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Etude
Délocalisation : les filières animales plus exposées que les végétales

La pérennité des filières animales bas-normandes paraît plus fragile que celle des filières végétales. C'est une des conclusions de l'étude menée par la Chambre Régionale d'Agriculture de Normandie, en 2006, avec le soutien de la Région Basse-Normandie .

La transformation : point fort des filières bas-normandes
L'approvisionnement logistique, l'organisation des filières, la compétitivité des exploitations agricoles et le commerce extérieur sont des facteurs de pérennité plus favorables aux filières végétales qu'aux filières animales en Basse-Normandie (lait exclu).
La transformation : point fort des filières bas-normandes
L'approvisionnement logistique, l'organisation des filières, la compétitivité des exploitations agricoles et le commerce extérieur sont des facteurs de pérennité plus favorables aux filières végétales qu'aux filières animales en Basse-Normandie (lait exclu).
© DR
L'étude passe en revue 7 filières agricoles bas-normandes, à l'exception du lait, considéré comme suffisamment solide dans la région pour concentrer l'analyse sur d'autres secteurs : viande bovine, porc, volailles en production animale (couleur orangée sur le graphique), légumes, betterave, lin, céréales et pommes à cidre en production végétale (couleur verte sur le graphique).

La compétitivité des exploitations agricoles à améliorer
Les coûts de production élevés, caractéristiques des filières animales françaises, pèsent sur la moyenne. Dans les filières végétales, le problème des coûts de production se pose pour les carottes (paillage) et pour le blé : le prix élevé du foncier et l'utilisation importante d'intrants sont toutefois compensés par de bons rendements.

La transformation agroalimentaire, une force pour l'avenir des filières bas-normandes.
L'importance du tissu industriel agroalimentaire, la diversité des entreprises, leur capacité à innover, leur taille (grande, petite, diversifiée) et leur complémentarité sont des facteurs de pérennité forts pour la Basse-Normandie. La filière betterave à sucre est plus fragile de ce point de vue, avec la présence d'une seule usine, dont le maintien en Basse-Normandie dépend de décisions prises au siège à Paris ou en Allemagne.

Des perspectives de marché moins bonnes en productions animales.
La moyenne plus faible des filières animales est due à une consommation en stagnation voire en régression (volaille label) de viande. Toutes les filières subissent des fluctuations de cours. L'absence de diversité de débouchés pour la filière lin, le manque d'élaboration pour la filière bovine ou encore la diminution de la consommation des produits à l'état "brut" (légumes automne hiver) ou de première transformation (volaille entière label) caractérisent les difficultés du marché.

Commerce extérieur : faibles performances à l'export et forte concurrence à venir.
La situation la plus critique se retrouve pour la filière viande bovine qui risque de voir augmenter ses importations de manière importante. Cependant, ce risque est valable pour l'Europe entière. La Basse-Normandie n'a pas de facteurs spécifiques qui pourraient diminuer ou augmenter ce risque, à moins de jouer sur la qualité de la viande (alimentation à l'herbe) et sur l'image de la région. Idem pour les filières volailles et le porc pour lesquelles il n'existe pas de spécificités bas-normandes.
Parmi les productions végétales, seule la filière légumes est exposée au risque de concurrence à l'importation.

Approvisionnement : les animaux vivants voyagent beaucoup !
Les industries agroalimentaires des filières végétales s'approvisionnent en grande partie dans la région. La production de volailles n'est pas suffisante pour combler l'ensemble des besoins de la transformation. Les bovins et les porcs circulent beaucoup entre les régions (animaux élevés, abattus, transformés dans les régions différentes). Ces constats trouvent leur explication dans une offre animale très atomisée (bovins) et disparate, nécessitant une opération de tri coûteuse, à laquelle s'ajoutent des stratégies commerciales et des organisations industrielles qui pèsent sur la compétitivité globale de la filière.

Emploi : peut mieux faire pour la pérennité des filières.
Caractérisé par une moyenne faible, cet indicateur illustre la pénibilité du travail dans les usines de première transformation et dans le maraîchage. De plus, les carences de l'enseignement agricole régional dans certaines filières (porc, volailles, maraichage et arboriculture) accroissent les difficultés d'installation de jeunes agriculteurs dans ces productions, ce qui pourrait rendre plus fragile les entreprises d'aval.

Démarches qualité/territoire.
Le poids des démarches qualité liées au territoire (AOC, IGP, marques collectives) de la plupart des filières étudiées n'est pas suffisant voire inexistant pour constituer un facteur de pérennité de la filière régionale en tant que tel. Seule la filière cidre se démarque fortement (pour rappel : la filière lait n'est pas prise en compte dans cette étude).

Organisation des filières, sans doute plus facile dans le végétal.
L'organisation des filières agricoles apparaît plus fragile dans les filières animales (surtout en volailles où certains éleveurs se sentent "abandonnés"). Pour les filières végétales, on constate un certain dynamisme, par exemple de la part des associations de producteurs pour le cidre, des centres de recherches pour les légumes, des coopératives de céréales qui tentent d'innover et de diversifier leurs débouchés. Les différences d'organisation entre les filières animales et végétales trouvent leur explication dans la nature même du produit, le niveau de complexité, le nombre d'intervenants et les modes de mise en marché.

Compétitivité et différenciation sont les principales clés de la pérennité.
L'étude de trois exemples (volailles export en Bretagne, porc haut-normand, tomate pour l'industrie dans le Vaucluse) montrent que la concurrence est au cœur de toute la problématique de la pérennité.
Trois facteurs importants concourent à s'en prémunire :
• La compétitivité : recherche permanente d'amélioration dans les processus de production, afin de conserver toujours un avantage comparatif, qui ne sera pas toujours le coût de production, mais assurera la poursuite de la relation commerciale.
• La politique douanière : certains secteurs peuvent être en partie ou totalement dépendants de la politique douanière. La diversification (des débouchés, des productions…) est sans doute une manière d'anticiper les effets d'une modification de politique douanière.
• Solidité / proximité géographique de l'aval : le positionnement, la stratégie, le mode de gouvernance des structures situées à l'aval de la production sont autant d'éléments qui participent à la pérennité de la filière.

Les conditions de la production française et européenne ne permettent pas une compétitivité par les prix dans toutes les filières, et ce d'autant que la libéralisation du commerce mondial s'intensifiera et que les soutiens financiers à l'agriculture diminueront.
Les productions devront donc se différencier sur d'autres critères : segmentation de l'offre en qualité et origine, en type de produits proposés (développement des gammes de produits élaborés par exemple).
Michel LAFONT
Chambre Régionale d'Agriculture de Normandie
Etude des facteurs de pérennité des filières agricoles bas-normandes
 •Cet ouvrage dresse un panorama de l'agriculture et de l'agroalimentaire bas-normand (160 pages – dont 80 pages d'annexes).
• L'analyse de 7 filières selon la même trame (30 critères regroupés en 8 indicateurs) met en lumière les principaux enjeux de chaque secteur.
• Cette étude alimente la réflexion sur ce qu'il conviendrait de mettre en œuvre pour renforcer la pérennité des filières bas-normandes dans un monde qui bouge de plus en plus vite.
Une production de la Chambre Régionale d'Agriculture de Normandie – juillet 2007
Contact – Aurélie Capelle : 02 31 47 22 36.
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