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Culture
Décompacteurs : quel outil pour restructurer son sol en profondeur ?

Tout le monde est d’accord : les limons conduits en non-labour nécessitent de surveiller le tassement de l’ancien horizon labouré. Mais si l’on décide d’intervenir, il faut savoir avec quel outil. A l’initiative des agriculteurs du CETA de Vieux-Manoir et avec la Chambre d’agriculture, quatre outils de travail profond ont été testés en 2006.

“Je suis en non-labour et mon sol est compact. Avec quel outil vais-je restructurer mon sol ?”. C’est la question que se sont posée les agriculteurs du CETA de Vieux-Manoir l’an passé. Pour évaluer les outils de leurs exploitations, ils ont mis en place une démonstration sur une parcelle de limon profond, en non-labour depuis plus de six ans, une culture de lin étant prévue au printemps. Pour éviter d’intervenir dans un sol humide (lissage, travail insuffisant), les interventions ont été réalisées à l’automne, et non au printemps.Suite au passage des outils, nous avons effectué des observations sur le sol en novembre et en juin. Les mesures prévues par la suite sur le lin se sont avérées inutiles : malgré des différences de travail très marquées, la culture n’a rien extériorisé. Suite au mois de mars pluvieux, la chaleur du mois d’avril lui avait permis de pousser rapidement (trop !) dans un sol humide, très favorable à l’enracinement. Pour analyser et comparer le travail des outils, les observations réalisées à l’automne ont été suffisantes (voir tableau 1).

Un sol en bon état au départ

L’observation de la zone témoin permet d’évaluer l’état du sol sans les interventions de cette année. Globalement, le sol est en bon état, avec des transitions progressives entre les niveaux de densité du sol (zone verte puis bleu clair puis bleu foncé), ce qui explique en partie que l’on ait pas observé de différence sur le lin. Le sol est globalement massif (on ne distingue pas de motte), mais pas compact : on retrouve partout des trous visibles à l’œil nu et des racines. Par contre, les décompactages plus anciens sont très visibles (zones indiquées par les piquets jaunes) et ont perturbé l’ancien fond de labour, qui était plus compact mais non limitant pour les vers de terre ou l’enracinement. Comme le montre la photo, ces interventions à plus de 35 cm ont créé des zones de mélange entre l’ancien horizon labouré et la partie non labourée. Ce sont des zones de passage privilégiées pour l’eau et les racines. Les lames Agrisem ont réalisé le meilleur travail dans cette démonstration. La zone travaillée est très homogène et ne comporte pas de terre fine susceptible de se reprendre en masse pendant l’hiver. L’outil, en soulevant le sol, l’a fissuré, ce qui permet de garder une structure assez compacte tout en permettant aux racines d’explorer correctement le profil. Par contre, les lames horizontales et la pointe ont lissé le sol de façon assez importante. Ces lissages peuvent empêcher les racines de traverser, mais ne concernent heureusement qu’une faible proportion du sol.Le travail réalisé par le cultivateur lourd est lui aussi intéressant. Le nombre de dents (onze) permet de fragmenter une grande partie de l’horizon travaillé. La présence d’ailettes aurait pu permettre de travailler l’ensemble de l’horizon. Il a cependant fortement affiné le sol au passage de la dent. Entre les dents, le sol a été légèrement fissuré sauf quand il était plus compact au départ : entre deux dents une zone tassée et lissée n’a pas du tout été fragmentée. A noter aussi que les pointes ont légèrement lissé. Le travail est donc satisfaisant mais en conditions sèches, l’enracinement des cultures peut être perturbé par les changements brutaux de résistance du sol.Les observations réalisées sur l’outil à lame Michel sont mitigées. Elles indiquent que le profil est très hétérogène, avec des zones très fragmentées et d’autres indemnes. Il n’y a pas de lissage mais la profondeur d’intervention était insuffisante pour assurer une structure homogène sur plus de 10 cm de profondeur. On trouve de la terre fine au passage de la dent, mais ailleurs il reste encore des mottes de petites tailles dans la zone travaillée. C’est donc un outil qui nécessite une profondeur d’intervention plus importante. Il est aussi plus énergique que les lames Agrisem puisqu’il crée des petites mottes et de la terre fine dans la zone travaillée.L’ameublisseur a réalisé le moins bon travail de la démonstration. Le sol n’a été travaillé qu’au passage de la dent et comporte de la terre fine. Le reste du profil n’a pas été perturbé, et on retrouve sans transition le sol massif du témoin. Les ailettes n’ont laissé aucune trace dans le sol ! Elles n’ont pas permis de soulever le sol et n’ont eu aucun effet. L’outil a probablement travaillé trop à plat dans une zone plus humide, puisque plus en profondeur. Elles sont passées comme un couteau dans une motte de beurre. Ces observations montrent une fois de plus que le réglage est fondamental dans la réussite de l’intervention (voir encadré).

Quel outil pour mon exploitation ?

Pour essayer d’orienter vos choix nous avons retenu trois grands types d’interventions fréquentes en non-labour (voir tableau 2). Ce conseil n’est pas exhaustif et très général, chacun d’entre vous aura des exigences différentes sur ses terres et son exploitation. L’achat d’un outil est un investissement : testez-le sur votre exploitation et ne changez d’outil que si votre travail est limitant pour l’évolution de vos pratiques. A noter qu’un chisel peut faire un travail acceptable lorsque vous commencez à travailler en non-labour.


Mieux vaut prévenir que guérir !

De manière générale, les conditions d’intervention sont essentielles à la réussite du décompactage (voir article précédent). Le meilleur outil fera toujours un mauvais travail si le sol est très compacté et/ou trop sec ou trop humide. En revanche, si le moment de l’intervention est bien choisi et l’outil bien réglé, il sera toujours efficace ! Par ailleurs, préserver son sol permet d’éviter d’intervenir et améliore les conditions de travail. Pour cela, les solutions sont connues : éviter les interventions en conditions humides (récolte, labour, semis…), limiter la circulation dans la parcelle, concentrer les passages sur les trains de pulvérisateur, limiter le poids par essieu des engins, s’équiper de pneumatiques basse pression…


Remerciements : cette démonstration a été réalisée chez Sébastien Windsor à Vieux-Manoir. Les outils ont été mis à disposition par MM Windsor, Rasset, Martin, Legros et Delafontaine. Les profils culturaux ont été réalisés grâce à la mini-pelle de Jean-Marie Rasset. Les mesures de pénétromètre éléctronique ont été réalisées grâce à l’appui de M. Larcher pour le CETEAL.

Le pénétromètre électronique

Le pénétromètre est un outil de mesure de résistance du sol à la pénétration : une tige est enfoncée tous les 5 cm sur une ligne de 3 m. Il mesure et enregistre la résistance tous les centimètres, jusqu’à 50 cm de profondeur. La densité du sol est représentée par les couleurs qui vont du jaune (pas de résistance) au rouge (forte résistance). C’est un bon complément au profil cultural, mais il ne permet pas de détecter les lissages, et est très sensible à l’humidité du sol (plus le sol est sec plus il résiste à la pénétration).


Le cas des ailettes …

Des travaux de M. Roisin, du centre Wallon de Recherche Agronomique de Gembloux en Belgique, indiquent que les ailettes doivent être positionnées à quelques centimètres au dessus de la pointe, et avoir un angle d’attaque de 10 à 13° par rapport au plan horizontal. Cette configuration permet aux ailettes de travailler dans la zone soulevée par la pointe avec moins de risque de lissage. Un angle plus important risque de créer un profil très irrégulier en fond de travail, et conduit à un mélange plus important des différentes couches du sol.

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