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Composts, fumiers et autres produits organiques
Conditions d’utilisation et intérêt fertilisant

Le cours élevé des engrais amène un regain d’intérêt pour l’utilisation agricole des produits organiques. Il sont classés en deux catégories d’utilisation : certains produits sont utilisés dans le cadre de plans d’épandage ; d’autres dépendent d’une norme. Les produits ont une efficacité très variable, analyses et expérimentations sont indispensables pour préciser leur intérêt.

Deux catégories de produits organiques
Les produits organiques épandus en agriculture sont distingués en deux grands types : d’une part les produits considérés comme des déchets pour lesquels un plan d’épandage est nécessaire ; d’autre part les produits répondant à une norme, qui sont des matières commercialisables et utilisables hors plan d’épan-dage.
Les produits organiques considérés comme déchets sont les effluents d’élevage (fumiers, lisiers…) et boues de station d’épuration urbaines ou industrielles. Ces produits doivent être épandus exclusivement sur des parcelles inscrites dans le plan d’épandage, en respectant des distances vis-à-vis du voisinage et des points d’eau. L’établisse-ment du plan d’épandage est à la charge du producteur des déchets. Seuls les élevages hors Installation Classée épandant les effluents d’élevage sur les parcelles de l’exploitation sont exemptés de plan d’épandage.
Les produits organiques normalisés peuvent être commercialisés et épandus hors plan d’épandage, sans respect particulier de distances. Le producteur doit alors faire la preuve du respect de la norme, et donc fournir une analyse du produit. Les produits organiques du commerce répondent principalement à deux normes : NFU 42 001
pour les engrais organiques et NFU 44 051 pour les amendements organiques. Les engrais organiques doivent avoir au moins 1 % d’azote organique et une teneur N+P+K supérieure à X % (sur produit brut). Il s’agit par exemple de composts de fientes de volailles. Les amendements organiques sont moins riches en engrais. Ils doivent respecter un taux de matière sèche supérieure à 30 % et avoir une quantité de matière organique minimale.
On retrouve dans cette catégorie les composts de déchets verts. Enfin, une norme spécifique NFU 44 095 a été créée en 2002 pour les composts mélangeant boues de station d’épuration et déchets verts. Plusieurs stations d’épuration urbaines s’orientent ainsi vers le compostage, pour éviter d’établir un plan d’épan-dage et un suivi agronomique des boues.

Quel intérêt pour les cultures et les sols ?
La principale question posée avec les engrais et amendements organiques est la disponibilité des éléments. L’analyse donne une quantité d’éléments fertilisants totaux contenus dans le produit (voir tableau), mais on a rarement l’information sur la part disponible pour les cultures ou le sol. Il faut disposer d’analyses plus précises ou de résultats d’expérimentation pour préciser l’intérêt réel de ces produits.
La disponibilité de l’azote (N) est plus variable d’un produit à l’autre. La plupart des produits organiques ont un effet azote connu, en comparaison avec l’ammonitrate, grâce à des essais au champ. Les effluents d’élevage issus de porcs et de volaille ont l’azote le plus valorisable par les cultures, 60 à 70 % est utilisé l’année de l’épandage. Les boues de station d’épuration liquides et les lisiers de bovins ont une efficacité un peu plus basse, autour de 50 %. Les produits transformés, compostés ou séchés perdent souvent de l’efficacité : 25 à 40 % en boues séchées, autour de 20 % en compost de fumier, 10 % seulement pour les composts de déchets verts. Ces derniers apportent surtout de la matière organique.
L’efficacité du phosphore (P2O5) est plus régulière. Par rapport à un engrais minéral super 45, on atteint généralement 70 à 90 % d’efficacité. On peut même compter 100 % en bovins pour des parcelles recevant régulièrement fumiers ou lisiers. Les expérimentations menées ces dernières années ont montré que le phosphore des produits organiques était plus disponible que prévu. Seuls les produits issus de déjections avicoles, fientes de volailles par exemple, descendent à 65 % d’efficacité, car ils contiennent beaucoup de phytates, forme de phosphore peu disponible.
Pour la potasse (K2O) et la magnésie (MgO), pas de distinction entre produits, elles sont toujours sous forme soluble comme dans les engrais minéraux, et directement assimilables. Leur efficacité est de 100 %.

Quel intérêt pour les sols ?
Les produits organiques ont aussi des effets de type “amendement”, positifs pour l’humus et le pH du sol, variables selon les produits.
La teneur en matière organique (MO) du produit n’est pas suffisante pour évaluer son effet sur la réserve en humus du sol. En général, un produit qui fournit beaucoup d’azote efficace apporte peu d’humus, et inversement. L’idéal est de disposer d’une analyse d’Indice de Stabilité Biologique (ISB) ou de Caractérisation Biochimique de la Matière organique (CBM), les deux tests de laboratoire qui donnent une indication sur la fourniture d’humus possible. Les comparaisons réalisées montrent qu’une même catégorie de produit, des composts de déchets verts par exemple, peut avoir des résultats d’ISB ou de CBM très différents, et donc un intérêt en tant qu’amendement organique très variable.
Certains amendements organiques ont aussi un effet chaulant, bien connu pour les fientes de poule. La teneur en CaO du produit donne une indication (voir tableau). Certains composts de déchets verts possèdent ainsi un niveau de CaO élevé, intéressant, sans doute parce qu’ils sont issus de végétaux ayant poussé en sol calcaire. Cependant, ce calcium n’est pas totalement efficace par rapport à celui contenu dans un amendement basique calcique habituel, car il faut tenir compte des effets acidifiants des autres composants du produit, dont l’azote et la matière organique. Le pH du produit est un mauvais indicateur ; il est très souvent compris entre 7 et 8 même si l’effet chaulant est très faible : par exemple le lisier de porcs, réputé acidifiant, a un pH moyen de 7,5.
Isabelle Diomard
Chambre d’Agriculture du Calvados

Les produits organiques et vos documents administratifs
Plan de fumure et cahier d’épandage : les engrais et amendements organiques doivent y figurer, puisqu’ils contiennent de l’azote.
Respect des 170 kg/ha d’azote organique en zone vulnérable : vous devez y compter l’azote organique en provenance d’élevage. Si vous prenez le lisier ou le fumier d’un voisin, ajoutez les quantités d’azote dans votre calcul. Par contre les boues de station d’épuration et les produits normalisés ne sont pas comptabilisés.
n Plan d’épandage : les produits non normalisés épandus hors de l’exploitation du producteur doivent faire l’objet d’un plan d’épandage.
n Bordereau de livraison : en cas de transfert d'effluents d’élevage entre exploitations agricoles, ce document est obligatoire en zone vulnérable, et lorsque le producteur d’effluent est en installation classée (déclaration ou autorisation) ou a bénéficié du PMPOA 2. Des carnets de bordereaux sont disponibles auprès des Chambres d’agriculture de Normandie.

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