieur d’une stabulation, le long de la table d’alimentation. Ce muret est important. Il permet d’éviter que le bardage ou les poteaux soient en contact avec le sol (pourrissement ou oxydation du bardage). Il ne sert toutefois pas de mur d’appuis et ne doit donc pas être prévu et dimensionné comme tel. Une hauteur de 20 cm par rapport au niveau du sol du couloir, en parpaing de 20 cm sera, du coup, amplement suffisant. De la même façon, la paroi pleine (étanche) arrière d’une stabulation (côté couchage) limitée à 2 m peut être constituée à sa base de 20 cm de mur maçonné complétés par une paroi pleine en bois de 1.80 m (madriers horizontaux posés). Dans certaines stabulations, le mur maçonné est limité à 60 cm de haut (couloir arrière de logettes) ou 75 cm (couchage paillé) et est complété à 2 m par un simple bardage plein (planches disposées à clin, ou couvre joint sur bardage bois claire-voie), mais protégé des animaux par une double lisse. Pour limiter le coût des parois il convient également de limiter la hauteur du bâtiment au strict nécessaire (hauteur du tracteur pour curage ou alimentation par exemple). En effet, les volumes des bâtiments d’élevage actuels suffisent déjà très largement aux besoins des animaux. L’augmentation des hauteurs de bâtiment ne peut avoir finalement que des conséquences néfastes : celui de réduire l’efficacité de la ventilation et d’augmenter les surfaces de bardage et de portails à poser.Enfin, si le bardage s’impose pour les parois situées sous les vents pluvieux, il n’est pas nécessaire pour les façades bien exposées. L’ouverture des bâtiments exposés en sud-est ou en sud sud-est est possible. Outre la réduction des coûts, ce choix technique a également de nombreux autres avantages :

- meilleur éclairement naturel par une meilleure pénétration du soleil dans le bâtiment ;

- effet bénéfique sur la santé des animaux ;

- assèchement des litières et des bétons.


Economies en charpente, faut-il tout couvrir ?

Le coût de la charpente représente à lui seul jusqu’à 35 % du coût total d’un bâtiment neuf. Il semble donc essentiel d’optimiser également ce poste. Avant toute conception, au risque même parfois de choquer, la question majeure à se poser reste la suivante : quelles surfaces faut-il réellement couvrir ?Le souhait de tout couvrir est souvent né d’une obligation de mise aux normes conjuguée à la difficulté de gérer des déjections sur ces aires non couvertes. Cette approche a pourtant un coût qu’il est risqué de sous-estimer. Elle pose également le problème du bien-être des animaux, sur un aspect majeur, qui est l’ambiance dans le bâtiment (ventilation, condensation,…). Grâce aux filières de traitement qui limitent les volumes de lisier à stocker avec des aires non couvertes, et à des conceptions de bâtiment plus adaptées, on peut aujourd’hui concilier l’ensemble de ces paramètres et proposer aux éleveurs des solutions cohérentes et économiques.Mais sans parler de la simple surface à couvrir, la conception même du bâtiment peut permettre de réduire drastiquement le coût de la charpente. On cherchera notamment à réduire l’entre axe poteaux ou tout au moins à le limiter à 15-16 m.


Quel pourcentage d’économie au final …

Des économies au final de 15 à 30 % pour chacun de ces postes sont possibles. Enfin, cette liste des voies d’économie en bâtiment agricole ne serait pas complète si nous n’abordions pas l’auto-construction. Elle constitue en effet à elle seule une possibilité d’économie substantielle qui peut rajouter jusqu’à 30 % d’économies supplémentaires sur le gros oeuvre pour des éleveurs aguerris à la pratique de la construction. Il faut cependant rester prudent et ne pas se lancer sans expérience et savoir faire. Les erreurs peuvent finalement coûter plus cher que le gain espéré ! Et le temps passé à construire le bâtiment ne l’est pas à conduire son exploitation. Combien d’éleveurs, privilégiant la construction au suivi du troupeau ont finalement essuyé une baisse durable de leur résultat d’exploitation. L’auto-construction peut passer par l’embauche d’un tâcheron ou l’utilisation d’une assistance au montage pour les bâtiments en kit. Enfin il semble important de préciser que la recherche des réductions de coût ne doit pas être une fin en soit. Rechercher l’économie ne signifie pas uniquement investir moins, mais surtout investir bien en parfaite corrélation avec les besoins de l’exploitation et la capacité à investir. Rappelons qu’un projet bâtiment est un compromis conciliant la commande de l’éleveur à un grand nombre de facteurs étroitement liés : aspects sanitaires, bien-être animal, travail. Il serait dangereux de vouloir privilégier la seule optimisation des coûts aux autres aspects du projet. La rentabilité même de l’exploitation pourrait en être affectée.

A lire

Brochure : “Bâtiments d’élevage bovins : comment réduire les coûts d’investissement ?”Cette brochure sous forme de fiches est disponible sur le site de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire. www.agrilianet.com

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