Dominique Rose
Colza : de 20 à 35 qt/ha en une quinzaine d’années
Dominique Rose
Il faut savoir aussi cultiver son colza. En une quinzaine d’années, Dominique Rose a doublé ses rendements.
Dominique Rose et Samuel Hardy : “le colza, en zone d’élevage, permet
de bien valoriser les effluents”.
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de bien valoriser les effluents”.
La culture du colza, à “La Castellière” sur la commune de Giéville (50), remonte à 1992, jachère oblige. Dominique Rose s’essaye sur 5 ha. “J’appelais ça une culture de fainéant, s’amuse-t-il. Du semis à la récolte : peu d’intervention et une simplification dans l’organisation de mon travail”. Mais de saison en saison, il va peaufiner son suivi culture. A la clé : une vingtaine de quintaux gagnés.
Tête d’assolement
Aujourd’hui, il en cultive une dizaine d’hectares et le colza constitue une bonne tête d’assolement. Il s’est d’ailleurs substitué à l’orge en s’intercalant entre le blé et le maïs. “Attention au cycle de rotation, prévient cependant Dominique Rose. L’idéal est de n’y revenir que tous les 4 voire 5 ans”. Ceci afin de limiter les problèmes sanitaires comme ceux auxquels doit faire face le pois protéagineux dans notre région. Avec ce même sens de la précaution, notre “colzaïculteur” a banni la culture de la moutarde jachère. “Les crucifères (la navette, le radis...), tout ce qui est de la même famille que le colza est à proscrire”, renchérit Samuel Hardy, son conseiller culture.
Soigner l’implantation...
La réussite de la culture du colza se construit dès la préparation de sol. Il faut déchaumer, “au moins 2 voire 3 fois”, afin d’éliminer les œufs de limace et de limiter les repousses du précédent, une fois le colza implanté.
A cette protection contre les limaces et au désherbage qu’il pratique désormais, Dominique Rose ajoute une fertilisation azotée de printemps. 70 U cette année qui viennent s’ajouter à une fertilisation organique (fiente de poule) d’automne. “Cette culture, par sa capacité à bien valoriser les effluents, est à ce titre très intéressante en zone d’élevage” précise Samuel Hardy. On peut y ajouter son atout environnemental puisqu’elle assure un couvert hivernal et joue les pièges à nitrate.
... Et la récolte
L’autre clé de la réussite, c’est la récolte. Pour minimiser les risques de verse, Dominique Rose a fait le choix de variétés semi-naines. Ce qui favorise le battage.
Autre ennemi du colza au moment de la récolte : le vent et le soleil qui favorisent l’égrenage. “Il ne faut pas chercher à tout prix à battre à 9 % d’humidité, explique notre agriculteur. Ce qu’il faut, c’est récolter le maximum de graines. Alors même à 12/13 % d’humidité, on peut y aller quitte à payer des frais de séchage. Le risque est trop grand”. Côté équipement, c’est la moissonneuse-batteuse (récente) de la Cuma qui assure la prestation. Elle est munie “d’une indispensable coupe latérale. Il faut veiller aussi à l’étanchéité de la remorque”. Mais du côté de Giéville, on évoque déjà l’andainage ou à la coupe avancée. Histoire sans doute de grignoter encore quelques quintaux.
Th. GuillemotUn peu risqué en parcelles drainées
Si on peut prêter de multiples vertus au colza, il faut bien aussi lui trouver quelques défauts, le défaut même de ses qualités. Son système racinaire se développe très vite et très profondément (un plus au niveau de la structure du sol). Il va chercher l’eau. “Ce qui, en parcelles drainées, peut conduire au bouchage des drains” prévient Samuel Hardy (Chambre d’Agriculture de la Manche).
Par ailleurs, sa culture doit s’inscrire dans un cycle qui ne perturbe pas les besoins fourragers de l’exploitation. “Il faut d’abord faire du colza parce que l’on a de la surface et non pas avec l’objectif de faire de l’huile”, prévient notre technicien. Il doit ainsi trouver sa place dans un assolement cohérent qui permet une rotation tous les 4 à 5 ans. A l’échelon national, la surface consacrée au colza serait cette année en augmentation de 6 % pour atteindre plus de 1,3 M d'ha.