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Fourrages
Des adaptations nécessaires pour les producteurs de viande bovine

La pénurie de fourrage, la qualité moyenne des foins, l'envolée des prix des concentrés et de la paille augmenteront les coûts de production.

Des foins de qualité moyenne qui obligent à augmenter la complémentation.
Des foins de qualité moyenne qui obligent à augmenter la complémentation.
© DR
La qualité médiocre des foins ainsi que l'augmentation des coûts des fourrages et des concentrés inquiètent à la fois les éleveurs de vaches allaitantes et les engraisseurs de taurillons. Dans ce contexte, il est nécessaire de rappeler les points suivants.

Prolonger la pâture des bovins allaitants
Si les stocks de foin s'annon-cent insuffisants en quantité et en qualité, la première réaction est de prolonger au maximum le pâturage. Les conditions météo de l'automne seront bien sûr déterminantes mais un épandage de 40 unités d'azote sur les parcelles les plus portantes peut permettre une pousse d'herbe de qualité, moins coûteuse que des fourrages achetés. Dans ce cas, une distribution de foin à la pâture limite les risques dus à la teneur élevée de cette herbe en azote fermentescible. La prolongation de la pâture est d'autant plus intéressante que les besoins des vaches sont limités (vache vêlant fin d'hiver). Accessoirement, cette stratégie limite aussi les achats de paille, très chère cette année. Enfin, si l'herbe est de qualité et que les conditions de pâture sont favorables, la complémentation des broutards n'est pas nécessaire.

Augmenter la complémentation des allaitantes pour compenser la qualité des foins mal récoltés
Pour les vaches allaitantes, le foin est la base de l'alimentation hivernale. Lorsque les conditions de récolte des foins sont mauvaises, la baisse de la valeur énergétique peut atteindre 0,2 UFL par kg de matière sèche et la valeur d'encombrement est plus élevée. Pour maintenir un niveau de performance acceptable et en comparaison d'un foin correct, les mauvais foins nécessitent une complémentation supplémentaire de 1 à 2 kg de concentré par jour pour une vache gestante et 2 à 3 kg pour une allaitante en début de lactation.
Le prix très élevé des concentrés conduit les éleveurs à
exploiter au mieux toutes les possibilités de réduction de complémentation. Pour les vaches rentrées en bon état corporel et qui vêleront en fin d'hiver, il est possible d'accepter un amaigrissement. Par ailleurs, à compter du 3e ou 4e mois de lactation, lorsque les vaches sont assurées pleines, une réduction des apports est acceptée.
Pour optimiser la distribution des fourrages disponibles et des concentrés, il est recommandé d'alloter les vaches en fonction de leurs besoins.
- Les vaches à faibles besoins : apporter entre 7 et 8 UFL, pour les vaches gestantes rentrées en bon état, vaches en milieu de lactation, vaches vêlant en fin d'hiver.
- Les vaches à besoins élevés : viser plutôt 8 à 11 UFL pour les vaches gestantes maigres à la rentrée à l'étable, primipares en fin de gestation et en lactation, vaches en début de lactation et en période de reproduction. Les génisses de renouvellement sont considérées comme des animaux à besoins élevés.
Attention à ne pas rechercher à tout prix la réduction des apports alimentaires quand les besoins sont importants. Elle se traduirait par des difficultés de reproduction qui sont économiquement très coûteuses.

Une augmentation des coûts de production des taurillons jusqu'à 0,60 à 1 € par kg de carcasse.
Les taurillons consomment exclusivement du maïs fourrage, des céréales et des concentrés. L'augmentation du prix des aliments et de la paille a donc de très fortes conséquences sur leur coût de production.
Compte tenu des prix des maïs sur pied, des céréales, des complémentaires azotés et de la paille, les coûts de production à prix constant du maigre pourraient augmenter jusqu'à 250 € par taurillon de 420 kg de carcasse produit à partir d'un broutard, et jusqu'à 350 € pour un taurillon Holstein. C'est un surcoût de l'ordre de 0,60 € à 1 € par kg de carcasse selon le type de taurillon produit.
L'envolée du prix des matières premières fragilise la production de viande bovine. Elle aura des répercussions importantes sur les prix de la viande et du maigre. Il est difficile aujourd'hui d'en mesurer l'ampleur. Les engraisseurs doivent cependant évaluer au cas par cas l'augmentation de leur coût de production. Ensuite, en fonction du prix du maigre du moment et d'une hypothèse de prix de vente des taurillons, ils peuvent décider de mettre en place ou non des veaux ou des broutards.
Cependant, pour les éleveurs qui décideront de rentrer des broutards ou d'élever les veaux mâles, il est nécessaire de “serrer les boulons” pour maîtriser au mieux les charges.

Limiter le poids de carcasse
Les indices de consommation sont d'autant plus élevés que les taurillons sont lourds.
Cette dégradation de l'indice de consommation en fin d'en-graissement génère une augmentation du coût alimentaire de l'ordre de 15 %. C'est pourquoi, compte tenu du contexte de prix actuel des fourrages, des concentrés et de la viande, il est préférable de revenir à un poids de carcasse raisonnable : 340-350 kg en Holstein, 360-370 kg en Normand, 380 à 400 kg en race à viande à petit format et 400-440 kg en grand format.

Respecter les recommandations
En taurillon, bien que les complémentaires énergétiques soient chers, les possibilités d'économie sont limitées et cela d'autant plus que le maïs est de qualité moyenne. Baisser la complémentation énergétique, c'est favoriser le développement squelettique, augmenter fortement le temps de présence et parfois le poids de carcasse pour produire des taurillons correctement finis. Cela ne va pas dans le sens de l'économie de fourrage et de la baisse du coût alimentaire.
Au niveau des complémentaires azotés, l'augmentation du prix des aliments azotés est la bonne occasion de se rappeler que, au-delà de 90 à 100 g de PDI/UF, la sur complémentation azotée n'améliore pas les performances.
Pour une bonne valorisation de la ration de base, il est important d'assurer une distribution régulière de paille ou de foin grossier mais appétent.
Pour certaines rations pauvres en azote fermentescible, l'apport d'urée est une solution techniquement efficace et peu onéreuse.

Jean-Claude Dorenlor
Chambre d’agriculture de la Manche
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