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Cultivons l’Avenir : le collectif face aux enjeux territoriaux

Tous les deux ans, le CRDA Manche invite les agriculteurs à Cultivons l’Avenir, une journée technique autour des projets des groupes de développement. Dans un contexte de modification profonde de l’agriculture, les travaux du GIEE « Mon sol j’en prends soin pour éviter l’érosion » ont été mis en lumière.

© CA

Changement et intérêt du collectif
Lors de cette première édition, Claire Ruault sociologue au Gerdal* est intervenue sur l’intérêt du collectif pour accompagner les changements de système. Changer n’est pas un but en soi, ni une histoire de « bonne volonté ». On change de pratiques pour améliorer une situation, pour résoudre un problème dans un contexte donné. Changer commence par les questions qu’on se pose : « la terre de mes champs partait chez les voisins, que faire pour l’éviter ? »
Le changement est un processus complexe de résolution de problèmes qui mobilise différentes ressources. Il implique une réflexion sur ce qu’on fait et comment le faire autrement, en dialoguant entre agriculteurs, techniciens, chercheurs et autres acteurs. Le groupe est un activateur de ce processus car il augmente la possibilité de dialogue dans un contexte qui n’y est pas favorable : diminution des liens de voisinage, forte charge de travail... Il sert à trouver des réponses aux questions qu’on se pose, y voir clair pour faire des choix, mettre en commun des moyens, diminuer les coûts, bref, augmenter l’efficacité de son exploitation.
Pour Philippe Lecompagnon, président de CRDA Manche et adhérent au GIEE en question « les GIEE et les agriculteurs innovants ont amassé énormément de références. L’enjeu aujourd’hui est de les activer et de les diffuser : cette journée en est une occasion mais il est nécessaire de passer à la vitesse supérieure. Enormément d’agriculteurs restent à convaincre.
Observer ses vaches, ses cultures, et ne pas prendre les yeux fermés les recettes venant de l’extérieur est une voie primordiale pour les agriculteurs de demain ! ».
Parmi les nombreux projets menés par le réseau (amélioration de la qualité de l’eau, diminution de l’emploi d’antibiotiques, amélioration de la qualité de vie dans les exploitations), le GIEE sur l’érosion a été mis en avant en tant que projet reconnu et ancré sur le territoire. Celui-ci s’inscrit en effet dans le cadre d’un partenariat entre les agriculteurs et le Syndicat Mixte des Bassins Versants du Granvillais. Il se base sur l’engagement d’un collectif d’exploitants en accord avec des objectifs de reconquête de la qualité de l’eau, porteurs d’innovation-terrain (« agriculteurs-chercheurs ») qui donne une image positive et dynamique de l’agriculture et des agriculteurs.

Changement de système par petits pas
Si le phénomène érosif est d’apparence simple, sa maitrise au champ se révèle plus complexe. La qualité du sol peut se dégrader très rapidement, mais sa reconquête nécessite un pas de temps beaucoup plus long. De plus, les pratiques qui influencent le processus sont multiples, parfois incompatibles entre elles et ont un effet bénéfique limité si prises individuellement. Par exemple, l’implantation de couverts hivernaux est fondamentale mais insuffisante si l’on considère l’impact néfaste que les orages de printemps ont causé en Normandie. Seul un ensemble de pratiques mises en cohérence à l’échelle du système de culture peut permettre d’atteindre des résultats concrets.
Mais changer de système ne s’improvise pas et nécessite une réflexion à 360°. C’est le constat fait chez Ludovic Chapdelaine, membre du GIEE qui a accueilli les participants de la journée sur une plateforme de démonstration. Le parcours est long et implique plusieurs étapes : l’analyse du système pratiqué et l’identification de pistes de progrès ; l’acquisition de nouvelles connaissances (retours d’expérience, participation à journées techniques…) ; le regard du collectif et la co-construction de nouveaux systèmes ; le test de pratiques pour répondre aux nouvelles questions. Aujourd’hui Ludovic pratique des systèmes sans labour, avec des méteils en interculture entre deux maïs implantés en strip-till. Si les tests de stabilité structurale et d’activité biologique ont donné des résultats encourageants, la gestion des adventices par le couvert végétal et la réduction du tassement restent des points à travailler.
La culture de luzerne et l’utilisation d’un semoir de semis direct pour l’implantation de méteils et prairies sont aujourd’hui les questions techniques brulantes que Ludovic et le collectif se posent… et qui devront être abordées à l’échelle du système !

Plus d’informations : https://manche.chambres-agriculture.fr/environnement/erosion/

Henri LEGEARD, éleveur laitier adhérent du GIEE
« Mon sol, j’en prends soin pour éviter l’érosion »
J’ai adhéré à la démarche du GIEE car j’avais un problème : la terre de mes champs partait chez les voisins. J’ai commencé par des échanges de parcelles et réimplanter des haies et talus. Puis j’ai peu à peu limité le travail du sol pour en arriver à stopper le labour. L’obligation d’implanter des couverts végétaux a accéléré le changement de pratiques. Arrêter le labour, laisser les couverts sur le sol a permis d’enrichir mes terres en matière organique, d’augmenter leur fertilité et de limiter l’érosion. Maintenant, ce sont mes vers de terre qui font le boulot et qui ont remplacé la charrue !
Et le GIEE dans tout ça ? Il m’a permis de comparer mes pratiques, mes chiffres… tous ensemble on partage notre matière grise. Lors des récents orages, les parcelles des adhérents du GIEE ont mieux résisté, elles ont mieux « épongé » l’eau au lieu de la voir filer avec la terre. Aujourd’hui, après quelques années de fonctionnement en GIEE, mon système d’exploitation évolue avec moins de taurillons et de maïs. Le méteil, les couverts et les prairies riches en légumineuses prennent le relais et l’exploitation produit plus de protéines. Sur le plan économique, je ne constate pas un gros « plus » mais le bien-être humain a progressé grâce aux partages entre collègues convaincus.

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