Machinisme
Buses à injection d’air : quelle efficacité ? Quelles précautions à prendre ?
Les buses sont des éléments essentiels du pulvérisateur, elles ont un impact direct sur l'efficacité du traitement phytosanitaire.



Aujourd’hui, différents types de buses existent sur le marché, les buses à fente classique et les buses à limitation de dérive se déclinant en buses basse pression, buses à pastille de calibrage et buses à injection d’air. La technologie de ces buses par effet venturi (uniquement les injections d’air…) permet l’inclusion de bulles d’air dans les gouttelettes ce qui augmente très fortement leur diamètre.
Buses à injection d’air, les moins sensibles à la dérive
La dérive est fortement influencée par le type de buse utilisée. Les essais menés ont montré que les buses limitant la dérive diminuaient fortement le pourcentage de bouillie qui dérive. Selon les cas, cette diminution se situe entre 40 et 70 % par rapport aux buses à fente classique (Figure 1). Au sein de ces buses anti-dérive, ce sont les buses à injection d’air qui obtiennent le plus faible pourcentage de dérive. Utiliser une buse de plus gros calibre à la même pression (cela revient à augmenter le volume pour une même vitesse) aboutit à une diminution de la dérive. Cependant, augmenter la pression pour un même calibre de buse entraîne une augmentation de dérive par formation de gouttes de plus petit diamètre.
Les buses à injection d’air : un meilleur compromis
L’utilisation d’un adjuvant pour lutter contre la dérive n’est pas la meilleure solution technique. Quelle que soit la formulation de l’adjuvant, les meilleurs résultats ont été obtenus avec les buses anti-dérive. Enfin sur un plan purement économique et dans l’unique but de réduire la dérive de pulvérisation, la buse à injection d’air constitue de loin la solution la moins onéreuse à l’hectare traité (de 0,15 à 0,30 €/ha). Cependant dans des cas particuliers de traitement, la buse à injection d’air qui forme des grosses gouttes, peut être à l’origine d’une baisse significative d’efficacité par manque de couverture de la cible.
Produit de contact ou produit systémique : quelle est l’efficacité des buses à injection d’air ?
Pour les produits de contact qui agissent “là où ils tombent”, plus la cible sera couverte, meilleure sera l’efficacité. C’est pourquoi on observe un écart d’efficacité entre les buses à fente classique et les buses à injection d’air pour un même volume (Figure 2).Les buses à injection d’air produisent des grosses gouttes et une surface de contact réduite. Il faut donc les proscrire avec des herbicides de contact en dessous de 80 l/ha.Cette différence d’efficacité s’observe moins avec les herbicides systémiques beaucoup plus sensibles aux conditions d’application qu’à la qualité de pulvérisation. Les produits systémiques sont moins sensibles à la taille des gouttes puisqu’ils se déplacent par transport dans la sève des plantes. Cependant rappelons qu’avec ce type de produit, il faut chercher les conditions favorables à une pénétration rapide et massive à travers la cuticule de la plante : forte hygrométrie (>60-70 %) et températures clémentes (8 à 20° C). Cette mobilité dans la plante du produit confère une plus grande indépendance envers la qualité de pulvérisation. L’utilisation de buses à injection d’air avec des produits systémiques est donc possible même avec des faibles volumes de bouillie (>50 l/ha) sans affecter l’efficacité des traitements (Figure 3).
Les buses à injection d’air : un moyen pour réduire les Zones Non Traitées (ZNT)
Afin de réduire des ZNT de 50 et 20 m à 5 m, 3 conditions sont nécessaires, la mise en œuvre d’un couvert végétal d’au moins 5 m, enregistrer ses pratiques et diminuer les risques de dérive par 3. En conditions contrôlées, les buses à injection d’air permettent de limiter jusqu’à - 74 % la dérive par rapport à des buses à fente classique. Cependant attention, seules certaines buses sont homologuées dans ce type de pratique. La liste des buses homologuées remise à jour régulièrement, est disponible à l’adresse internet suivante : http://agriculture.gouv.fr/note-de-service-dgal-sdqpv-n2010,9344.
Et les buses à injection d’air : nouvelle génération
Elles fonctionnement avec moins de pression de 1.5 à 2 bars mini, et elles sont plus courtes, voire moins chères…Avec ce type de buses, la qualité de la pulvérisation est dégradée (taille des gouttes importante, nombre d’impacts réduit, couverture faible). On n’observe pas de différence d’efficacité par rapport aux buses à fente classique avec les produits systémiques. Cependant pour les herbicides de contact, l’efficacité de ces buses nouvelle génération est contrastée. A volume réduit (< 100 l/ha), elles ne donnent pas de résultats satisfaisants avec des produits de contact. Sur certaines adventices difficiles (la stellaire intermédiaire par exemple), les buses à fente classique ou à injection d’air classique donnent de meilleurs résultats quel que soit le volume.