CSOB : changement d’ère pour la betterave
La betterave sucrière entre de plain-pied dans l’ère post-quota. Pas de quoi effrayer les dirigeants du CSOB.

L’assemblée générale du CSOB (syndicat betteravier Calvados -Sarthe - Orne) s’est tenue le 4 mai dernier à Caen. «2016 a été une année de rupture, une année de construction et une année de transition», a résumé son président, Patrick Dechaufour.
Une année de rupture avec la suppression des quotas, les règles de la concurrence pleinement applicables à l’agriculture, la sortie de Tereos du SNFS (Syndicat National des Fabricants de Sucre de France ) et un marché libéralisé.
Une année de construction avec un accord professionnel signé, un coût de production établi s’élevant à 25,5 €/T de betterave à 16o et une proposition de contrat post-quota.
Enfin une année de transition avec l’émergence de l’AIBS (Association Interprofessionnelle Betterave Sucre) et de la CRV (Commission de Répartition de la Valeur). «Il faut la mettre en place dès maintenant. Le CSOB demande à SLS (Saint Louis Sucre) d’organiser les élections CRV comme prévu dans l’accord interprofessionnel. Tout doit être prêt pour fin juin», plaide avec insistance Patrick Dechaufour.
Une campagne à 130 jours
Etre prêt à produire plus mais aussi être prêt à arracher plus longtemps avec des arbitrages à définir. Benoît Carton (directeur régional des Syndicats Betteraviers de Normandie) est largement revenu sur l’allongement de la campagne qui devrait passer de 105 à 130 jours, soit 25 jours supplémentaires. Dans les années 2000, elle démarrait le 25 septembre pour s’achever mi-décembre. En 2016, du 10-15 septembre au 5-10 janvier. Et demain ? Elle devrait s’achever aux alentours du 20 janvier voire au-delà. Cet allongement de la campagne peut suivre différentes options : avancer la date de récolte, reculer la fin de campagne ou mixer les deux. Quel que soit le scénario, la logique industrielle diffère de la logique agricole. Il faudra trouver le bon compromis sachant que toutes les connaissances techniques sur l’allongement de la campagne ne sont pas encore acquises.
Du côté des certitudes, le démarrage précoce représente un gain industriel mais pénalise le rendement.
A contrario, un arrachage tardif signifie plus de volume mais sans doute aussi un poucentage de betteraves non marchandes plus important à cause de la problématique de la conservation sans oublier des structures de sols qui risquent de souffrir. Quant à l’industriel dans ce cas de figure, l’éventualité de barrières de dégel en cas de grand froid constitue une épée de Damoclès sur son approvisionnement. In fine, une question se pose : « faut-il mieux gérer des pertes que gérer des risques ?»
De bons arbitrages à trouver
Et si la balance indique que l’allongement de la campagne représente plus d’impacts négatifs que d’impacts positifs pour le planteur, le CSOB apporte sa réflexion à la construction de la filière sucre de demain. Patrick Dechaufour avance cependant un préalable. «Avec un arrachage début septembre pour ouvrir l’usine quelques jours plus tard, les barèmes de compensation ne sont plus en adéquation». Au-delà, le débat est ouvert. Passer à 5 tours, stocker les betteraves sur de grandes plateformes adaptées, gérer différemment l’azote en fonction de la date d’arrachage, gérer les zones extrêmes de façon particulière...Du côté variétal, on attend aussi des solutions mais il faudra encore du temps. A titre expérimental, une parcelle d’essai a été semée cette année durant la dernière décade de février. On pense aussi à la betterave d’automne qui se sème fin août/début septembre en Italie et d’évoquer aussi la piste OGM même si cela n’est pas politiquement correct dans l’hexagone.
Pour autant et sur un marché libre, la question de la distorsion de concurrence mérite d’être posée surtout au lendemain de la présidentielle et à la veille des législatives. Et Eric Lainé (président de la CGB) de conclure : «n’ayons pas peur de l’après-quota. Nous changeons simplement d’ère et notre filière à tout pour réussir». Plus particulièrement la filière régionale puisque, semble-t-il, «les planteurs Normands en ont encore sous le pied».