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Des économies d’azote minéral sont possibles…

Valorisation des engrais de ferme dans les réseaux d’élevage.

Les fermes normandes soumises aux aléas de la conjoncture (prix volatils des fertilisants, aliments, productions, etc…), doivent maîtriser les charges variables pour y faire face. Une étude réalisée sur l’usage des intrants destinés aux productions fourragères et aux cultures de 44 fermes allaitantes conventionnelles des réseaux d’élevage Inosys de Normandie et Nord Picardie, présentes de 2007 à 2012, montre que des économies d’intrants sont réalisables sur les productions végétales. Dans certaines fermes les économies potentielles d’azote peuvent s’y estimer à plus de 50 kg N/ha. Partant du constat que l’atelier allaitant était optimisé avec une hausse régulière, tous systèmes d’élevage confondus, de la production brute de viande vive par UGB, de + 11 % entre 2007 (349 kgvv) et 2012 (386 kgvv), il s’agissait d’identifier d’autres pistes d’économies de charges sur les productions fourragères et les cultures. Le principe a été de partir d’un poste coûteux : la fertilisation azotée et de vérifier si les engrais de ferme pouvaient être  une source d’économies. Parmi les fermes étudiées, 32 % sont de type herbager et 68 % de type polyculture-élevage. Il y a 43 % de systèmes naisseurs (N) et 45 % de naisseurs engraisseurs (NE) et 12 % sont des polyculteurs avec un atelier d’engraissement. Elles ont été séparées en 2 groupes, en se basant sur la médiane du bilan d’azote de la ferme, soit plus ou moins de 50 kg N/ha. Le bilan N est la différence entre les entrées d’azote (engrais, fourrages et concentrés achetés) et les sorties (productions animales et végétales). Ainsi, la moitié des fermes a un bilan N moyen de + 93 kg N/ha et l’autre moitié, + 24 kg N/ha, soit un écart de + 69 kg N/ha (tableau 1).

 

Les fermes herbagères valorisent mieux l’azote que les polyculteurs, les systèmes naisseurs sont les plus économes

Les excédents d’azote sont plus légèrement plus faibles chez les herbagers que chez les polyculteurs : respectivement + 50 et + 59 kg N/ha (hors polyculteurs engraisseurs dont le bilan est de + 151 kg N/ha). En système herbager, les effluents sont surtout apportés sur le maïs ensilage (65 kg N/ha) et l’herbe (23 kg N/ha). Les polyculteurs privilégient les apports de fumiers plutôt sur le maïs ensilage en quantité importante (108 kg N/ha) et sur les cultures (26 kg N/ha). L’azote total apporté en cultures des systèmes herbagers est très inférieur aux polyculteurs (- 46 kg N/ha), en lien avec un rendement plus faible (ex. : - 13 qx/ha en céréales d’automne).Les systèmes naisseurs ont des excédents plus faibles (+ 46 kg N/ha) que les naisseurs engraisseurs (+ 66 kg N/ha). Si sur les cultures les systèmes naisseurs-engraisseurs (herbagers et polyculteurs) utilisent autant d’azote organique que les systèmes naisseurs (respectivement 23 et 17 kg N), il y a davantage d’azote minéral utilisé (155 et 140 kg N/ha) à rendement similaire (ex. : + 1q/ha en céréales chez les naisseurs engraisseurs). La valorisation de l’engrais n’y est donc pas optimale (tableau 2).D’autres sources d’azote existent : les aliments achetés. Hors engraisseurs spécialisés, les polyculteurs achètent plus de fourrages (106 €/UGB) que les herbagers (76 €/UGB) et consomment plus de concentrés et coproduits (737 contre 512 kg/UGB), achetés à 82 %. Le même différentiel existe entre naisseurs-engraisseurs (109 €/UGB de fourrages) et les naisseurs (82 €/UGB) et une consommation respective de concentrés de 708 et 608 kg/UGB. En résumé, plus un système engraisse et a de cultures, plus il apporte de concentré et de fourrage achetés, sources d’azote extérieur, pas toujours bien valorisés sous forme d’effluents puisque les naisseurs engraisseurs apportent à rendement égal, + 15 kg N/ha sur les cultures. En cultures, la fertilisation s’accroît très légèrement depuis 2007, alors que les rendements stagnent ou baissent un peu. En moyenne sur 6 ans, les fermes au bilan N > 50 apportent + 39 kg N/ha sur les surfaces non fourragères, pour des rendements équivalents sur les différentes cultures : la valeur fertilisante des effluents pourrait donc être mieux prise en compte (figure 1).Le constat est le même en maïs ensilage : les fermes qui ont un  bilan N < 50 ont un rendement de 13.5 T ms/ha avec 145 kg N/ha, tandis que celles qui ont un  bilan N > 50 ont un rendement de 14 Tms/ha pour 195 kg N/ha. La quantité d’azote total en plus n’apporte pas non plus de gain de production.

La bonne surprise : un usage modéré du phosphore et de la potasse

Les apports d’engrais de fond sont maîtrisés et les entrées sont équivalentes aux sorties. Pour le phosphore, le bilan est équilibré : - 5 kg P/ha. Pour la potasse, le léger excédent de + 20 kgK/ha s’explique par le bilan plus élevé des polyculteurs engraisseurs (+ 47 kg K/ha), qui pourraient se passer des apports minéraux pour équilibrer leur bilan.

Une marge brute végétale qui pourrait être améliorée grâce aux économies sur les charges opérationnelles des exploitations étudiées

Cet usage plus important des fertilisants minéraux dans les fermes dont le bilan N est le plus excédentaire, signifie qu’à rendement équivalent ces charges en azote pénalisent la marge brute végétale. Rien que sur l’azote, un calcul théorique, basé sur une perte d’azote du bilan N de + 69 kgN/ha à 0.8 €/kg N signifie 55 €/ha mal valorisés... Ramenés à la surface moyenne des fermes, 120 ha, cela équivaudrait à plus de 6 000 €…Cette tendance est visible sur les autres intrants apportés sur les végétaux et fera l’objet d’un prochain article sur ces pistes d’économies supplémentaires.

Les solutions pour s’améliorer existent déjà dans certaines fermes

Certaines fermes étudiées sont à la fois économes en intrants et productives. Citons le cas d’une ferme Normande en polyculture, spécialisée en engraissement : son bilan N sur 6 ans est de + 4 kg N/ha, contre 151 kg N/ha pour les autres fermes de même type. La fertilisation azotée y est plus faible d’environ 45 kg N/ha pour un rendement en cultures supérieur. Elle a aussi une diversité de cultures plus importante, dont les besoins complémentaires en éléments minéraux contribuent à ce bilan équilibré. L’azote organique bien valorisé, 10 % de la SAU en protéagineux (contre 2.1 % en moyenne) et 14 % de cultures intra-consommées (contre 3 % en moyenne) permettent de limiter l’utilisation de l’azote minéral. Pour les fermes étudiées, des pistes d’améliorations existent donc. En conclusion, une bonne performance sur l’atelier bovin ne doit pas faire oublier que des économies sont aussi possibles du côté des fourrages et des cultures en valorisant l’autonomie alimentaire des animaux… et en intrants des végétaux.

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