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Creully accroche un wagon bio à son train de productions

La coopérative de Creully va investir plus d'1,5 MEUR pour reconditionner son ancien bâtiment de stockage (à proximité immédiate de son nouveau siège social). Objectif : en faire un outil de collecte, de stockage et de préparation des céréales et autres protéagineux issus de l'AB (Agriculture Biologique). «Nous sommes à l'écoute de tous nos adhérents et nous nous devions d'accompagner ceux qui sont déjà ou veulent se tourner vers le bio», insistent Pascal Desvages et Stéphane Carel, président et directeur de la coopérative calvadosienne.

© TG

llll «Nous sommes une des rares coopératives qui ait le souci de la proximité. Nous sommes à l'écoute de tous nos adhérents et devons les accompagner quel que soit leur choix technique avec la même qualité de service». Ainsi s'expriment Pascal Desvages et Stéphane Carel, président et directeur d'une coopérative dont le slogan est «la volonté d'agir». Une action qui se matérialise aujourd'hui autour d'un projet structurant à destination dans un premier temps de 55 à 60 coopérateurs déjà engagés dans la filière bio.

55 à 60 producteurs bio
Si on n'attendait par forcément voir la coopérative de Creully mettre les pieds dans l'assiette «bio», il faut savoir que cette filière spécifique concerne déjà 55 à 60 de ses adhérents. «Nous ne pouvions pas les laisser orphelins mais au contraire leur apporter le service qu'on apporte aux conventionnels», souligne Pascal Desvages. Mais pour ce faire, la coopérative devait se faire certifier et plutôt que de réinventer l'eau tiède, elle a noué un partenariat avec une référence en la matière : la société Agronat créée par Antoine Jeanne et basée à Burcy dans le Calvados.
La genèse de ce projet date d'il y a 4 ans et a monté en puissance sans jamais que le débat ne devienne clivant au sein de la structure. Gilles Haelewyn, vice-président de la coopérative, est d'ailleurs en phase de conversion. Ce qui a sans doute facilité la fluidité des débats.
Toujours est-il que le projet est sur de bons rails et qu'il attend fermement le soutien financier des collectivités territoriales. «Il faut que l'agriculture locale sature le marché bio local», insiste-t-on du côté de Creully. «Les brasseries artisanales se multiplient par exemple mais aucune orge brassicole bio n'est produite en Normandie», en guise d'illustration. D'autres idées émergent autour du blé de meunerie. «A la base, il faut du minerai et des outils pour rassurer les producteurs. Des producteurs qui ont besoin de soutien pour absorber les surcoûts. Il est important d'aboutir sur ce dossier des aides», martèle Stéphane Carel.
La balle est dans le camp du Conseil régional et de l'Agence de l'Eau Seine-Normandie en attendant les premiers coups de pioche.

2000 à 2500 tonnes dès 2018
La Coopérative souhaite pouvoir mettre cet outil à la disposition des producteurs pour la collecte 2018 qui devrait s'élever à 2 000 / 2 500 tonnes environ, hors impacts climatiques.  Ce projet prévoit pour débuter une capacité de stockage de 3 000 T. Une capacité supplémentaire a pour vocation d'accompagner l'augmentation des surfaces mises en productions pour l'AB et les besoins de fonctionnement pour réaliser le travail de préparation à la commercialisation des céréales. L'objectif est de pouvoir utiliser totalement les capacités de cet outil à l'horizon 2020/2021, soit une croissance de 15 % par an. Cette croissance se base sur l'évolution des surfaces AB certifiées et en conversion depuis plusieurs années. Creully prévoit d'agrandir le stockage AB, l'objectif étant d'atteindre une capacité de stockage de 7 500 T pour l'exercice 2021/2022.

Débouchés commerciaux
La Coopérative souhaite intervenir sur l'ensemble des débouchés possibles: alimentation humaine et nutrition animale. Des contacts ont déjà été réalisés dans ce sens.
Alimentation humaine.
Différentes meuneries régionales souhaitent s'approvisionner localement en blé issu de l'AB pour la production des farines à destination des boulangeries et biscuiteries. La production de blé meunier issue de l'AB française est inférieure à la demande, d'où une demande pour ce produit sur le marché. Le territoire de la coopérativedispose d'atouts majeurs pour la production de cette culture, la construction d'une filière de farine issue de l'AB régionale est en attente de blé meunier correspondant au cahier des charges. Cela est également vrai pour d'autres produits (orge brassicole, avoine, sarrasin...). La production et la transformation existent, il reste à structurer la collecte et le stockage. C'est une des ambitions de ce projet.
Nutrition animale.
Ce débouché est très demandeur de produits issus de L'AB. L'explosion des filières de productions animales comme les oeufs ou la volaille, en lien avec l'augmentation de la consommation, nécessite en amont de disposer de matières premières permettant de produire des aliments correspondant aux cahiers des charges de ces productions.
Sur ce débouché, le premier client de la coopérative sera la société Agronat. qui a construit récemment au sud du département un outil de production d'aliment du bétail à destination de l'AB. Afin de sécuriser son sourcing en matière première, Agronat pourra s'appuyer sur la coopérative qui, par le travail de collecte, de stockage et de préparation des produits, lui garantira un approvisionnement et une disponibilité de produits. Par ce schéma, une filière 100 % locale pourra être créée (production, collecte, stockage, transformation et consommation sur un même territoire).
D'autres clients potentiels ont déjà manifesté leur intérêt pour s'approvisionner auprès de la coopérative sur ce type de produits. Il s'agit de fabricants d'alimentation animale (régionaux et nationaux) qui souhaitent contractualiser dans le futur l'approvisionnement de leurs outils, afin de pérenniser leurs filières de production.
La Coopérative de Creully souhaite travailler sur l'ensemble de ces débouchés. Toutefois, les volumes dont elle disposera ne pourront satisfaire les besoins de l'ensemble de ses clients potentiels. Il sera donc nécessaire de travailler au développement des produits attendus par les clients, tant en qualité, qu'en diversité et en quantité. Ce projet permettra cela.

