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“Ça coince dans le GAEC” : une volonté de tout changer

Chaque semaine les difficultés vécues par Bruno, un des associés. Episode 8

© DR

Depuis plusieurs semaines, Bruno, agriculteur dans le département de la Manche, nous fait part de son expérience de vie en société. Le personnage de Bruno est fictif mais son témoignage s’inspire de faits réels rencontrés quotidiennement dans les sociétés agricoles.
Dans ce huitième article, Bruno témoigne sur les difficultés qu’il a rencontrées lors de l’arrivée de sa fille Aurélie dans le GAEC, cette dernière désirant que l’on prenne en compte ses avis.

“Ma fille est arrivée sur la ferme avec des projets en tête. Elle voulait tout modifier en investissant tout azimut. J’étais réticent. Ces modifications engageaient financièrement la société, et suite au départ de Michel et à l’installation d’Aurélie, la trésorerie du GAEC était tendue”.
La situation de Bruno, associé imaginaire, se rencontre fréquemment lors de l’entrée d’un associé jeune au sein d’une société. Elle peut dégénérer rapidement en conflit de générations. Bruno et sa fille ont réussi à surmonter cette difficulté.

Une répartition claire des responsabilités avec mon frère Michel
Avec mon premier associé, Michel, les responsabilités de chacun avaient été calées sur le schéma organisationnel du GAEC. J’avais en charge la conduite du troupeau laitier. Michel s'occupait du matériel, des cultures et du poulailler. Le principe que nous avions défini était le suivant : le responsable prenait les décisions courantes sur son atelier avec obligation d’informer son associé lors des réunions du GAEC ; les décisions plus importantes, par exemple les investissements, étaient validées ensemble tout en essayant de respecter une alternance entre les ateliers ; les propositions d’investissements étaient également faites par le responsable d’atelier. Ce système a fonctionné correctement tout le temps où j’ai été avec mon frère Michel.

Un schéma comparable contesté par ma fille
A l’arrivée de ma fille, l’activité du GAEC s’est recentrée sur le lait. Il a fallu redistribuer les rôles. J’ai proposé à Aurélie le partage suivant des responsabilités : pour moi, le suivi des vaches laitières ; pour ma fille, le suivi des veaux et du matériel. Mais cela n’a pas marché longtemps. Avant de revenir sur l’exploitation familiale, Aurélie a été salariée plusieurs mois au service de remplacement. Elle a travaillé dans beaucoup d’exploitations, acquis de l’expérience et recueilli de nombreuses idées d’amélioration. Lorsqu’elle m’a fait part de ses projets, je lui ai expliqué que je n’étais pas contre le fait de modifier certaines pratiques mais je trouvais que ses suggestions n’étaient pas toutes opportunes.  

Un moment de tension
Ma fille a réagi violemment. Elle m’a dit “Papa ! Je ne suis plus seulement ta fille, mais dorénavant je suis également ton associée”. Elle m’a indiqué que si elle était là juste pour faire le “larbin de service” elle ne resterait pas très longtemps. Son excès est-il dû à la jeunesse ? Peut-être, mais pas seulement. Je retrouve parfois dans ma fille, la façon de réagir de mon père ou de mon frère Michel. D’un autre côté, je ne voulais pas la brider et rentrer en conflit avec elle. Il fallait donc que nous trouvions une solution.

Un axe d’amélioration : les conditions de travail
Nous nous sommes expliqués. Nous avons convenu qu’il était important de se fixer des  priorités. Nous avons décidé de concentrer nos efforts sur l’amélioration des conditions de travail et nous avons fixé ensemble un plafond d’investissement à ne pas dépasser. Elle a travaillé sur tous les éléments de l’exploitation qui pouvaient rendre le travail plus rapide et moins pénible. J’ai été agréablement surpris par ses propositions. Nous avons procédé à un certain nombre d’améliorations et je dois reconnaitre qu’elle avait vu juste.

Auge ou tirette
Un exemple parmi d’autres : la distribution du concentré. Du temps de mon frère, nous avions un système de tirette dans la salle de traite. Ma fille trouvait cela archaïque. Je lui rétorquais que cela permettait une distribution adaptée à chaque vache. De plus, les vaches avançaient plus facilement dans la salle de traite. Mais j’ai fini par suivre son idée, cette amélioration faisant partie du plan d’action défini avec Aurélie. Nous sommes passés à une distribution à l’auge et nous avons construit un silo-tour. En définitive, la traite est devenue beaucoup plus calme et il n’y a pas eu d’incidence sur le volume global de lait produit. La quantité de concentré consommée est restée identique. C’est à la fois plus pratique, plus rapide et moins dangereux. Auparavant, il fallait monter dans le grenier et on risquait l’accident à tout instant.
Article réalisé             avec la participation financière     du Conseil général de la Manche     et du CasDAR

Le pouvoir : partagé et reconnu
Il s'agit d'améliorer la prise de décision. Dans une société tout le monde est à égalité. Chacun est porteur des valeurs du groupe et doit être reconnu comme tel, et en tant que tel participe de façon collective à la direction du groupe. En revanche l'organisation d'un groupe (ou d'une entreprise) indique une hiérarchie entre les fonctions, tout le monde ne peut s’occuper de tous.
La prise de décision est un élément essentiel de la vie en société. Elle peut être complexe voire mal vécue si elle est n’est pas reconnue et partagée.

Savoir déléguer
Il existe différents niveaux de prise de décision. Il est important de les nuancer et d’en discuter pour être clair avec ce qui est délégué à chacun :
- prendre la décision seul et agir seul ;
- prendre la décision seul, agir seul et rendre compte aux autres ;
- prendre la décision à plusieurs avant d’agir.
La délégation de la prise de la décision entre associés suppose que chacun ait confiance en l’autre et en sa capacité à prendre les bonnes décisions. Elle suppose également que celui qui reçoit la délégation se sente capable d’assumer les responsabilités qui lui sont confiées et que ces dernières ne le mettent pas en difficulté.

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