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Colza d’hiver : résistance des insectes ravageurs : adoptez tout de suite les bons réflexes !

De récentes analyses du laboratoire de Terres Inovia ont mis en lumière l’existence de résistances des altises d’hiver et de charançons du bourgeon terminal aux pyréthrinoïdes, la principale famille d’insecticides utilisées depuis plus de 40 ans sur coléoptères ravageurs du colza. Explications et conseils à suivre pour les prochaines semaines.

Surveillance du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées si la survie du colza.
Surveillance du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées si la survie du colza.
© Terres Inovia Normandie

Vous avez dit « résistance » ?

La résistance des insectes se traduit par une diminution de leur sensibilité à un insecticide. Héréditaire, la résistance est le résultat d’une adaptation des insectes à de nouvelles conditions créées notamment par l’usage répété d’insecticides, selon un processus de sélection naturelle. Différents mécanismes de résistance sont connus. Deux sont particulièrement fréquents et peuvent conduire à des niveaux de résistance considérable (voir encadré).

Après les pucerons verts et méligèthes …

En colza, les pucerons verts puis les méligèthes ont commencé à « prendre le maquis » depuis la fin des années 90. Résistances aux pyréthrinoïdes et carbamate pour les premiers et résistance aux pyréthrinoïdes (sauf 2 molécules faisant exception) pour les seconds. Si la liste des moyens de lutte chimique s’est drastiquement réduite pour maîtriser ces ravageurs, les producteurs ne sont pas pour autant entièrement démunis, à ce jour.

… les altises et charançons du bourgeon terminal font à leur tour de la résistance

Pour les coléoptères ravageurs du colza à l’automne, le maintien de la durabilité de la lutte insecticide est un enjeu de taille. La campagne 2015-16 l’a encore démontré : les altises représentent un sérieux danger dans la région. Les charançons du bourgeon terminal sont dans l’ensemble plus discrets ici mais posent soucis de longue date dans de nombreux bassins de production français. D’une manière générale, les inquiétudes pèsent aussi sur la maîtrise des charançons de la tige et charançons des siliques, autres coléoptères ravageurs du colza visibles au printemps. Dans un tel contexte, il est urgent de prendre la mesure des menaces qui pèsent sur la durabilité des solutions insecticides encore disponibles et efficaces aujourd’hui en colza.

Tout traitement non justifié est à proscrire

D’autres solutions insecticides, alternatives aux pyréthrinoides solo(1), sont possibles pour lutter contre les coléoptères ravageurs du colza à l’automne. Mais leur disponibilité ne doit en aucun cas constituer une incitation à davantage d’interventions. Dans un contexte de résistances émergentes, tout traitement non justifié est à proscrire, d’autant plus inutile que souvent contre-productif, comme les expériences du passé nous l’ont hélas maintes fois rappelé.

L’avenir appartient au colza qui lève tôt

Autour du 25 septembre dans la région, les altises d’hiver migrent généralement massivement vers les champs de colza. L’agronomie et notamment la qualité et rapidité d’installation du colza sont au cœur de la stratégie de lutte préventive : un colza qui lève tôt, vite et bien, atteindra plus vite le stade 3-4 feuilles qui marque la fin de la période de risque pour la culture. Pour adapter le raisonnement à chaque situation, il est primordial en amont d’identifier les éventuels facteurs aggravants du risque « altise » : sols motteux, levée tardive et lente après le 5 septembre, attaques de limaces, pertes de pieds à la levée, faible disponibilité en azote, etc.

Observer, observer, observer

Les captures dans les cuvettes jaunes (position enterrée) servent à révéler l’activité des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. Plus que le seuil indicatif de traitement (seuil = 8 pieds sur 10 présentent des morsures sur cotylédons et jeunes feuilles), la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération. De la levée à 3 feuilles, le risque pour la culture est atteint à partir de 25 % de « grignotement » des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts arrivent tôt (sur cotylédon notamment), plus les préjudices s’accroissent : retard de développement voire disparition de plantules dans les cas extrêmes.

Pas d’intervention inconsidérée ! Gare aux résistances !

Du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza, la lutte insecticide contre les altises ne doit s’envisager que :

- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;

- si la survie de la culture est assurément menacée ;

- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (consultez les BSV pour suivre la dynamique des vols) ;- de préférence à la tombée de la nuit (activité nocturne de l’insecte) ;

- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).

Si une intervention s’avérait toutefois nécessaire contre les altises adultes, privilégiez Boravi WG 1.0 kg/ha. Si le produit n’est pas disponible, utilisez une association chlorpyriphos + pyréthrinoïde pour réduire la pression de sélection d’individus résistants exercée par les pyréthrinoïdes. Cessez les applications de pyréthrinoïdes si des échecs importants ont déjà été constatés auparavant.

(1) : Ex : Boravi, Nurelle D550 / Geotion XL, Pyrinex ME, Reldan 2M, Daskor 440, Proteus…

Quelques définitions

Résistance de type « métabolique » : les insectes parviennent à se débarrasser rapidement des molécules toxiques de leurs corps en les détoxifiant ou les détruisant. La résistance métabolique est le mécanisme le plus commun qui pose le plus de problèmes. Ces insectes peuvent souvent dégrader des insecticides de familles chimiques différentes. On parle alors de « résistance croisée ».

Résistance de type « mutation de cible » : les insectes sont porteurs d’une ou plusieurs mutations de gènes qui empêchent l’insecticide d’atteindre convenablement ses cibles, généralement localisées dans le système nerveux des insectes. Dans ce cas, l’insecticide perd plus ou moins fortement son efficacité au champ. C’est ce type de résistance (mutation « kdr » et « S-kdr ») que Terres Inovia a pu mettre en évidence dans ses récents travaux menés sur une cinquantaine de lots d’altises prélevées dans la région*.

* Nous remercions les coopératives, négoces, Chambres d’agriculture et CETA qui ont participé activement à cette tâche.

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