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Désherber en plein avec la herse étrille, sur maïs et lin

Quand on parle de désherbage du maïs en bio, on pense d’emblée à la bineuse. Sur le lin, ce pourrait être un outil d’avenir avec la mise au point de matériels précis pour des inter-rangs réduits. Mais le désherbage en plein reste un pilier dans l’itinéraire de désherbage, avec la herse étrille, répandue, ou la roto-étrille, outil de plus en plus présent.

Le préalable : la place dans la rotation
En ce qui concerne le maïs, dans tous les systèmes, on peut le placer l’année qui suit, ou dans les deux ans après la destruction d’une prairie temporaire contenant des légumineuses. Il en valorisera les fournitures azotées. Ceci combiné avec un semis à partir du 15-20 mai, on vise une levée et croissance initiale rapides, en tout cas plus rapides que celles des adventices. Pour le lin, également, on recherche évidemment une parcelle plutôt « propre ». Il vient fréquemment derrière un blé de luzerne (ou autres espèces fourragères). Des producteurs introduisent un couvert entre blé et lin, avec une importance variable de légumineuses, à raisonner selon les fournitures potentielles de la parcelle en azote. Il s’agit de ne pas « faire verser » le lin. Le semis, comme en maïs, est décalé par rapport aux dates médianes du conventionnel : si possible une dizaine de jours plus tard, jusqu’au 15 avril.
Désherbage « précoce » du lin : à partir de 7 cm
La herse est un outil utilisable sur lin, mais pas trop tôt. Certains essaient à partir de 4 cm, mais généralement les premiers passages attendent 7 cm. Le réglage va dépendre du bon enracinement de la culture, mais aussi bien sûr de la densité d’adventices. Donc, avant 7 cm, la seule opération est plutôt un roulage post-semis pour aplanir et « freiner » autant que possible les altises.
Sur maïs, la herse étrille en post-semis précoce, est vraiment efficace.
Sur une culture de maïs suivie par la Chambre d’agriculture du  Calvados au GAEC Anne-Godard à Tour-en-Bessin, 4 modalités ont été testées dans la parcelle de l’agriculteur :
- un seul passage de herse étrille en pré-levée (5 jours après le semis)
- un seul passage de herse étrille au stade 5 feuilles
- deux passages de herse étrille : en prélevée et au stade 5 feuilles
- aucun passage (témoin)
Principal résultat : les deux modalités avec un passage en prélevée contiennent significativement moins d’adventices que le témoin et la modalité avec un passage seul au stade 5 feuilles (respectivement 100 adventices/m² et 300 adventices/m²).
En termes de densité par espèce, le passage en prélevée permet une réduction importante de l’ensemble des dicotylédones annuelles (cf. figure ci dessus).
Concernant les vivaces, aucune modalité de désherbage mécanique n’a permis de diminuer la densité du liseron.

Témoignages

Philippe Marie, éleveur en lait bio au Locheur (14) : avant de penser désherbage du maïs, priorité au choix de la parcelle
Le maïs-fourrage est implanté de préférence derrière une prairie temporaire, détruite par « scalpage ». Puis viennent un labour, le moins profond possible pour ne pas remonter les résidus de destruction de prairie, un roulage, et un outil à dent pour finir la préparation du lit de semences. J’évite tout outil animé juste avant semis pour ne pas multiplier les rumex. Quelques jours après un semis à 5 cm de profondeur, un premier passage de herse étrille vise à détruire les germinations d’adventices, et perturber les corbeaux. Le réglage est semi-agressif à 12-15 km/h.  Ensuite, une bâche blanche de 1m² me sert à déclencher le second passage de herse étrille, quand les adventices lèvent sous la bâche. Le maïs est entre le stade « cigare » et quelques feuilles. Ce second passage est moins rapide pour ménager le maïs. Selon enherbement ou météo, un troisième passage a lieu.
Ces passages précoces, en plein, permettent de maîtriser les adventices à leur stade le plus sensible, le stade filaments-levée. Il s’agit de lever la concurrence précoce et de permettre au maïs de « prendre le dessus ». A partir de 8 feuilles, une bineuse passe une ou deux fois.
Christophe Hamot, céréalier bio aux Andelys (27) : rouler après le semis du lin, pour aplanir et faciliter les désherbages par la suite. L’itinéraire d’implantation du lin de printemps commence par un labour, suivi d’un passage d’outil à dents à objectif de faux-semis. Un autre passage 15 jours après vient détruire les levées et en moyenne, le semis intervient 10 jours plus tard. A priori, je gère le risque d’enherbement précoce avec 2 passages de herse étrille, à partir du stade lin 6-8 cm de haut. Sur une parcelle plus « sale » en 2018, j’ai utilisé une houe rotative au premier passage, puis 2 passages de herse étrille.
Le peuplement a été réduit d’environ 700 pieds/m², mais j’avais semé à 2400 pieds/m². Après l’arrachage, outre les retournages, un passage final de souleveuse permet de faciliter l’enroulage, surtout dans les situations où les nappes de lin sont peuplées d’adventices de façon importante.

Quelques détails sur la parcelle d’essai à Tour-en-Bessin
En sol profond limoneux, cette parcelle était historiquement en labour avec une fréquence élevée de maïs. Elle est conduite en bio depuis 2015. Les deux précédents étaient des mélanges blé/pois et triticale/pois/avoine. Suite à un couvert d’avoine, 3 passages de déchaumeur à dents ont joué le rôle de faux semis. Pour le semis, un labour a été effectué, suivi d’un passage de herse rotative. Le maïs a ensuite été semé le 28 mai à 5cm de profondeur et roulé aussitôt pour limiter les dégâts de corvidés.

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