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Des cendres naquit la cuvée du Pays de mes Ancêtres
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“Cuvée Fabienne Thibeault”. Un cidre demi-sec du “Pays de mes Ancêtres” ou l’histoire d’une rencontre entre la célèbre chanteuse québécoise et une famille d’agriculteurs d’Irai dans l’Orne.

Bénédicte, Raymond et Jérôme Joui entourant Jean-Pierre Debarbat et Fabienne Thibeault réunis autour d’un verre de cidre. "Le cidre du Pays de mes Ancêtres" qui sera présent sur le stand du Conseil général de l’Orne dans le cadre du SIA (Salon International de l’Agriculture).
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TG

L’outil cidricole de transformation et de commercialisation du Gaec du Champ-Hubert n’est plus qu’un tas de ruines mais de la rencontre entre une famille d’agriculteurs et un couple d’artistes naîtra l’envie de rebondir.

Fabienne Thibeault
L’histoire démarre dans la nuit du 15 au 16 août 2006. Un terrible incendie, alimenté par l’équivalent de 12 000 litres d’alcool pur, ravage les installations du Gaec Champ-Hubert(1) à Irai (61). Les stocks de cidre, calvados, pommeau, poiré (...), la salle de dégustation, la cuverie, l’alambic (...) ne sont bientôt plus qu’un immense tas de cendres fumantes. Pour Raymond et Bénédicte Joui et leur fils, Jérôme, ce sont vingt ans de labeur qui partent en fumée. Comment trouver la force de rebondir ? Pouvoir rebondir Dans le carnet d’adresses de Raymond et Bénédicte figure la célèbre chanteuse Québécoise Fabienne Thibeault. On lui doit notamment “Le Monde est stone” et “Les uns contre les autres” de Starmania. Il se sont rencontrés pour la première fois il y a quelques années à la FIC (Foire Internationale de Caen), déjà autour d’un verre de cidre. La Nouvelle-France en était l’invitée d’honneur. Plus dernièrement en juin 2006, alors que Fabienne Thibeault est en étape de préparation dans l’Orne, elle délaisse l’hôtel pour séjourner au gîte rural de la famille Joui. Elle y découvre les attraits de la région, de la vie “à hauteur de pommiers”et la qualité de la production du Gaec Champ-Hubert. Des liens d’amitié se tissent aussi, peut-être même se retissent-ils ? Fabienne Thibeault a des origines percheronnes. De son côté maternel (famille Tremblay) l’ancêtre Pierre a quitté le Perche/Pays d’Ouche (Randonnai/Irai) dans les années 1640 pour s’installer à Charlevoix sur les bords du St-Laurent. Avant son départ, peut-être côtoyait-il sur les bords de l’Avre les aïeux de Raymond et Bénédicte ? Toujours est-il qu’informée de l’incendie, Fabienne Thibeault décide de se battre aux côtés des Joui.Au charbon “Il fallait faire quelque chose de fort. Oui c’est arrivé mais on continue, lâche la chanteuse. Beaucoup de peoples acceptent de mettre leur image au service d’une cause mais souvent sans lien, sans travail en commun. J’ai donc décidé de me mettre au charbon. Mon problème : comment être utile à un produit en restant fidèle à moi-même tout en le colorant à mon image ?”. En cultivant l’authentique se plaît-elle à rappeler en allusion au film “Manon des sources”. C’est ainsi que les pommes du verger de 30 ha de Champ-Hubert, transformées par l’outil de Jean-Pierre et Fernand Fournier (les cidres de la Pommeraie à La Lacelle-61), sont devenues “Cuvée Fabienne Thibeault - le Cidre du Pays de mes Ancêtres”. Gérard Burel, président du Conseil général de l’Orne, en est d’ailleurs le parrain. Un cidre qui figurera en bonne place à l’occasion du Salon International de l’Agriculture (espace Orne, hall 7.2, carré Normandie). Bien sûr, il n’a plus le droit à l’appellation “Fermier” et ne concourra pas au CGA (Concours Général Agricole). Bien sûr, quelques esprits chagrins n’y verront là qu’une opération marketing teintée de “charité business”. Mais la démarche est sincère. “On demande beaucoup aux paysans pour faire davantage plaisir aux citoyens, analyse Fabienne Thibeault. Je crois pour ma part qu’il faut d’abord écouter les agriculteurs dans ce qu’ils ont à dire”. Et elle les écoute depuis 1996. Avec Jean-Pierre Debarbat (saxophoniste-compositeur), elle a fondé l’association “Les 6 Rivières”. Une démarche de création et de réalisation d’événements de communication au service des produits et traditions de terroirs. C’est ainsi que “Les agriculturelles”(2) se sont penchées sur le berceau de la vache Vosgienne, du cochon Gascon ou plus près de nous du Cheval Percheron. “Mon grand-père au Québec a élevé une famille de 10 enfants sur une terre de roches. Un pays somptueux mais peu fertile sous un climat rigoureux. Je veux lui donner la fertilité qu’il n’a pas eue et établir parallèlement une passerelle entre les urbains et les ruraux”, conclut Fabienne Thibeault, un verre de cidre à la main. Th. Guillemot (1) Gaec Champ-Hubert 61190 Irai. Tél 02 33 34 21 58. Fax. 02 33 34 26 65. contact@champ-hubert.com (2) http://lesagriculturelles.free.frContre-étiquette “C’est au cours du 17e siècle que mes ancêtres quittent la Normandie pour la Nouvelle-France, le Québec actuel. A bord de leurs bateaux, quelques tonneaux de bon cidre du Pays, le cidre de ce temps là. De retour aux confins du Perche et du Pays d’Ouche, au cœur des vergers de Champ-Hubert, près de 400 ans plus tard, je retrouve le savoir-faire et la convivialité de mes cousins normands. Déguster le "Cidre du Pays de mes Ancêtres" avec modération, c’est célébrer l’amitié et le sens de la famille, d’hier et d’aujourd’hui”. Fabienne Thibeault