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Réseau Déphy “Grandes Cultures”
Comment concilier performance et économie en produits phytosanitaires

Rester performant en utilisant moins de produits phytosanitaires : tel est le challenge que relève le réseau Déphy “Grandes Cultures” animé par la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime !

Le 29 mai chez Benoît Van Colen à Ouainville, lors d’une rencontre du groupe.
Le 29 mai chez Benoît Van Colen à Ouainville, lors d’une rencontre du groupe.
© CA 76

Un défi ambitieux du Grenelle de l’environnement est de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, cet enjeu est amené à prendre de l’ampleur dans les années à venir. Plutôt que de subir ces contraintes croissantes, des agriculteurs de Haute-Normandie on choisi d’agir ensemble au sein d’un réseau DEPHY animé par la Chambre d’agriculture de la Seine-Maritime. Ce réseau qui fait partie du plan national Ecophyto (encadré) comprend 8 exploitations, représentatives des exploitations à fort potentiel agronomiques avec beaucoup de cultures industrielles (betterave sucrière, lin textile et pomme de terre). Le groupe, crée début 2012, bénéficie du partenariat des coopératives CAP SEINE, NORIAP et LUNOR, de celui des Etablissements Lepicard, et de ceux du GRCETA de l’Evreucin et de la Chambre d’agriculture de l’Eure.


Raisonner et mieux appliquer pour moins utiliser

Les contraintes des contrats de vente, les exigences de qualité ou le peu de solutions alternatives au traitement chimique en cultures industrielles orientent notamment les exploitants vers des techniques d’optimisation. Bien au-delà du raisonnement des interventions déjà admis et pratiqué dans le groupe (observations, seuils de nuisibilité, BSV..), ou des outils d’aide à la décision comme Miléos pour la gestion du mildiou sur pomme de terre, la technique du bas volume avec réduction des doses est pratiquée chez certains membres du groupe. Cette technique permet, au travers d’une baisse du volume de bouillie et d’une application réalisée nécessairement dans des conditions optimales, de baisser les doses avec un minimum de risque, tout en gagnant du temps. Enfin la mise en oeuvre des techniques de l’agriculture de précision (guidage, coupures de tronçon...) est une voie pour certains agriculteurs pour être plus économe, impliquant cependant des investissements conséquents.


Eviter le chimique quand c’est possible

Le désherbage mécanique de la betterave, culture présente chez tous les exploitants du groupe, est souvent pratiqué. Si les conditions sont favorables : stade et conditions climatiques, il peut se substituer à un désherbage chimique. L’utilisation des moulinets sur la bineuse est une combinaison parmi les plus prometteuses.Les associations de cultures avec le colza sont testées dans deux exploitations. La technique peut permettre une impasse ou une diminution de dose d’herbicide par effet concurrence dans l’inter rang, et éviter l’insecticide d’automne par perturbation des insectes. Un mélange féverole-lentille montre des résultats encourageants et permet aussi de revoir à la baisse les apports d’azote. Enfin certains pratiquent des mélanges de variétés de blés, cette technique, en étant attentifs aux résistances complémentaires et en respectant une précocité homogène, peut permettre d’alléger la protection fongicide du blé. En pomme de terre, le broyage mécanique est testé dans plusieurs exploitations. Les résultats ne sont pas toujours parfaits mais cette  technique permet d’éviter un passage de défanant chimique.


Des aménagements à l’échelle de la rotation

Les techniques pour éviter de traiter sont multiples et généralement à effet partiel, faisant appel à des principes d’évitement, d’atténuation, ou encore de substitution. La mise en place d’un ensemble de pratiques à effet partiel a nettement plus d’effet qu’une seule, à l’instar des conduites dites intégrées du blé. Encore peu développé mais possible de façon opportune pour les blés semés tardivement, l’aménagement de l’itinéraire en conjuguant l’évitement, le choix de variétés peu sensibles aux maladies et l’ajustement de la fertilisation, peut permettre de se passer de régulateur et de réduire le nombre de fongicides. Enfin sur l’ensemble du système, une réflexion est largement partagée au sein du groupe sur la mise en cohérence de travaux du sol, avec simplification du travail du sol partiel et faux semis intensifiés. Ainsi un labour pratiqué stratégiquement une année sur 2 ou 3 et la réalisation de faux semis, peut permettre une baisse de la pression en adventices et même maladies ; les répercutions sont alors attendues sur l’ensemble de la rotation.

Témoignage : objectif de Jean Maillard : deux fois moins de phytos d’ici 4 à 5 ans

“Être en petit groupe permet d’échanger des idées et de progresser, on se fixe des objectifs et même si les résultats ne sont pas toujours au rendez vous, il faut accepter des échecs et avancer !”. Jean Maillard à Octeville-sur-Mer (76), a adhéré au réseau pour pouvoir échanger avec d’au-tres agriculteurs qui ont les mêmes préoccupations et pour suivre et mesurer les conséquences de ses changements de pratiques. Il s’est déjà fixé depuis plusieurs années comme objectif de diviser par 2 sa consommation de produits phytos sur la totalité de son exploitation. Il espère atteindre cet objectif d’ici 4 à 5 ans. Ses pistes de travail sont notamment la réduction de dose associée à la technique du bas volume pratiquée depuis 2011, les associations de variétés et d’espèces (mélange de variété de blé et colza associé). Il est particulièrement attentif à l’entretien de ses sols, pour les rendrent les plus fertiles et productifs possible : “Il faut avant tout nourrir son sol, en incorporant la matière organique et en évitant les destructions chimiques”. Il intègre dans sa réflexion la gestion des couverts végétaux et le travail du sol simplifié. Enfin, tout en gardant des objectifs agronomiques exigeants, il préfère raisonner avec les  seuils de nuisibilité plutôt que de faire des applications systématiques.


Réseau DEPHY : dispositif phare du plan Ecophyto

Le plan ECOPHYTO s’inscrit dans une démarche d’évolution des pratiques culturales et nécessite un travail de refonte des systèmes de cultures par les agriculteurs eux-mêmes (diversité des assolements, successions culturales, pratiques agronomiques….).Le réseau national DEPHY est l’un des dispositifs phares de ce plan.Les exploitations de ce réseau ont un rôle de démonstration, d’apprentissage, de formation et d’information sur les systèmes économes en produits phytosanitaires : pour les agriculteurs, les organismes de conseil, le monde associatif et le grand public.

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