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CIPAN
Cultures intermédiaires pièges à nitrates : quoi semer ?

Le projet de 4ème programme Directives Nitrates impose la couverture totale des sols nu l’hiver sur les zones vulnérables d’ici 2012. Les CIPAN (Culture Intermédiaire Piège à Nitrates) deviennent donc une culture à part entière dans la rotation dont il faut maîtriser l’itinéraire technique.

Le choix des espèces à implanter est un point clé qui va décider des stratégies d’implantation, de destruction mais aussi des différents effets agronomiques attendus. A côté des espèces  « classiques » que sont la moutarde, l’avoine et la phacélie se développent de nombreuses autres espèces à utiliser seules ou en mélange.

Les espèces classiques
La MOUTARDE

C’est le couvert le plus utilisé. C’est indéniablement un des meilleurs pièges à nitrates qui tiendra pleinement son rôle dans des situations où les quantités d’azote à piéger sont importantes (rotations avec matière organique, sols à fort pouvoir de minéralisation).
Son implantation est facile et son coût faible :
- déchaumage avec semis au semoir centrifuge simultané (10 kg / ha),
- roulage
ou
- semis au semoir centrifuge,
- déchaumage superficiel (*),
- roulage.
Elle représente donc une solution de facilité néanmoins très efficace vis à vis de l’objectif premier qu’est le piégeage des nitrates.
Par contre, les effets agronomiques sont limités que ce soit pour l’étouffement des adventices ou l’amélioration de la structure du sol. La destruction par le gel est aléatoire et la masse végétative à gérer demande une destruction précoce avec intervention spécifique.
La moutarde peut être avantageusement remplacée par du radis.

La PHACELIE
Deux intérêts à la phacélie : une bonne structuration du sol en surface et une espèce de la famille des Hydropllacées dont il n’y a pas de représentant parmi les plantes classiquement cultivées.
Malheureusement la petite graine nécessite un semis en ligne, le coût de la semence est relativement élevé, la sensibilité au gel est faible. Son intérêt en pur est donc limité. Nous conseillerons de l’associer à d’autres espèces, notamment la moutarde étant donné la complémentarité qui existe en terme d’enracinement et d’étagement de la végétation (5 kg/ha de phacélie et 4 kg/ha de moutarde).

L’AVOINE
Que ce soit une avoine « classique » ou une avoine brésilienne, les capacités de piégeage des nitrates sont moins élevées que pour les crucifères. Par contre la durée de piégeage est un atout en lien avec une croissance plus lente. Le gros avantage est la possibilité de produire facilement les semences et de pouvoir implanter avec un semoir centrifuge :
- semis à 60-80 kg/ha (avoine classique) au semoir à engrais en damier,
- déchaumage,
- roulage.
La destruction reste un point délicat commun à toutes les graminées même si l’avoine est la plus facile à détruire que le seigle par exemple. Le gel est généralement insuffisant dans notre région. Les atout agronomiques sont relativement faibles avec une plante d’une famille très représentée dans les assolements.
Ces trois espèces peuvent se mélanger sans problème sauf pour le semis étant donné les tailles de  graines très différentes.

Les autres espèces :
Les autres espèces vont venir répondre à des problématiques plus spécifiques et notamment la facilité de destruction. Dans des situations où la destruction est source de difficultés  (interdiction chimique, impossibilité d’intervention mécanique pendant la période hivernale), le recours à des espèces très gélives peut être intéressant :
Le NYGER (famille des composées) semble une bonne opportunité avec un seuil de gel à 0°, un bon enracinement et un coût de semence relativement faible. L’implantation est toutefois délicate avec un semis en ligne très précoce quasi obligatoire. Comme nous l’avons déjà constaté pour le MOHA ou le SARRASIN, des implantations après le 15 août ne permettent pas un développement satisfaisant. Si la destruction en est d’autant plus simple, le piégeage des nitrates est trop faible. Le nyger semble de plus sensible aux rémanences de sulfonylurées.
Dans la même catégorie de plante, on peut envisager le TOURNESOL mais avec un coût de semence élevé et une association avec d’autres plantes obligatoire pour assurer une bonne couverture du sol.

Les LEGUMINEUSES (pois, féverole, vesce…) ne sont pas autorisées partout et jamais en pur dans le cas de CIPAN. Les légumineuses sont les moins bons pièges à nitrates même si leur capacité de piégeage n’est pas nulle.
Des mesures effectuées dans l’Orne cet hiver donnent les résultats ci-contre.

Jean-Louis GALLAIS
Chambre d'Agriculture de l'Orne
jean-louis.gallais@orne.chambagri.fr

Conclusion
Le choix d’espèces de CIPAN est de plus en plus vaste. S’il est certain que les mélanges de nombreuses espèces ne peuvent être que favorables d’un point de vue agronomique, il ne faut pas perdre de vue les difficultés d’implantation ou de destruction que peuvent représenter certaines composantes du mélange.
Il est aussi nécessaire de relativiser les effets structure de sol et apports organiques des CIPAN dans des rotations qui reçoivent des effluents régulièrement et sur des sols sans problème d’érosion ou de prise en masse.
Si des plantes originales peuvent apparaître séduisantes, il faut qu’elles s’adaptent à notre contexte pédo-climatique pour produire suffisamment de biomasse afin d’assurer leur rôle principal de piégeage des nitrates.
Enfin, le coût général des CIPAN doit rester raisonnable. Ce n’est pas forcément en augmentant les coûts via des mélanges complexes et des espèces variées que les effets agronomiques augmenteront de manière proportionnelle. Il faut parfois rester sur de choses simples mais que l’on sait efficaces.

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