Un partenariat coopérative de Creully/Agronat
Ce partenariat intervient à plusieurs niveaux :
- permettre à Agronat de livrer les céréales de ses producteurs dans un outil local,
- permettre à Agronat, qui vient de construire une unité de production d'alimentation animale (opérationnelle en janvier 2018), de s'approvisionner en matière première issue de l'AB française et locale pour la fabrication de ses aliments auprès de la coopérative de Creully,
- accompagnement technique des agriculteurs (rotations, cultures, choix des outils, méthodes de désherbage...),
- Mutualiser la collecte bio avec la Coopérative de Creully, permettant aux producteurs une meilleure valorisation de leurs productions.

Agronat
Acteur reconnu
Agronat est basée à Burcy, dans le bocage virois, au sein de la pépinière d'entreprise « Biopole du Bocage ». Créée en 1985, la société est présente depuis 30 ans sur le territoire régional. Elle apporte un conseil technique et économique auprès des agriculteurs bio. Acteur reconnu dans le développement de l'AB, son équipe de 8 personnes est composée de 4 techniciens, dont son gérant Antoine Jeanne. Elle réalise un chiffre d'affaires de 2,5 M EUR en agrofourniture dédié à l'AB. Agronat collecte actuellement des céréales issues de l'AB pour une entreprise bretonne. Ne disposant pas des moyens nécessaires pour développer un outil comme celui que veut mettre en place la coopérative de Creully, les volumes collectés par Agronat sur les départements du Calvados, de la Manche et sur les cantons limitrophes de l'Orne, seront commercialisés à la Coopérative de Creully via son outil de collecte et de stockage dédié à l'AB.

Basse-Normandie
7 200 ha
de céréales bio
A l'image des chiffres de la région, la coopérative de Creully vit une évolution d'une partie de ses adhérents producteurs qui se sont convertis en agriculture biologique ou qui ont débuté la phase de conversion. A cela s'ajoutent les agriculteurs en réflexion sur ce mode de production, ainsi que l'arrivée de futurs jeunes agriculteurs, pour qui le retour sur l'exploitation familiale passera par un changement du mode de production et une conversion à l'AB.
En 2016 dans le Calvados, les surfaces certifiées AB ainsi que les surfaces en conversion ont progressé de 22,5 % par rapport à 2015.
Les surfaces de production de céréales (certifiées et en conversion) s'élèvent à environ 2 000 ha dans le département du Calvados, 1 600 ha dans la Manche et 3 600 ha dans l'Orne.
Dans ce contexte, la coopérative de Creully souhaite accompagner ce développement au même titre qu'elle accompagne depuis plus de 80 ans les évolutions successives et permanentes de
l'agriculture départementale.
Ainsi, face à cette demande déjà existante et en croissance, la volonté de Creully est d'appliquer à l'agriculture biologique le même schéma de fonctionnement que celui de l'agriculture conventionnelle.

Un partenariat coopérative de Creully/Agronat
Ce partenariat intervient à plusieurs niveaux :
- permettre à Agronat de livrer les céréales de ses producteurs dans un outil local,
- permettre à Agronat, qui vient de construire une unité de production d'alimentation animale (opérationnelle en janvier 2018), de s'approvisionner en matière première issue de l'AB française et locale pour la fabrication de ses aliments auprès de la coopérative de Creully,
- accompagnement technique des agriculteurs (rotations, cultures, choix des outils, méthodes de désherbage...),
- Mutualiser la collecte bio avec la Coopérative de Creully, permettant aux producteurs une meilleure valorisation de leurs productions.


Dans l'attente du financement
Projet global de 1 565 000 EUR, conditionné par l'obtention de subventions de la Région Normandie et de l'Agence de l'Eau Seine Normandie. Ces demandes de subventions sont en cours d'instruction.
L'obtention de subventions est essentielle pour la réalisation de ce projet.
En effet, le coût de cet investissement est de 26 EUR par tonne hors subvention, contre 15,65 EUR avec subvention, pour une capacité de 3 000 T sur 20 ans. Dans l'hypothèse présentée, la différence de coût pour le producteur est de 10,35 EUR par tonne de produit livré, soit sur une base de rendement en blé 4 T à l'hectare plus de 40 EUR. A titre d'information, le coût d'amortissement d'une unité de stockage de céréales conventionnelles est de l'ordre de 12 EUR, soit 14 EUR de plus pour l'activité AB, avant aide financière. Le développement de la filière AB passe par la compétitivité économique, permettant aux producteurs de dégager le revenu nécessaire au fonctionnement de l'exploitation, tout en leur permettant d'avoir une rémunération en adéquation avec le travail réalisé. Pour cela, le poids des investissements nécessaires au développement de l'AB étant supérieur à l'agriculture conventionnelle, ces surcoûts ne peuvent être supportés uniquement par les producteurs, dans l'objectif de pérenniser le développement de cette filière.

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