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Dégâts de gibier dans l’Orne: un mécontentement qui s’exprime

La problématique est connue de nombreux agriculteurs ornais. Les dégâts de gibier se multiplient. Le massif forestier de Saint-Evroult est devenu un des points noirs du département. Ici, les cervidés en sont la cause. Afin de mobiliser les services de l'État, la FDSEA invite les exploitants à mettre le préfet en copie des déclarations de sinistres. Une lettre type est disponible.

« Face à la prolifération des grands gibiers, l’installation de clôtures est devenue le seul moyen de protéger les cultures », indiquent Jacques Perraut Sylvain Ghyselenb et Stéphane Lecaché. Même si ces travaux permettront à la Fédération des Chasseurs de limiter les indemnités, la facture reste à la charge des agriculteurs.  (DR)
« Face à la prolifération des grands gibiers, l’installation de clôtures est devenue le seul moyen de protéger les cultures », indiquent Jacques Perraut Sylvain Ghyselenb et Stéphane Lecaché. Même si ces travaux permettront à la Fédération des Chasseurs de limiter les indemnités, la facture reste à la charge des agriculteurs. (DR)
© VM

Autour du massif forestier de Saint-Evroult, les cervidés font partie du quotidien des exploitants. Installé au Sap-André, Sylvain Ghyselen les observe chaque soir. Une trentaine de cerfs et de biches passent dans les parcelles qui jouxtent ses bâtiments. Le grand gibier trouve aussi refuge sur les terres de Luc Besson. Cependant, le réalisateur interdit la chasse sur sa propriété. Au-delà de ce cas médiatique, la population de grand gibier semble en hausse constante. Sensibilisé à cette problématique, l’agriculteur est devenu vice-président de la commission dégâts de gibiers de la FDSEA 61. Pour l’heure, il ne peut que constater le préjudice subi par l’agriculture dans un contexte économique déjà tendu.


Un des points noirs du département
« Les animaux sauvages se sont développés ces dernières années. C’est devenu un des points noirs du département. Ces difficultés se concentrent autour du Sap-André, de Cisai-Saint-Aubin, de la Trinité-des-Laitiers et de Notre-Dame-du-Bois », constate Sylvain Ghyselen. Chaque année, les dégâts sur les cultures se chiffrent en milliers d’euros. Il y a deux ans, l’agriculteur a touché 15 000 €. Sur ses 150 hectares de cultures, 10 % sont régulièrement concernés. Au début du printemps, une de ses parcelles de blé a été saccagée. « J’ai fait venir l’expert qui a reconnu que le blé a été brouté à 100 % (5,34 ha) ». Les dégâts seront définitivement évalués à la moisson. Mais, Sylvain Gyselen anticipe malgré tout une perte économique. « Nous sommes indemnisés selon un barème national qui ne tient pas compte des contrats déjà signés ». L’exploitation est également amputée de plusieurs mois de trésorerie. Sa dernière indemnisation a été versée en décembre.
Ce cas n’est pas isolé. Avec son activité d’entrepreneur agricole, Sylvain s’avère bien placé pour constater les dégâts.

Le grillage une solution efficace mais une facture à 8 000 €
A quelques kilomètres, Jacques Perraux a pris, par exemple, une décision radicale. L’agriculteur a décidé de clore une parcelle de 20 hectares. Total de la facture : 8 000 € (3 500 € pour les piquets, 3 500 € pour le grillage et 1 000 € pour la pelleteuse). Selon l’exploitant, ses soucis empirent avec le temps. « Le soir, je croise des cerfs et des biches par dizaine. Sur 18 hectares d’herbe, j’ai récolté 80 balles d’enrubannage. J’aurais dû en sortir près de 300. Sur l’herbe, les dégâts sont difficilement chiffrables. Cette année, j’y implante des cultures. Je n’avais donc pas d’autres choix que de clore. Lors de la dernière récolte de maïs, j’ai eu 10 ha sur 40 sinistrés à 100 %. J’ai pu en racheter à 25 km. Cet aléa représente un surcoût. 11 bennes, au lieu de 4, ont été nécessaires au transport ».  
Stéphane Lecaché, agriculteur et maire de la Trinité-des-Laitiers, dresse un bilan similaire. En tant qu’élu, il observe une hausse des collisions entre les animaux sauvages et les véhicules sur sa commune. « On a eu 6 accidents liés au gibier en 2016 ».

Quantifier la problématique pour être écouté
Face à la prolifération des grands cervidés, les agriculteurs se sentent impuissants. Des battues administratives ont bien été décrétées par la préfecture... Cependant, leur efficacité laisse les exploitants dubitatifs. « Elles ont été organisées une dizaine de fois. Il s’agit juste d’effarouchement, car le tir est interdit. On s’aperçoit que  les animaux reviennent toujours là où ils sont nés », indique Sylvain Ghyselen. Les cervidés sont soumis au plan de chasse. Ces derniers ont tous été réalisés par les sociétés de chasse. Les bracelets sont attribués par le préfet. « La hausse des prélèvements d’animaux semble la seule solution ». La FDSEA de l’Orne tente donc de sensibiliser le représentant de l’État. La mobilisation doit être chiffrée. Quand ils déclarent leurs dégâts à la Fédération des Chasseurs, les agriculteurs sont donc invités à mettre le préfet et la FDSEA en copie. « L’idée est recenser les plaintes afin de quantifier le problème ». Une lettre type est disponible auprès de la FDSEA 61, elle est également téléchargeable sur internet. Si cette enquête peut être perçue comme une contrainte, elle permet aux responsables professionnels chargés du dossier d’avoir des arguments convaincants. Ils peuvent ainsi proposer des classements de certains animaux nuisibles ou une ouverture anticipée.

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