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Bois : “il faut raisonner filière”

Ingénieur agronome à la retraite, Léon Letenneur est à l’origine d’une étude sur la filière bois-énergie. Valoriser la haie pour qu’elle ne devienne pas une charge est le leitmotiv de ce sexagénaire, riche d’idées pour que la filière soit compétitive.

© SB

Originaire de Marchésieux (Manche), et revenu à la retraite sur sa commune d’origine, Léon Letenneur a fait toute sa carrière professionnelle outre-mer. L’Afrique, l’Asie, l’Amérique centrale ont été ses terres. Et aujourd’hui, certains objets en témoignent comme son bureau venant du Pakistan, un tableau d’Afrique… Pour autant, il n’a jamais oublié ses racines familiales. Ingénieur pour le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), il a eu l’habitude de conduire des études sur différentes filières, tout en ayant à l’esprit le développement économique.

30 ans plus tard
De retour à Marchésieux, il s’est donc penché sur la filière bois. Il est parti d’une première étude réalisée sur la commune manchoise en 1978 qui retraçait les haies, la consommation des habitants… Une trentaine d’années plus tard, l’état des lieux n’était plus le même. Un état des lieux réalisé avec le soutien de la présidente de la Communauté de communes Sèves-Taute, Anne Hébert, la Chambre d’agriculture et tous les acteurs investis dans le domaine du bois, bénéficiant d’aides notamment de la Région et de l’Europe pour conduire ces nouveaux travaux.

Une production divisée par 6
Sur la commune de Marchésieux, le bilan est sans appel. “Le linéaire a été divisé par 2,5. Ce n’est pas catastrophique. Mais la production de la haie a été divisée par 6. Là, c’est plus grave” souligne Léon Letenneur. Certes, le paysage reste bocager. Mais il faut en prendre soin, le gérer de manière durable pour le préserver. Il en a la certitude. Il en fait donc son cheval de bataille.

La première chaudière collective
Alors, au travers de l’ADEN (Association pour le développement des énergies nouvelles) dont il a été président quelques années, la première chaudière collective est installée à Marchésieux, permettant de chauffer les écoles et la mairie grâce à un approvisionnement en
plaquettes. “A l’époque, en 1982, c’était pilote” reconnaît-il. La commune a essuyé les plâtres parce qu’il fallait fignoler les réglages. Ce qui n’a pas découragé la municipalité il y 7 ans quand la chaudière a rendu l’âme. Elle l’a remplacée par une nouvelle chaudière bois qui alimente en plus la médiathèque. “Une décision intelligente” soulignée par Léon Letenneur. “On pourrait même aller jusqu’à créer un réseau de chaleur” rêve cet ancien ingénieur.
Au niveau du Conseil général de la Manche, qui depuis de nombreuses années soutient le paysage bocager, il a équipé pas moins de 14 collèges de chaudières bois, nécessitant 2 600 tonnes de bois déchiqueté par an. Ce qui est un élément essentiel pour le développement de la filière.

Tenir le coup
Pour tenir le coup, il n’y a pas de multiples solutions. A ses yeux, “la haie doit être un élément du système de production agricole. Cela veut dire que la haie ne doit pas être une charge pour l’exploitant agricole, qu’il doit externaliser les travaux ou qu’il les fasse lui-même, qu’il en reçoive un bénéfice”. Mais pour cela, il faut valoriser la filière. “Il faut sans cesse démontrer l’intérêt de la haie” martèle Léon Letenneur, et trouver la méthode pour que la haie soit entretenue à moindre coût. C’est ce que la Chambre d’agriculture tente de faire en définissant des “itinéraires techniques”.
Aujourd’hui, avec la nouvelle PAC, la haie fait partie de la surface agricole. Or, “pour l’agriculteur, elle est bien souvent une charge”. Si aucun plan de gestion durable n’est mis en place, la haie risque de ne pas apporter tout le rendement escompté.

Organiser la filière
Le constat, que Léon Letenneur a réalisé, le conduit à penser qu’il faut “favoriser les petits réseaux de chaleur en imposant du bois local”. Et il va même plus loin. “Créons l’OPEB, l’organisation des producteurs d’énergie bocagère” à l’échelle de la région, voire de la France. “Je rêve un peu en disant cela” explique-t-il. Mais peut-être pas tant que ça puisque les propositions de l’AFAC (Association française arbres champêtres et agroforesteries) vont dans ce sens, et qu’elles sont prises en compte par le ministère de l’Agriculture. Selon Léon Letenneur, “c’est la solution pour que le Bocage tienne le coup”.

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