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Claude Adam-de Boever : « on ne nous a pas préparés à faire autrement »

llll Depuis 2011, Claude Adam-de Boever a rejoint son mari et élève des Normandes à La Chapelle Haute Grue. Sur une SAU de 270 ha, 110 VL produisent le lait livré à Graindorge. Il y est transformé en camembert ou livarot. Depuis 2015, l’exploitation a intégré un système Maec.

© DB

>> En quoi consistent les changements opérés sur la ferme dans le cadre des Mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec) ?
On a souscrit au système en 2015 avec l’engagement de passer à 70 % de la surface d’herbe dès la 3ème année. Cela nous a permis de convertir 15 ha de mauvais labours en prairies temporaires et d’atteindre, en 3ème année, 70 % d’herbe. On a aussi travaillé sur les phytos et baissé notre IFT. En 2015, nous étions au-dessus des 2,5 en herbicide, aujourd’hui, nous sommes en-dessous de 1,2. C’est plus compliqué pour l’herbicide sur maïs, on essaie d’utiliser moins de glyphosate en interculture en déchaumant, mais les terres sont généralement non praticables entre novembre et mars.

>> Qu’est-ce que ces mesures vous ont apporté ?
Cela nous a permis de sauter le pas vers une démarche agroécologique sans trop perdre en rentabilité. Par exemple, on est obligé de déchaumer plus pour diminuer l’utilisation du glyphosate, ce qui revient plus cher. C’est intéressant de travailler sur les IFT et de réfléchir à la façon de moins traiter. Ça nous a permis de solutionner les parcelles non rentables. Quand un système est bien calé, c’est difficile d’en sortir. Cependant, nous avons répondu aux critères sans trop d’efforts. Cela a aussi permis de sécuriser le revenu dans notre exploitation.


>> Subissez-vous les retards de paiement ?
On devrait toucher le solde de 2016 et de 2017 fin décembre. Pour 2018, ce sera au printemps 2019. Avec la crise, le retard a été compliqué, surtout au printemps 2017, ça s’est ajouté. Depuis, ça va mieux.

>> Estimez-vous ce type d’accompagnement intéressant pour les exploitants ?
Si on veut nous faire changer d’agriculture, c’est en nous aidant financièrement qu’on y arrivera. On a des emprunts à payer, on ne peut pas se permettre de prendre des risques. Mais c’est aussi en nous appuyant techniquement. Par exemple, concernant les interdictions d’antibiotiques, on fait comment ? Il existe des médecines alternatives, on s’est par exemple formé aux huiles essentielles et à l’homéopathie, mais ça ne fait pas tout.
Certains types d’antibiotiques comme le cobactan étaient très efficaces et nous permettaient d’éviter d’appeler le véto pour sauver un veau. On ne nous a pas préparé à faire autrement.
Dans notre secteur, la faible concentration en éleveurs limite l’organisation de formations par la Chambre. Or, elle demande un minimum de participants pour que la formation soit rentable...
Pour l’homéopathie, on doit donc aller dans l’Orne ou bien à l’autre bout du département.

>> Votre exploitation contient 31 km de haies. Que représente leur entretien ?
Avec ces haies, typiques du bocage, nous participons au paysage, au tourisme, à l’environnement, mais nous n’avons pas de reconnaissance.
On nous impose de les conserver. On est jardiniers à titre bénévole. Il faudrait créer de la valeur ajoutée comme on le fait avec l’AOP qui permet de transformer les contraintes en atout.
Je n’attends pas d’aide des pouvoirs publics mais qu’ils appuient la mise en place de filières.
A Vassy, ce sont les collectivités locales qui ont lancé la filière bois déchiqueté. Ainsi, l’entretien est compensé par la vente. Certains agriculteurs replantent même des haies…

>> Y a-t-il un thème qui vous tient à cœur ?
La Chambre doit nous aider à ouvrir nos fermes, ce n’est pas à nous de le faire tout seuls.
C’est un dossier qu’elle n’a pas pris en main. Ici, nous avons fait visiter notre ferme aux propriétaires de résidences secondaires, aux parents des amis de nos enfants. On les emmène à la traite, on leur explique ce qu’on fait. Mais préparer, faire des affiches, communiquer etc., ce n’est pas notre métier.

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